« En mode partisan » et atlantiste
Raphaël Glucksmann, dont les activités sont très diversifiées, fait figure d’inclassable : révolutionnaire professionnel, documentariste engagé, consultant pour le compte des gouvernements géorgiens et ukrainiens, membre des différents cercles néo-conservateurs français (Cercle de l’Oratoire, revue Le Meilleur des Mondes) qui soutiennent la politique belliciste des États-Unis dans le monde (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Géorgie, Ukraine, etc…), il occupe depuis plusieurs années les médias pour parler de ses actions et de ses projets. Son fil conducteur dans ses multiples tâches est de toujours œuvrer pour imposer sa vision de la « société ouverte » mondiale (métissée, cosmopolite et universelle), et combat donc, pêle-mêle, la Russie, Vladimir Poutine, le Front National, Éric Zemmour, la culture terroir ou les réactions identitaires secouant les peuples européens. En 2018, il se fait débarquer avec perte et fracas du Nouveau Magazine littéraire, après une divergence de fond avec son actionnaire Claude Perdriel et un remarquable échec commercial, imputé à son intolérance.
Député européen depuis 2019, il part en croisade contre le pouvoir chinois, son nouvel épouvantail. On ne rigole pas avec les droits de l’homme… de loin. Proche du pouvoir ukrainien et des positions néo-conservatrices américaines, il réclame des sanctions les plus dures pour la Russie et l’adhésion de l’Ukraine à l’UE lors du conflit russo ukrainien de février 2022, jetant de l’huile sur le feu. En novembre 2022 il demande que l’opérateur de satellites Eutelsat suspende la diffusion de la chaîne russe en français RT, très écoutée en Afrique francophone.
« À 34 ans, Raphaël Glucksmann, le fils d’André, a fait des soulèvements nationaux son fonds de commerce. Après la Géorgie, c’est en Ukraine qu’il conseille les leaders pro-Europe », « La révolution, c’est son rayon », Le Monde, 21/03/2014.
« S’il devait définir sa fonction aujourd’hui, il dirait “consultant en révolution”. “Mais ça n’existe pas” », Ibid.
« Se mobiliser pour une cause française, ce serait déchoir ? “Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites”, répond-il », Ibid.
Origines
Raphaël Glucksmann est né en octobre 1979 à Boulogne-Billancourt. Il est le fils du philosophe, ancien maoïste et néo-conservateur pro-américain, André Glucksmann (voir § Sa nébuleuse). Pour son père, « on sent une affection, voire une admiration pudique chez l’héritier, qui avoue n’avoir “jamais vécu son statut de “fils de” comme un fardeau” ». (« Raphaël Glucksmann. Une rage d’enfant », Libération, 21/04/2015). Durant son enfance, la famille habitait à Paris dans le 10e arrondissement et Raphaël assure avoir passé toute sa scolarité dans les différents établissements publics de l’arrondissement. L’appartement de ses parents servait par ailleurs de lieu de rencontre (hébergement, dîner, etc…) aux dissidents de gauche de tous les pays : « J’avais le monde à ma table », résume Raphaël Glucksmann. (« Le conseiller français du Prince géorgien. Raphaël Glucksmann », La Croix, 18/09/2012). Concernant sa religion, Raphaël a, dans plusieurs entretiens, exprimé des options religieuses différentes. En 2012, il indiquait au journal La Croix une orientation chrétienne : « Quant à son héritage juif familial, il est seulement “culturel” car c’est dans “la dimension humaine du christianisme” qu’il dit se reconnaître le mieux. » (ibid.). Dans le portrait dressé par le quotidien Libération en avril 2015, c’est du côté des racines juives de sa famille qu’il se reconnaissait avec « une culture de diaspora plutôt qu’une foi. » (« Raphaël Glucksmann. Une rage d’enfant », Libération, 21/04/2015).
Qd on vote une loi, tjrs penser à la manière dont des esprits tordus pourraient en abuser. Imaginez Ménard avec les outils #PJLRenseignement
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) May 5, 2015
En 2009, Raphaël Glucksmann rencontre sa future épouse, Eka Zguladze (voir § Sa nébuleuse). Vice-ministre de l’Intérieur puis ministre de l’Intérieur en Géorgie sous la présidence de Mikheil Saakachvili, elle a obtenu la nationalité ukrainienne en décembre 2014, avant d’être nommée quelques jours plus tard vice-ministre de l’Intérieur de l’Ukraine dans le second gouvernement Iatsenouk. Le couple est parent depuis trois ans d’Alexandre, de nationalité franco-géorgienne (La Croix, 18/09/2012).
Selon les révélations et les photos du magazine Voici du 16 janvier 2016, Raphaël Glucksmann serait en couple avec la journaliste Léa Salamé (voir portrait). Selon l’hebdomadaire, « les deux trentenaires ont flashé en direct l’un sur l’autre, le 14 novembre dernier, lors de l’émission spéciale On n’est pas couché, spécial attentats. »
Formation
Khâgne au lycée Henri-IV, « nid des élites parisiennes, le jeune homme ne sait que faire de sa vie. Direction Sciences Po. (…) il refuse de rejoindre l’université Columbia pour un semestre. Trop convenu. Il traverse la Méditerranée pour un séjour de sept mois, comme journaliste, au Soir d’Algérie : “Alger, c’était un coup de foudre absolu. Je pouvais faire ce que je voulais, par exemple, des enquêtes sur la mafia des strings, aux mains des islamistes. Je voulais rester !” » (« Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller de président », Le Monde, 05/10/2011).
MLP multiplie les attaques contre les principes rép comme le dt du sol et les médias ne citent que la bisbille avec son père. #Storytelling
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) May 3, 2015
Parcours professionnel
Dans son aide à la Tchétchénie, ou dans son travail en tant que conseiller du président géorgien ou ukrainien, Raphaël Glucksmann a une unique constante, celle de s’opposer au président russe, Vladimir Poutine, et à la Russie en général. Il y a derrière tout cela des desseins géopolitiques évidents (créer des marches pro-américaines aux frontières de la Russie) mais aussi une posture philosophique voire quasiment religieuse. La Russie poutinienne représente pour tous les partisans de la « société ouverte » un ennemi mortel : « les adversaires de la société ouverte ne se ressemblent pas et bien souvent se haïssent. Rien de commun, apparemment, entre le prêcheur salafiste qui arme idéologiquement les terroristes de Vincennes ou Toulouse et Marine Le Pen (…) entre Vladimir Poutine (…) et Al-Bagdadi. Tout les oppose. Tout, sauf une aversion partagée pour le monde qui nous a vus naître et que nous pensions universel. Tout, sauf le rejet de nos principes cosmopolites et démocratiques, de nos modes de vie, de nos errances et de nos licences. Tout, sauf ce qui constitue à nos yeux l’essentiel. » (« Nous étions la génération vernie, par Raphaël Glucksmann », Les invités de Mediapart, 24/02/2015).
Géorgie (2008 – 2013)
La relation s’est nouée entre Raphaël Glucksmann et le président géorgien de l’époque, Mikheïl Saakachvili, au moment de la rédaction d’un livre d’entretien Je vous parle de liberté (Hachette, 2008), après la guerre éclair avec la Russie d’août 2008. Cet affrontement a joué comme un rôle de détonateur pour Raphaël Glucksmann, il est alors passé, selon son expression « en mode partisan » (Le Monde, 05/10/2011).
En août 2008, à un barrage militaire russe au sud de la ville de Gori, il a eu « la “chance” de croiser le général Borisov, chef des troupes d’invasion. Au milieu de mercenaires pillant les maisons des alentours, il éructa à l’endroit des quelques reporters présents : “Tas de pédés ! Rentrez chez vous baiser vos nègres. Ici, ce n’est pas l’Europe, c’est la Russie!” Un déclic se produisit : je décidai de poser ma caméra, d’agir au lieu de témoigner. À 3 heures du matin, j’entrai dans le bureau du président géorgien Mikheil Saakachvili : “Je reste tant que ces maniaques sont là et je veux aider. Quitte à nettoyer les chiottes s’il le faut”. » (Les invités de Mediapart, 24/02/2015).
