L’anti complots complotiste pris dans l’affaire des fonds Marianne
Omniprésent dans les médias, l’ambitieux Reichstadt sait se rendre indispensable, fort de l’expertise qu’il s’auto-attribue. Au même titre que celle des Décodeurs du Monde, dont il est le pendant, sa parole est d’or (c’est du plaqué) dès lors qu’il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie et d’éduquer les générations futures aux médias. Arbitre du vrai, il s’ingénie à confondre le complotisme et le scepticisme pour mieux grossir le phénomène qu’il étudie, et le fait vivre. S’attirant les foudres de l’extrême-gauche et de la droite de la droite, le funambule Reichstadt poursuit sa route sur la fine ligne de crête qu’il s’est tracée, celle qui mène droit à la triple reconnaissance académique (à laquelle ses maigres titres universitaires ne le prédisposaient pas), communautaire (son discours rencontrant un écho certain dans la communauté juive) et gouvernementale (que ce haut fonctionnaire contrarié obtient alors que Manuel Valls, son modèle à gauche, est Premier ministre). Lors de l’affaire des « fonds Marianne » détournés hors de leur objet, son association aurait heureusement bénéficié de 60.000 euros, plus quelques babioles via la LICRA.
Portrait vidéo
Formation
Il est diplômé en sciences politiques de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence (2004). Son mémoire, dirigé par Guy Drouot, professeur en sciences de l’information et de la communication, est consacré à la médiologie de Régis Debray. Sa dilection pour le compagnon de route du Che semble avoir marqué ses années de formation intellectuelle, tant et si bien qu’il confesse sa dette envers le vieux maître sur le forum du Nouvel Obs en 2005 « Mon cher Monsieur Debray, je me permets une telle familiarité car le peu de choses auxquelles je crois, en matière politique, ce sont vos livres sur cette éternelle et répétitive comédie, la politique. » Il poursuit des études de géopolitique à Paris VIII avant de préparer