En septembre, Raphaël Glucksmann voit le président géorgien la nuit : « Micha a toujours eu un côté charmant, superdynamique. Je voulais savoir ce qu’il y avait derrière. Or c’était encore plus articulé que je ne m’y attendais. » (Le Monde, 05/10/2011). Mikheïl Saakachvili lui propose de rejoindre son staff. En janvier 2009, il devient un conseiller de Mikheïl Saakachvili, chef de l’État géorgien « mais avant tout un ami » (ibid.). Son thème de prédilection : l’intégration européenne. « Il veille à l’image du pays. C’est ainsi qu’il a participé à l’organisation d’un concert géant, en mai 2010 à Zougdidi, près de la frontière abkhaze, avec Youssou N’Dour, MC Solaar et Jane Birkin, amie de la famille. » (ibid.). Un autre Français, détaché auprès du Conseil national de sécurité géorgien « tout en étant rémunéré par le Quai d’Orsay », Thomas Eymond-Laritaz, déclarait en 2011 : « Saakachvili ne fait pas un one-man-show, il utilise beaucoup de canaux pour faire passer des messages et en recevoir. Raphaël le connaît intimement, il joue un grand rôle dans l’écriture de ses discours. » (ibid.). Mais les Français n’étaient pas les seuls conseillers du président, Raphaël Glucksmann est fier de pouvoir affirmer que « le gouvernement est formé de jeunes gens dont la double nationalité américaine, anglaise ou israélienne fait ressembler Tbilissi à une Babel occidentale plantée au cœur du Caucase » (« Leçons géorgiennes », Libération, 25/08/2008). Et pour la Géorgie, Raphaël Glucksmann a utilisé ses relais médiatiques pour faire passer son message à l’encontre de la Russie, comme cette tribune parue dans le quotidien Libération en 2008 où il demandait que la Russie soit « peut être exclue du G8 et du Conseil de l’Europe. Et le Kremlin n’est pas peuplé de martyrs : menacer de saisir les biens immobiliers et les avoirs de ses dirigeants milliardaires, ou bien évoquer la suppression des visas, voilà qui fera réfléchir les «libéraux» du régime, des oligarques plus attachés à leurs vacances à Nice qu’à l’Ossétie du Sud. La Russie n’est pas intouchable. » (Le Monde, 05/10/2011).
Par ailleurs, le fils du philosophe André Glucksmann, a obtenu en 2009 des financements pour créer dans la capitale géorgienne une Maison de l’Europe, créé avec Lionel Charrier et Natalia Kancheli, installée dans les anciens locaux de la Banque nationale afin d’encourager le rapprochement de la Géorgie avec l’Union Européenne.
Ukraine
Au lendemain du sommet européen de Vilnius, les 28 et 29 novembre 2013, où le président déchu Viktor Ianoukovitch a refusé de signer le rapprochement entre l’Ukraine et l’Union européenne, Raphaël Glucksmann a rejoint Kiev, huit jours après le début des manifestations. Depuis, il a contribué — sans contrat et gratuitement — à la stratégie de Vitali Klitschko, l’ex-boxeur devenu l’un des leaders des manifestants pro-européens en Ukraine, a écrit ses discours et développé ses contacts en Europe et aux États-Unis. Mais depuis que Ioulia Timochenko est sortie de prison et est entrée dans la course à la présidentielle, la plume a pris ses distances. Sur lequel des deux opposants miser ? Il élude en assurant, un brin langue de bois, que “la révolution est beaucoup plus importante que les leaders de la révolution” car, “si elle échoue à Kiev, ça va tuer l’idée de révolution dans cette région” (« La révolution, c’est son rayon », Le Monde, 21/03/2014).
Il est également à l’origine de la création d’une ONG en faveur de la démocratie européenne, qu’il préside à Kiev : “J’essaye de dire aux oligarques ukrainiens que s’ils veulent prouver qu’ils sont devenus pro-européens ils doivent aider les autres (Biélorusses, Russes, Géorgiens) à faire leur révolution”, affirme-t-il. Avant de s’emballer, une lueur dans les yeux : “C’est tout de même la première fois que des gens meurent avec le drapeau européen dans les mains” (ibid.).
Retour en France (2017–2018)
À la rentrée 2017, Raphaël Glucksmann devient chroniqueur dans Questions politiques, émission dominicale entre 12h et 14h sur France Inter. Il quitte France Inter à l’automne 2018 pour se lancer en politique.
De décembre 2017 à août 2018, il est directeur de rédaction du Nouveau Magazine littéraire, qui se veut la revue des débats de la « gauche hors les murs ». Cependant c’est un échec commercial, avec 6144 nouveaux abonnés seulement malgré 760.000 € de dépenses de marketing – 124 € de coût d’acquisition par abonné pour un abonnement annuel de 48 € – et des ventes tombées de 31.863 à 8105 exemplaires en quatre numéros.
Par ailleurs une divergence de fond – politique – cette fois l’oppose au principal actionnaire Claude Perdriel. Raphaël Glucksmann explique qu’il a été poussé vers la sortie car il était critique envers Emmanuel Macron : « Il ne fut jamais question pour nous de faire un magazine pro ou anti-Macron. Comme vous avez pu le noter en nous lisant, le président de la République n’était pas au cœur de nos préoccupations. Il était même le cadet de nos soucis. Pourtant, c’est bien notre façon de l’aborder qui suscita les désaccords menant aujourd’hui au divorce avec l’actionnaire majoritaire. Le Nouveau Magazine littéraire est à ses yeux hostile au pouvoir en place. Toute critique d’Emmanuel Macron se voit taxée de « faire le jeu des populistes » (sur son compte Twitter et le Nouveau magazine littéraire, 24/8/2018)
Je quitte la direction du Nouveau Magazine Littéraire.
Parce que la liberté ne se négocie pas et que je ne m’essaierai jamais à des louanges auxquelles je ne crois pas.
Pas plus dans le « nouveau monde » que dans l’ancien. pic.twitter.com/BAaOcyadHh— Raphael Glucksmann (@rglucks1) August 24, 2018
Claude Perdriel semble au contraire lui reprocher ses certitudes, voire son esprit doctrinaire : « Nous n’avons que faire des bien-pensants, et c’est précisément pour cela qu’il faut se séparer du « vieux monde ». […] Nous ne connaissons pas par avance les réponses à toutes ces interrogations et ne voulons pas, comme le font aujourd’hui trop de médias, imposer des jugements définitifs. Ce sont eux, les lecteurs, qui sont nos juges de paix, et non quelque puissance occulte. Nous devons les écouter sans jamais nous enfermer dans une quelconque certitude d’avoir raison ».
Olivier Berruyer, qui n’a pas oublié les propos de Raphaël Glucksmann qui l’avait traité de « parfait petit facho des années 30 » – il avait même déposé plainte le 21 novembre 2017 contre des publications Facebook et Twitter de Raphaël Glucksmann –, a enfoncé le clou sur Les Crises : « l’actionnaire d’un petit fanzine comme le vôtre en définit la ligne et choisit celui qui va le diriger. Bienvenue dans le dur monde de l’Entreprise et du #Capitalisme… Ceci étant, normalement, la règle veut qu’un Directeur pressenti discute avec l’Actionnaire afin de bien se caler sur ses attentes. S’il n’en est pas capable, il vaut certainement mieux qu’il exerce une autre profession. Ainsi, si M. Perdriel a envie de payer pour créer un journal pro-Macron, il en a encore le droit. Il n’aura certes pas de lecteurs, mais il en a le droit. Quelque chose me dit que si le Directeur d’un journal de gauche se mettait à faire des articles et des déclarations pro-Wauquiez ou Dupont-Aignan, il aurait aussi certainement quelques problèmes. »
Il est remplacé par Nicolas Domenach, dont le premier éditorial, référence au pont de Gênes, est aussi un plaidoyer pour l’ouverture des frontières et la « société ouverte » libérale.
Parcours militant
Cofondateur de l’association Études sans frontières
« Soutenus par des intellectuels de renom (notamment le philosophe André Glucksmann, l’écrivain Pascal Bruckner, le sociologue Alain Touraine). » (« Études Sans Frontières accueille de nouveaux étudiants tchétchènes », AFP, 21/07/2005). Études sans Frontières « fonctionne sur la base du bénévolat et finance le séjour des étudiants grâce à des donations privées (Fondation Soros notamment) et subventions publiques (mairie de Paris, région IDF), lance un appel aux dons en vue de la prochaine rentrée universitaire. » (ibid.)
Les motivations : « L’objectif n’est pas seulement de sauver des jeunes de la guerre en Tchétchénie mais aussi de former une élite à la démocratie qui de retour dans son pays pourra contrer la montée du terrorisme. On a vu comment ont fonctionné les ONG américaines. Elles ont fait venir étudier aux États-Unis des gens des pays de l’Est et ce sont ces gens là qui sont maintenant à l’avant-garde de toutes les révolutions dans leurs pays comme en Ukraine ou en Géorgie. » (ibid.)
Le comité d’honneur d’Études sans Frontières comprenait la fine fleur des néo-conservateurs français : Youri Afanassiev; Elena Bonner; Francis Bueb; Georges Charachidze; Yves Cohen; Dr. Michael Dewitte; Wilhem Donner; Olivier Dupuis; Michael Fischer; André Glucksmann; Romain Goupil; Pierre Hassner; Richard Herzinger; Kjell Olaf Jensen; Kerry Kennedy; Bernard Kouchner; Jack Lang; Pierre Lellouche; Pierre Moinot; Dr. Gérard Mortier, Rupert Neudeck; Yves Quéré; Josep Ramoneda; Jacques Rupnik; Alain Touraine.
Quelques actions d’ESF
Mai 2003 : Mercredi 21 mai 2003 à la Fnac Montparnasse (Paris 6e) conférence à partir de 17h30 sur le thème des étudiants en Tchétchénie, en présence d’André Glucksmann, Romain Goupil, Stanley Greene, Françoise Spieckermeier, et d’étudiants de l’université de Grozny.
Mars 2005 : Organisateur de la journée d’information « Pour la liberté culturelle de Moscou à Grozny » à la Galerie W, 44, rue Lepic. Raphaël Glucksmann a par ailleurs lancé une pétition recueillant la signature de quatre cents personnalités des arts, de la recherche ou de la politique pour dire leur « refus de l’extinction de la culture tchétchène ».
La parenthèse libérale
La rubrique de “fact checking” de Libération, Check News, rapporte que Glucksmann a été très proche d’Alternative libérale entre 2006 et 2007, un micro-parti prêchant les idées libérales et présidé par l’entrepreneur Édouard Filias, candidat aux présidentielles de 2007. Dans une vidéo exhumée par le site Les Crises, ce dernier le présente même comme un candidat potentiel de son parti aux législatives. Il n’en faut pas plus pour faire tousser ses amis de Place Publique, acquis à l’anticapitaliste le plus orthodoxe. Sa défense en conférence de presse prête à sourire : « J’ai été invité par un ami engagé sur la question de la dépénalisation du cannabis et je me suis retrouvé qu’avec des gens de la droite libérale, qui daubaient sur la Sécu. Ça n’a jamais été mes positions ! ». Même s’il avoue un goût pour la philosophie libérale, il précise qu’il n’a jamais été officiellement candidat pour ce parti, son nom ayant été retiré in extremis des listes. L’honneur social-démocrate est sauf.
En 2017 il a participé à l’écriture du discours de Bercy (19 mars) de Benoît Hamon, dont il se sent proche. Marianne (20/03/2017) indique que « le reste du discours est issu de contributions commandées directement par Benoît Hamon et aussi envoyées essentiellement par email. L’essayiste Raphaël Glucksmann a notamment transmis une note très appréciée sur quelques thèmes à marteler et à se réapproprier, comme celui des “droits de l’Homme”. »
Au second tour il vote Emmanuel Macron pour « balayer la vague nationaliste ».
À l’été 2018 le toujours proche de Benoît Hamon et encore directeur du Nouveau magazine littéraire se préparerait à créer un mouvement avec un cercle de proches pour « porter sinon une candidature, du moins un message fort en vue des européennes de mai prochain », selon Le Parisien. Il ne confirme cependant pas ces intentions.
En novembre 2018, avec l’économiste Thomas Porcher et la militante écologiste Claire Nouvion, il lance le mouvement Place publique, qui œuvre à l’unité de la gauche pour les européennes 2019 – dès le début décembre il revendique « 15.000 inscrits » et le soutien de 80 élus locaux, dont le député de la 3e circonscription de la Vienne, l’ex-PS Jean-Michel Clément, devenu en Marche, puis qui s’est retiré du parti après avoir refusé de voter la loi Asile et immigration. En outre, il voit longuement Jean-Luc Mélenchon peu avant Noël 2018, bien qu’il fut précédemment fâché avec lui.
Au menu du déjeuner – où Thomas Porcher, qui a voté Mélenchon aux présidentielles – a été en quelque sorte l’entremetteur, « pas d’accord secret pour une liste d’union (le sujet n’aurait pas été abordé) mais des débats de fond, sur la gauche, les « gilets jaunes », et l’Europe, histoire de souligner les divergences (notamment sur le rôle des pays de l’Est au sein de l’Union européenne) et les convergences entre ces deux gauches qui ne veulent pas être irréconciliables », explique Le Monde.
Pressenti pour prendre la tête de liste du PS aux élections européennes, il officialise sa candidature sur France Inter le 15 mars 2019. Le rassemblement de gauche qui présente une liste prénommée « Envie d’Europe » coalise trois mouvements : Place Publique, Nouvelle Donne et le Parti Socialiste. L’homme, plus à l’aise dans le rôle de conseiller officieux, a longtemps hésité avant de se lancer dans la bataille. Lui qui promettait de ne pas être « candidat a priori » en novembre 2018 ne se voyait pas taillé pour le rôle. Tant et si bien qu’il aurait même confié à ses équipes « ne pas être fait pour ça » suite à une pâle prestation au grand débat des Européennes retransmis sur France 2 en avril.
Après une campagne poussive, la liste obtient 6,19 % des voix au scrutin de mai et dément les pronostics les plus pessimistes qui la plaçaient sous le seuil des 5 %.
À Bruxelles, l’eurodéputé préside la commission du Parlement européen en charge de la lutte contre la désinformation et contre les ingérences étrangères dans les processus électoraux européens. Avec la Russie et la Chine en ligne de mire.
Suite à des discours enflammés à la tribune du Parlement en faveur des Ouïgours et à des passes d’armes musclées avec le compte de l’Ambassade de Chine en France sur Twitter, il est déclaré persona non grata dans l’Empire du Milieu (interdiction d’y entrer ou d’y faire des affaires). Il est plus indulgent avec les États-Unis, une sorte de terre promise. Sans surprise il soutient le point de vue des néo-conservateurs atlantistes lors du conflit russo-ukrainien de la fin de l’hiver 2022, réclamant sanctions sur sanctions contre la Russie, armes pour l’Ukraine et même l’adhésion de cette dernière à l’UE.
En novembre 2022, il intervient auprès de l’UE pour essayer de faire interdire la diffusion de la chaîne russe RT via l’opérateur de satellites Eutelsat.
Ce qu’il gagne
Selon le site Intelligence Online, « la lutte entre le président géorgien Mikheil Saakachvili et son challenger politique, le milliardaire Bidzina Ivanishvili, a été une mine d’or pour les lobbyistes (…) le gouvernement de la Géorgie s’appuie sur plusieurs entreprises » (« Tbilissi’s lobbyists are rich », Intelligence Online, 20/09/2012. Traduction Ojim), dont celle de Raphaël Glucksmann, NoE Com [NOE CONSEIL]. Pour donner une idée de la formidable pompe à fric des cabinets de lobbying, les entreprises américaines Prime Policy Group et le Gephardt Group Government Affairs, ont été respectivement payés 150 000 et 180 000 $ pour six mois de travail en 2012 par le président géorgien Mikhaïl Saakachvili. (« Bataille chez les consultants de la Géorgie », Intelligence Online, 23/08/2012).
Publications
- Les Enfants du vide. De l’impasse individualiste au réveil citoyen (Allary Éditions), vendu à 50.000 exemplaires en trois semaines, un succès des ventes salué par la presse mainstream, notamment Elle (05/12/2018) : « Un score inespéré pour un essai humaniste, à l’heure où ce sont plutôt les auteurs réactionnaires, tel Éric Zemmour, qui cartonnent en librairie. Bref, à 39 ans, Raphaël Glucksmann est l’homme qui monte à gauche, le nouvel intellectuel engagé, celui qui redonne un peu d’espoir à un peuple progressiste en pleine déconfiture »
- Notre France. Dire et aimer ce que nous sommes, Allary Éditions, 2016.
- Génération gueule de bois. Manuel de lutte contre les réacs, Allary Editions, 2015
- Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy, avec André Glucksmann, Denoël, 2008
Extraits : (« Les cinq têtes de Turc de Raphaël Glucksmann », Le Point, 26/03/2015)
Poutine. « Derrière des photos du tsar pêchant torse nu, matant un tigre blanc ou pilotant un avion de chasse, sous la pose macho et les discours martiaux, un véritable projet idéologique a vu le jour. »
Zemmour. « Quand il est interdit d’interdire, la véritable révolte, c’est de souhaiter l’ordre, de prôner l’obéissance (…). La liberté, c’est la servitude : c’est beau comme du Mao Zedong », dit Raphaël Glucksmann de la « bête de foire avec ses entrées dans le PAF ».
Hollande. « Gageons qu’il trônera en tête des personnalités préférées des Français lorsqu’il aura quitté l’Elysée depuis assez longtemps pour que les gens aient oublié son règne. »
Soral. Il « s’extasie devant la virilité aryenne de Poutine », tançant le « Sémite Elkabbach, soumis comme une femme », lors d’une interview en 2014.
Douguine. Le Raspoutine de Poutine, favorable à l’annexion de la Crimée, écrivait : « La Russie ne s’arrêtera pas là, amplifiera ses actions en Europe, se posant en élément central de la révolution conservatrice européenne. »
Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy (avec André Glucksmann), Denoël, 2008
Je vous parle de liberté. Entretien de Mikheil Saakachvili, Hachette littératures, 2008
Documentaire : Tuez-les tous ! Rwanda, histoire d’un génocide sans importance de Raphaël Glucksmann, David Hazan, Pierre Mezerette, réal., scénario ; Jonathan Châtel, voix. « “Nous voulions, au départ, faire un film sur le rôle de notre État au Rwanda, sur notre rapport à cette histoire en tant que citoyens français. Mais les claques que nous avons prises sur place nous ont conduit à placer le génocide au cœur du film”, expliquent les auteurs. (…) Aujourd’hui, ce film va très au-delà et affirme que les responsables de la politique étrangère française qui ont donné les instructions d’aider les armées du régime Hutu ont une très grave responsabilité dans le génocide rwandais. Peut-être est-ce un jugement excessif », « Rwanda. L’holocauste oublié »,Le Télégramme, 14/11/2004.
Collaborations
Mai 2005 : Il participe en Belgique à un débat organisé au Centre Culturel et Artistique d’Uccle par l’Institut de la Mémoire audiovisuelle juive (IMAJ) et le Bn’ai B’rith avec Patrick de Saint Exupéry (journaliste, auteur), Colette Braeckman (journaliste), José Kagabo (historien et sociologue), Pamphile Sebahara (sociologue chargé de recherches au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité ‑GRIP, Bruxelles-) et Joël Kotek (auteur) sur le thème « Pourra-t-on éviter un génocide dans le futur ? »
Il l’a dit
« …l’attelage qui vient de l’emporter à Rome fera peser une menace sur l’État de droit. Les premières victimes seront sans aucun doute les migrants et les personnes en situation de grande vulnérabilité. Les marges seront frappées les premières et il faudra alors que la société civile organisée en Italie réagisse tout de suite… », après le succès de Fratelli d’Italia de Georgia Meloni aux élections législatives italiennes du 23 septembre 2022, Libération, 26/09/2022.
« Si on n’arrête pas Vladimir Poutine en Ukraine, nous ne connaîtrons plus la paix en Europe », sinon « nous serons condamnés pour les décennies à venir à vivre dans un continent de guerres permanentes… chaque signe de faiblesse de l’Union européenne est une invitation à l’agression… la fermeté est la seule manière de faire… Aujourd’hui, à une très large majorité, nous allons voter pour octroyer à l’Ukraine le statut de pays candidat… l’avenir de l’Europe se joue à Kiev… et nous sommes prêts à accueillir l’Ukraine dans la famille européenne. », France inter, 1er mars 2022.
« Pour relancer la gauche, il faut repartir par les idées. Or, ça ne peut pas se faire à travers les épiceries électorales actuelles où les gens ne se parlent plus, où les haines sont immenses. Il nous semble inévitable de le faire depuis une structure nouvelle. Elle n’entend pas être une chapelle de plus mais le lieu de recomposition idéologique de la gauche française », Le Figaro, 28/12/2018.
« J’ai l’impression d’être fidèle à sa démarche, explique-t-il, faite de liberté et d’indépendance. Dans les années 1970 et 1980, mon père [André Glucksmann] s’est révolté contre le mythe marxiste qui dominait les esprits. En ce moment, je me révolte contre le mythe dominant actuel, celui du néolibéralisme, qui est en train de détruire la planète, de créer d’immenses inégalités sociales qui font monter les extrémismes », Elle, 05/12/2018.
« En trois semaines, nous en sommes à plus de 15.000 inscrits. Jeudi, plus de 80 élus locaux nous ont apporté leur soutien. Nous sillonnons la France et les salles sont pleines. […]L’attente est là, nous le voyons. À nous d’y répondre en misant sur l’intelligence collective plus que sur la figure du leader charismatique », le JDD 1/12/2018 au sujet de son mouvement Place Publique.
« Quoi que l’on pense du programme ou de la personnalité d’Emmanuel Macron, il faut hiérarchiser les risques. Le Pen et Macron, ce n’est pas pareil ! Avec lui, dans cinq ans, nous serons encore en démocratie. Je ne suis pas sûr que ce sera le cas avec madame Le Pen. […] Macron doit gagner haut la main ! Il faut écraser le Front national et envoyer un signal fort à l’Europe et au monde en leur prouvant que nous balayons les nationalistes », Le Parisien, 28/04/2017.
« Nous sommes les victimes d’une partie de ping-pong. À chaque poussée terroriste, chaque attentat, le repli sur soi progresse. Les deux ennemis de la société ouverte, le djihadisme et l’extrême droite, se renforcent l’un l’autre. Daech ne conquerra jamais militairement la France, mais il peut la conduire au repli identitaire », « Raphaël Glucksmann dans le chaos du monde », ouest-france.fr, 13/05/2016.
Raphaël Glucksmann - Omar, tu es la deuxième personnalité préférée des Français selon le baromètre du JDD. Est-ce cela cette “majorité ouverte” dont tu parles ?
Omar Sy - Oui. La France, est-ce sondage ou les résultats politiques ? Je pense profondément que ce sondage dit la vérité, ressemble à la France…
Tu talonnes Jean-Jacques Goldman de très près…
Raphaël Glucksmann - L’honneur est sauf parce que le Juif est toujours devant !
Entretien croisé entre Raphaël Glucksmann et Omar Sy dans Les Inrockuptibles daté du 20 janvier 2016
« Mon père est dans la contemplation du mal, il en a un sens aigu mais sans manichéisme. Moi, je n’admire pas juste les gens parce qu’ils savent faire face au mal. Je suis un exalté, mais je suis calme dans mon exaltation », « Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller de président », Le Monde, 05/10/2011.
« En arrivant à Kiev, confie-t-il, j’ai envoyé un SMS à Dany [Cohn-Bendit] : “C’est bon tu peux aller au musée. Ils ont fait cent fois mieux que toi ici. Et en hiver, ce qui est un peu plus sport” », « La révolution, c’est son rayon », Le Monde, 21/03/2014.
« Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites », Ibid.
« Guerre aux portes de l’Europe, en Ukraine; attaques terroristes liberticides à Paris et à Copenhague; montée en flèche de l’extrême droite… Qui est responsable de ce scénario catastrophe? Tous ces événements que vous citez visent la même chose: la paix, la liberté, le progrès social, qui nous semblaient acquis, ont été attaqués par des gens très différents mais qui, au fond, avaient tous la même cible. Alors, les responsables des attentats, ce sont ceux qui les ont commis, comme le responsable de l’invasion de l’Ukraine, c’est Vladimir Poutine… », « «Nous avons oublié la force des idées», Le Soir, 18/03/2015
« Plus on acceptera cette inadéquation des institutions et des élites républicaines traditionnelles à l’époque, plus on a de chances que l’emporte la réaction. Antonio Gramsci, qui a bien analysé ces moments d’entre-deux, quand l’ancien monde est mort et que le nouveau n’est pas encore né, a écrit que c’est le moment où la terre enfante des monstres. On est dans un de ces moments-là. C’est le moment du danger absolu, où les Marine Le Pen et les Poutine peuvent s’emparer du pouvoir », ibid.
« Deux replis identitaires se font face en France : les idéologies islamistes et nationalistes. Ils se renforcent l’un l’autre en s’opposant. Le projet de l’extrême droite est politiquement plus dangereux que celui des jihadistes, car il n’y aura jamais de califat en France, », «Le FN mène une bataille culturelle», Libération, 14/03/2015
« Poutine finance le FN et envoie des tanks en Ukraine. Pour lui, cela fait partie d’une même croisade, du même combat pour une vision du monde fondée sur l’exclusion, la haine, symbolisée par le cadavre d’un opposant politique avec quatre balles dans le dos. Il n’y a plus de frontière réelle entre les politiques étrangère et intérieure. Une guerre est menée contre les mélanges, les métissages, les libertés », ibid.
« Nous devons arrêter de céder du terrain. Assumer nos idées, affirmer que l’immigration fait partie de l’ADN de la France et porter un projet de démocratie européenne », ibid.
« Nous sommes tous des flics juifs arabo-martiniquais dessinateurs libertaires de prophètes clients de supérette kasher. Clarissa, Stéphane, Ahmed, Yoav ou Franck : nos prénoms, nos origines diverses, nos fois ou nos absences de foi, nos idéaux et nos manques de repères forgent notre carte d’identité nationale. (…) Les communautés nationales, ethniques ou religieuses allaient se dissoudre dans une acculturation planétaire émancipatrice, les individus se débarrasseraient des contraintes et des carcans, des églises et des partis, du temps et de l’espace, pour former une société globale libre et pacifiée. Monades sans portes ni fenêtres, nous étions promis à une existence en apesanteur, sans heurts, et, dans la galerie des glaces qui nous servirait d’univers, chacun contemplerait dans l’autre sa propre perfection », « Nous étions la génération vernie, par Raphaël Glucksmann », Les invités de Mediapart, 24/02/2015
« Les adversaires de la société ouverte ne se ressemblent pas et bien souvent se haïssent. Rien de commun, apparemment, entre le prêcheur salafiste qui arme idéologiquement les terroristes de Vincennes ou Toulouse et Marine Le Pen qui, plus rapidement que les autres, trouve les mots après l’horreur pour condamner le “fondamentalisme islamiste”. Pas le moindre rapport, à première vue, entre Vladimir Poutine, décrochant – parmi les premiers là aussi –, son téléphone pour assurer les Américains de son soutien le 11 septembre 2001 et Al-Bagdadi prônant le califat planétaire. Tout les oppose. Tout, sauf une aversion partagée pour le monde qui nous a vus naître et que nous pensions universel. Tout, sauf le rejet de nos principes cosmopolites et démocratiques, de nos modes de vie, de nos errances et de nos licences. Tout, sauf ce qui constitue à nos yeux l’essentiel », ibid.
« Mais Raphaël le dit volontiers, il est de parti-pris. Il l’a toujours été, même lorsqu’il réalisait ses documentaires. “Selon moi, il y a des situations qui te conduisent à ne pas être neutre”, explique ce père engagé », « Raphaël Glucksmann : courir pour des idées », cafebabel.fr, 25/03/2015
« Et les islamistes et le Front national, ce qu’ils veulent, c’est enlaidir le monde », « C à vous », France 5, 12/03/2015
« Le projet de l’école républicaine, c’était un projet de déracinement. C’était un projet politique qui visait à enlever les enfants des clochers, des terroirs ! C’était créer, à partir d’héritiers, des citoyens, c’était l’antithèse du projet réactionnaire qu’on nous offre dans les livres et bientôt dans les urnes », « La nouvelle émission », Canal+, 26/02/2015
« “Je travaille pour l’Europe”, estime ce fédéraliste convaincu, qui a ouvert une “maison de l’Europe” à Tbilissi », « Le conseiller français du Prince géorgien. Raphaël Glucksmann », La Croix, 18/09/2012
« Pour ma 1ère journée de député européen, je suis venu au Parlement avec Hamad Gamal, réfugié soudanais, auteur d’une magnifique lettre aux dirigeants européens qui exige une réponse. Il faut que dans cette enceinte résonne enfin la voix des sans voix », Twitter, 02/07/2019
« Si nos dirigeants ont un peu de dignité et de sens de l’État: convocation immédiate de l’Ambassadeur et grosse explication de texte genre “si vous continuez à nous pisser dessus, vous retournez direct en Chine.” A un moment, il ne faut plus baisser les yeux. Avoir la nuque raide », Twitter, 19/03/2021
« Ils nous prennent vraiment pour un paillasson sur lequel ils peuvent s’essuyer les pieds tranquillement. C’est dingue. A un moment quelqu’un leur dit que la France n’est pas une serpillère? », Idem
Sa nébuleuse
Bernard-Henri Lévy
En 2008, Raphaël Glucksmann « reçoit un appel de Bernard-Henri Lévy, ami de la famille. « Raphaël, il faut qu’on y aille [en Géorgie] ! » (Le Monde, 05/10/2011). Pour Raphaël Glucksmann, « je ne lui ai jamais dit depuis, par pudeur, parce que nos relations, bien qu’amicales et respectueuses, ne sont pas assez intimes – mais ce coup de fil allait indirectement changer ma vie. » (« 2008 : en Georgie (par Raphaël Glucksmann) », bernard-henri-levy.com). En effet, « ce voyage au cœur de la nuit géorgienne, ainsi que la polémique à notre retour, cher Bernard, voilà ce qui m’a décidé à m’installer à Tbilissi. Voilà ce qui m’a convaincu de m’engager auprès des gens que nous avons croisés ensemble. (…) Ton coup de fil a donc été le facteur déclenchant d’un virage radical dans mon existence. Je ne t’en remercierai jamais assez. » Pour Raphaël Glucksmann : « ce qui m’a toujours plu chez Bernard, comme chez mon père d’ailleurs, c’est ce refus chevillé au corps de confondre objectivité et neutralité. J’aime précisément ce qu’on lui reproche : une faculté rare à prendre parti quand c’est nécessaire. » (ibid.)
Michel Hazanavicius
« J’ai rencontré Raphaël Glucksmann pour le documentaire sur le Rwanda, et nous sommes devenus amis. » (« J’ai tué The Artist très vite, sans violence », L’Express, 26/11/2014). En effet, le réalisateur oscarisé (2012) à Hollywood pour son film The Artist à coécrit et coproduit le documentaire « Tuez-les tous ! » sur le génocide au Rwanda de Raphaël Glucksmann, David Hazan et Pierre Mezerette. C’est d’ailleurs Raphaël Glusksmann qui l’a influencé pour son film The Search évoquant la seconde guerre de Tchétchénie en 1999 avec un parti pris clairement anti-russe : « il est un des rares intellectuels français à avoir essayé d’alerter l’opinion sur cette guerre. C’est lui qui m’a amené à regarder de près ce sujet, que j’ai eu tout de suite envie de traiter. Mais je ne savais pas encore comment. » («Michel Hazanavicius : « être au plus près de l’humain », Le Bien Public, 28/11/2014).
Les milieux néo-conservateurs français
Comme son père André Glucksmann, il est membre du cercle de réflexion du Cercle de l’Oratoire (cofondé par Michel Taubmann et son épouse), il contribue à l’édition de sa revue Le Meilleur des mondes (2006–2008). Créé de façon informelle, en 2001, le Cercle de l’Oratoire est devenu un lieu de rencontre pour les différentes sensibilités pro-américaines en France : « Pour la plupart issus de la gauche ou de l’extrême gauche, nous étions choqués par l’anti-américanisme qui régnait en France au lendemain du “11-Septembre”. Aujourd’hui, nous sommes un peu ceux qui soutiennent les États-Unis dans le village gaulois » (« “Le Meilleur des mondes”, une voix pour l’Amérique », Le Monde, 24/03/2006). Le groupe prend forme peu à peu, avec des « intellectuels (les philosophes André Glucksmann et Pierre-André Taguieff, l’essayiste Pascal Bruckner, l’universitaire Stéphane Courtois, coauteur du Livre noir du communisme, Jacky Mamou, ancien président de Médecins du monde, Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de Paris…) mais aussi de jeunes journalistes, des étudiants. Des personnalités (Bernard Kouchner, Nicolas Baverez, Fadela Amara…) » (« Les meilleurs amis de l’Amérique », Libération, 09/05/2006). Pour leur première action, ils lancent un texte de soutien à l’intervention américaine en Afghanistan (« Cette guerre est la nôtre », Le Monde du 8 novembre 2001). Pour son premier numéro en 2006, la revue Le Meilleur des mondes, Raphaël Glucksmann rencontrait l’ancien dissident et ex-président de la République tchécoslovaque, Vaclav Havel.
Union des Étudiants Juifs de France
« À l’inverse, la défense de l’armée et de la place particulière de la France en Afrique, l’allergie à la culpabilité post-coloniale ou encore la dévotion à l’égard de François Mitterrand animent le camp des “nationalistes”. S’y ajoute parfois un virulent “antisionisme” : le Rwanda et Israël se sont rapprochés et les échanges sur les enjeux mémoriels des génocides sont fréquents entre les deux pays. Accuser Kigali d’instrumentaliser le génocide est une manière d’insinuer la même chose à l’encontre d’Israël. De son côté, l’Union des étudiants juifs de France organise des voyages d’étude au Rwanda, à l’initiative de Benjamin Abtan, de SOS-Racisme, ou de Raphaël Glucksmann, fils du philosophe et réalisateur d’un film à charge pour la France intitulé Tuez-les tous ! (2004) ». « Rwanda, une passion française », Le Monde, 26/01/2012
Ekaterina “Eka” Zgouladze
Fille d’un ingénieur et d’une artiste, elle est née le 18 juin 1978 à Tbilissi. Surnommée la « princesse de Géorgie » pour ses frasques nocturnes durant sa jeunesse, passée par l’université d’État de l’Oklahoma (États-Unis) et titulaire de modestes diplômes de journalisme et de droit. Elle est pourtant nommée vice-ministre de l’Intérieur entre 2005, car « tout le monde la connaît, elle fréquente le tout-Tbilissi branché, les DJ, les designers » (« Ekaterina, ministre de la police… de deux pays », L’Obs, 09/04/2015), et ce jusqu’en 2012, et ministre de l’Intérieur par intérim de juillet à octobre 2012. En 2013, elle s’installe en France chez André Glucksmann et sa femme, tandis que Raphaël reste à Tbilissi. Eka en profite pour conseiller des gouvernements, dirige une mission de l’OSCE sur la lutte contre la corruption.
Fin décembre 2014, le président ukrainien lui propose de réformer la police de son pays. Pour Ekaterina Zgouladze : « comment pouvais-je dire non ? Réussir en Ukraine est important aussi pour la Géorgie. Car le post-soviétisme est notre ennemi commun. Seul le lieu de la bataille a changé. En 2006, c’était Tbilissi. Aujourd’hui, c’est Kiev. » (ibid.) Après avoir adopté la nationalité ukrainienne, elle est depuis décembre 2014, vice-ministre de l’Intérieur de l’Ukraine dans le second gouvernement Iatsenouk. « En s’expatriant en Ukraine, “Eka” poursuit le combat des Glucksmann contre le “poutinisme” qui menace toute l’Europe de l’Est. »(ibid.)
En tout cas, cette nomination a mis en fureur le premier ministre géorgien Irakli Garibachvili, « il est bien dommage que des personnes [Zourab Adeïchvili et Ekaterina (Eka) Zgouladze] que nous poursuivons en justice et qui sont recherchés par Interpol se soient confortablement installées dans le gouvernement ukrainien. Cela ne tardera pas à nuire aussi bien au gouvernement qu’à l’image de marque de l’Ukraine. » (« Tbilissi reproche à Kiev de promouvoir des personnes recherchées par Interpol », fr.sputniknews.com, 20/12/2014). En effet, en 2012, la police géorgienne a été éclaboussée par un scandale concernant des sévices infligés à des prisonniers par les forces de l’ordre. Salomé Zourabichvili, ancienne ministre des Affaires étrangères de Géorgie, fondatrice du parti politique « La Voie de la Géorgie » et actuellement coordinatrice du groupe d’experts qui assiste le comité des sanctions contre l’Iran du Conseil de sécurité de l’ONU pose cette question intéressante sur le silence de Raphaël Glucksmann : « Marié à celle qui a été vice-ministre de l’Intérieur [Eka Zgouladze], puis ministre, ignorait-il vraiment tout des excès de la police, des tortures dans les prisons et de la situation des droits de l’homme dans le pays ?» (« Géorgie. La “french connection” », Marianne, 27/10/2012).
En décembre 2015, la presse russe et ukrainienne font circuler l’information selon laquelle, Eka Zgouladze aurait été arrêtée à l’aéroport Borispol en essayant de transférer 4 millions de $ hors du pays. Championne de la lutte anti-corruption, « Eka » a toutefois été rapidement relâchée suite à l’intervention du ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, lequel a assuré que l’argent était destiné à payer les services hospitaliers et les obstétriciens en France où elle doit accoucher en février. Toutefois Vasyl Gritsak, le chef des services secrets ukrainiens (SBU), a partagé dans la presse ukrainienne ses soupçons quant au détournement des sommes allouées à la réforme de la police.
États-Unis : Idiots utiles ou agents américains de la National Security Council ?
Raphaël Glucksmann et sa femme Ekaterina “Eka” Zgouladze ne sont pas américains et pourtant ils ont systématiquement suivi et mis en œuvre dans leurs responsabilités au sein des gouvernements géorgiens ou ukrainiens, dans leur activité militante (Étude sans frontière) ou médiatique, la ligne politique des États-Unis. Ce tropisme américain peut faire naître des interrogations légitimes quand on s’intéresse aux parcours de ce couple. Durant son adolescence, à la chute de l’URSS, Ekaterina “Eka” Zgouladze, a étudié, grâce à une bourse américaine à l’université d’État de l’Oklahoma (« La gamine qui a maté la police de Géorgie », Le Figaro, 20/06/2011). Elle travaille par la suite « pour la Millennium Challenge Corporation, une agence américaine d’aide aux pays pauvres » où « elle fait des merveilles. Sa rigueur impressionne. » (« Ekaterina, ministre de la police… de deux pays », L’Obs, 09/04/2015). Fondé par le président des États-Unis de l’époque, Georges W. Bush, et annoncé le 14 mars 2002, lors d’un discours à la Banque interaméricaine de développement, le Millennium Challenge Account (MCA) se voit doté d’un budget colossal géré par la Millennium Challenge Corporation (MCC) afin d’aider financièrement, « selon des critères qui viendront récompenser les pays qui mettent fin à la corruption, respectent les droits de la personne, instaurent l’État de droit, investissent dans les domaines de la santé et de l’enseignement, libéralisent leur économie, appliquent une politique budgétaire judicieuse, promeuvent l’initiative privée et facilitent la création de petites entreprises. » (« L’illusionnisme économique », La Presse, 27/04/2003). La création et le développement du MCA-MCC n’a pas seulement un but philanthropique mais elle s’inscrit dans la stratégie du « soft power »* mis en place après les attentats de septembre 2001 par l’administration Bush afin de lutter contre le terrorisme et d’assurer la sécurité intérieure des Etats-Unis. Le concept du MCA a été « préparé par le National Security Council (Conseil de sécurité nationale) et fortement soutenu par sa directrice, Condoleeza Rice » (« Le Millenium Challenge Account. Une nouvelle conception de l’aide publique au développement ? » de Benoit Daviron (Cirad), Thierry Giordano, Iddri). Ce n’est pas la première fois que le couple Glucksmann rencontre le National Security Council (Conseil de sécurité nationale**) sur son chemin puisqu’en 2005, deux étudiants tchétchènes aidés par Études sans frontières, « ont rencontré des membres du département d’État et du Conseil de la Sécurité Nationale ainsi que des membres du comité des relations étrangères du Sénat et des médias » en présence, semble-t-il, de Raphaël Glucksmann.(« Both students, who are exiled in Paris, were also seeking support for “Marsho”, a youth organization they have created to promote democracy values in the republic, and for Etudes Sans Frontieres (Studies Without Borders), an organization founded by a group of French students in 2003 to help their counterparts from war-torn countries. While in Washington they were to meet with officials from the State Department and National Security Council as well as members of the Senate foreign relations committee and media organizations. “Our objective is simple,” said Raphael Glucksmann, one of the founders of Etudes Sans Frontieres, which hopes to open chapters in the US and other countries. “Perhaps by bringing students out of Chechnya it would open up this ghetto », « Exiled Chechen students seek US support for democracy initiative », AFP world news, 24/10/2005).
La Géorgie, pour le gouvernement de laquelle le couple Glucksmann a travaillé pendant plus de cinq ans, et l’Ukraine désormais où ils exercent leur fonction, sont des cibles prioritaires des États-Unis qui cherchent ainsi « à élargir leur influence sur la périphérie de la Russie ». En effet, les Américains « se concentrent sur l’Ukraine, le Caucase du Sud et l’Asie centrale. Ils ont pour ambition de contrôler les routes des hydrocarbures et d’empêcher la Russie de redevenir une grande puissance. Washington veut placer sous le parapluie de l’Otan les États postsoviétiques qui le souhaitent. Contrôler le Caucase du Sud achève également l’encerclement de l’Iran. » (« Russie-Géorgie : les enjeux du conflit en 7 points », L’Express, 22/08/2008).
*Soft Power : Le « Soft power » (« pouvoir doux »), concept de la géopolitique américaine, renvoie à l’influence que les États peuvent avoir par l’intermédiaire de la culture, des idées ou des valeurs − et non pas seulement par la force et la coercition traditionnelles (« Hard power »). (Source : franceculture.fr)
** Le Conseil de sécurité nationale (National Security Council ou NSC) est une organisation administrative dépendant directement du président des États-Unis. Il a un rôle de conseil, de coordination et parfois d’impulsion sur les sujets de politique étrangère, de sécurité nationale, et plus généralement sur l’ensemble des questions stratégiques. Il est en cela un acteur peu connu, mais majeur, parfois prédominant, de la politique étrangère des États-Unis. (Source : Wikipédia)
Noé Conseil
Cette SARL créée en octobre 2009 a pour objet la « communication, le lobbying et le conseil auprès d’institutions, individus et associations. » Les dirigeants en sont Arnaud Borges (dirigeant par ailleurs de DUM DUM FILMS ou de MANGE TA SOUPE, Aline Le Bail (est-ce la même Aline Le Bail-Kremer, porte-parole de SOS Racisme, membre de l’European Grassroots Antiracist Movement, trésorière de France Syrie Démocratie, rédactrice à la revue communautaire juive L’Arche Mag et à celle de Bernard Henri Lévy la Règle du jeu ?), et Sébastien Couderc (ancien de la Confédération Etudiante et président Fondateur de l’agence Shigan, spécialiste en gestion de crises, communication politique et Public Diplomacy).
Il démissionne de la co-gérance le 25 juillet 2016. La société, qui réalisait encore 103.600 € de chiffre d’affaires en 2015, n’en fait que 24.000 en 2016 et n’a pas publié ses comptes depuis (perte nette de 40.005 € en 2016 contre bénéfice de 17.193 € en 2015). Les comptes 2016 indiquent que Raphaël Glucksmann n’était pas rémunéré comme co-gérant du 1er janvier au 25 juillet 2016 mais « a bénéficié d’un avantage en nature d’un montant de 7.641 €. De plus la société a pris en charge les cotisations sociales du co-gérant pour un montant de 7.641€ ».
Elle est dissoute le 25 septembre 2017, « par déclaration souscrite par son Associée Unique, la Société confondante dénommée « GAZI », S.A.R.L. au capital de 1.200.000 €, ayant son siège social 2–4‑6, rue d’Hauteville 75010 PARIS, immatriculée sous le n° 753 212 778 RCS PARIS ». En l’occurrence il s’agit de la holding d’Arnaud Borges, qui réalise un résultat net de 62.900 € en 2017 et 49.800 € en 2016.
Léa Salamé
Selon les révélations et les photos du magazine Voici de janvier 2016 (16 janvier), Raphaël Glucksmann serait en couple avec la journaliste Léa Salamé. Selon l’hebdomadaire, « les deux trentenaires ont flashé en direct l’un sur l’autre, le 14 novembre dernier, lors de l’émission spéciale On n’est pas couché, spécial attentats. » Elle se met en retrait de l’antenne de France Inter à l’annonce de la candidature de Glucksmann en mai 2019. Ensemble, ils ont un fils né en 2017.
Ils ont dit
Bernard-Henri Lévy : « Cent jours sans elle. Cent jours sans Anna Politkovskaïa, journaliste assassinée, le 7 octobre dernier, dans la cage d’escalier de son immeuble, en plein Moscou. Nous sommes quelques-uns, ce lundi, à être venus nous recueillir, sur le parvis de Notre-Dame, en hommage à cette grande dame qui fut l’honneur de la presse libre. De Romain Goupil à Robert Ménard, d’André et Raphaël Glucksmann aux militants des droits de l’homme qui ont, par ce petit matin froid, pris la peine d’être là, des questions simples, sur toutes les lèvres : qui a tué notre amie ? qui a commandité le meurtre ? les enquêteurs, à Moscou, ont-ils mission d’élucider l’affaire ou de l’étouffer ? et quant à leur patron, le dictateur Poutine, n’y aurait-il pas lieu, dans le doute, de prononcer sa” suspension provisoire” dans l’ordre de la Légion d’honneur où il fut, quelques semaines avant le crime, promu dans le grade le plus élevé ? C’est à Chirac de se prononcer. Et à l’opinion de le lui demander », « Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy », Le Point, 18/01/2007.
« À 34 ans, Raphaël Glucksmann, le fils d’André, a fait des soulèvements nationaux son fonds de commerce. Après la Géorgie, c’est en Ukraine qu’il conseille les leaders pro-Europe », « La révolution, c’est son rayon », Le Monde, 21/03/2011.
« S’il devait définir sa fonction aujourd’hui, il dirait “consultant en révolution”. “Mais ça n’existe pas” », ibid.
« Un autre observateur étranger, à Tbilissi, a la dent plus dure. “Il est d’une légèreté hallucinante. Il crée un enthousiasme, puis il disparaît. Et intellectuellement, il n’est pas outillé” », « Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller de président », Le Monde, 05/10/2011
« Le magazine Elle a publié un beau portrait de la ministre de l’Intérieur de Géorgie, Eka Tkechelachvilli, et de son époux, Raphaël Glucksmann, lui-même conseiller du président Saakachvili… Coauteur avec son père, André Glucksmann, de Mai 68 expliqué à Sarkozy, le jeune Raphaël expliquait sans rire qu’il réalisait à Tbilissi ce dont son père avait rêvé à Paris, en mai 1968… Manifestement, les Géorgiens n’ont guère apprécié, à en juger par la cuisante défaite électorale de Saakachvili… », « Mauvais conseil », Marianne, 06/10/2012
« Fallait pas le rater, sur Canal Plus, le 3 mars à 12 h 30 : Zorro est arrivé. Raphaël Glucksmann, conseiller politique auprès de l’autorité ukrainienne ! Vantant les mérites de la révolution ukrainienne. Il a vu des étudiants manifester avec des kalachnikovs ! Ali Baddou et sa bande, bouche bée devant tant d’émerveillement. Que diraient ces âmes pures si des ouvriers français manifestaient avec des kalachnikovs à Paris ? Chroniqueurs et pseudo-journalistes mais vrais va-t-en-guerre. », « Passé, présent, futur… », L’Humanité, 07/03/2014
Le général Borisov s’adressant à Raphaël Glucksmann et des journalistes à un barrage en Géorgie : « Tas de pédés ! Rentrez chez vous baiser vos nègres. Ici, ce n’est pas l’Europe, c’est la Russie », « Raphaël Glucksmann : courir pour des idées », cafebabel.fr, 25/03/2015.
« Dans les manifs pour sauver Alep, très actif sur les réseaux sociaux, pourfendeur du déclinisme… Raphaël Glucksmann est partout. Mais celui qui a décidé de remettre l’altruisme au goût du jour semble bien seul sur son créneau humaniste et progressiste », Le Monde, 23/12/2016.
« Palais de Tokyo, Paris 16e. Raphaël Glucksmann monte à la tribune. Silhouette d’étudiant attardé malgré ses 37 ans, regard illuminé, front large comme un livre ouvert. Ce 6 décembre, il est venu soutenir trois jeunes femmes qui ont tout plaqué, leur confort, leurs carrières, pour créer une école de français pour les migrants (baptisée THOT) », ibid.
« En septembre 2015, déjà, [Raphaël Glucksmann et Romain Goupil] ont eu une monumentale engueulade, place de la République, où Glucksmann, écœuré par le silence de la gauche alors que se noyaient les réfugiés, avait réussi à attirer quelques milliers de manifestants grâce à un simple appel sur Facebook. « Monte sur la statue. Prends la parole. Structure ! », lui criait Goupil avec ses réflexes d’ancien membre du service d’ordre de la Ligue communiste. Mais Glucksmann, adepte des « révolutions 2.0 », s’était refusé à « récupérer ce mouvement civique horizontal », ibid.
« Modeste « cloutard », faute d’avoir pu être “archicube”, André Glucksmann avait passé en 1961 l’agrégation de philo et s’était habilement et rapidement planqué au CNRS comme chercheur. Comme aimait à le dire perfidement notre philosophe Jean Lacroix à propos de son collègue et rival Lachièze-Rey, dont le fils était lui aussi philosophe, « le génie n’est pas héréditaire ! ». La famille Glucksmann illustre aussi hélas cette triste réalité ; le jeune Raphaël, après une vaine tentative à la khâgne d’Henri IV, a dû se contenter de Sciences-po, faute d’un destin académique plus glorieux ! », Robert Chaudenson, 25/12/2016.
« Si André Glucksmann est, toute sa vie durant, resté fidèle à sa première coupe de cheveux (au blanchiment prêt), la carrière de son fils (né en 1979 à Boulogne-Billancourt) est bien différente ; elle est déjà singulièrement tortueuse et diverse par rapport à celle de son père, quoique ce dernier, ancien maoïste ait achevé son parcours politico-idéologique comme néo-con pro-américain quasiment sarkoziste », ibid.
« Dans un style vif, fondé sur une culture politique sûre où voisinent Hegel et Hulot, Machiavel et Rutger Bregman, Glucksmann en donne l’esquisse : un nouveau contrat social tablant sur la radicalisation de la démocratie, seul remède au discrédit des élites, une stratégie écologique enfin cohérente avec l’urgence climatique, une marche progressive vers le revenu universel […]. On y verra les prémices d’un manifeste militant — pourquoi pas ? — électoral. Raphaël Glucksmann n’est pas seulement un observateur. Il se veut aussi acteur de la scène publique, qui n’aime pas les tours d’ivoire. Ici et maintenant ? Le petit doigt du chroniqueur lui dit que ce livre n’est pas seulement un essai parmi d’autres, mais aussi une plateforme de lancement », Laurent Joffrin, Libération, 09/10/2018.
« Place publique, mouvement social, écologiste et proeuropéen, a un boulevard devant lui », Elle, 05/12/2018.
« Avec ses baskets et son côté cool, il peut séduire aussi bien de jeunes branchés que de vieux militants. Il est un peu l’enfant chéri de la gauche, un membre de leur famille », Emmanuel Poncet à son sujet, ibid.
« Avec Les Enfants du vide (Allary Éditions), livre-manifeste publié cet automne, Glucksmann a d’un coup comblé la béance. De L’Obs à L’Humanité en passant par Mediapart, on s’arrache l’homme providentiel. Il est chez lui sur France Inter, louangé permanent au Monde, en “ une” de Libération, en couverture de Politis. Des personnalités socialistes, écologistes ou communistes projettent sur son visage souriant leurs aspirations ravalées. Glucksmann a compris que son public cible n’aimait rien tant que battre sa coulpe, triturer sa mauvaise conscience, ruminer ses échecs et y remédier au moyen de recettes toujours identiques, mais ripolinées aux couleurs du jour — le vert, en l’occurrence. Cela tombe bien : Raphaël, qui s’est souvent trompé, met en scène confessions et conversion. À L’Obs(4 octobre 2018), il confie : “Je dois réapprendre à m’oublier.” Ambitieux programme.. », « Un autre Macron est possible », Le Monde diplomatique, décembre 2018.
« Le personnage est sympathique, mais il représente la gauche à l’ancienne, qui sent la naphtaline. On en a assez de ces gens qui créent des mouvements fumeux et verbeux, qui veulent faire le bien des autres. Il ferait mieux de trouver un vrai travail… », Charles Consigny à son sujet, ibid.
« C’est un cours de sociologie de la bourgeoisie culturelle. Tout y est : l’entre-soi, l’autosatisfaction, le discours mondain, le vide programmatique, les grandes idées… », le sociologue Insoumis Nicolas Framont quant à la première réunion de Place Publique.
« L’objectif de ce choix c’est “puisqu’on est trop faible, prenons Glucksmann”. Au Mans, on ne sait pas qui c’est.On arrive au bout d’un processus. Le PS s’efface. On cède la tête de liste à Monsieur Glucksmann, que je ne connais pas, qui est sûrement quelqu’un de bien, mais ça me paraît très parisien », Stéphane Le Foll, L’Obs, 14/03/2019.
« Hier, le ministère chinois des affaires étrangères a annoncé que la Chine avait sanctionné des Européens pour avoir diffusé de fausses informations sur les droits de l’homme au Xinjiang, les avertissant de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres pays en prétendant être des “enseignants des droits de l’homme”.
Aujourd’hui, je voudrais parler de l’un des parlementaires européens sanctionnés, Glucksmann. La famille, tous juifs, avait attiré des réfugiés tchétchènes en France, et puis il y a eu la tragédie de la décapitation d’un professeur français par des terroristes tchétchènes. Aujourd’hui, ils “accusent” la Chine, inventent des fausses nouvelles sur le Xinjiang et attisent les conflits entre les musulmans et les autres groupes ethniques au nom des “droits de l’homme” », Zheng Ruolin, correspondant à Paris du quotidien Wen Hui Bao et chroniqueur sur la chaîne francophone CGTN, Weibo, 23/03/2021.
Portrait vidéo
L’Observatoire du journalisme (OJIM) a publié 300 portraits de journalistes, régulièrement mis à jour. L’OJIM a signé un accord avec la chaîne de télévision TVL pour présenter dans chaque émission i‑média de Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin, un « portrait piquant » en moins de 3 minutes. Quatrième édition avec Raphaël Glucksmann.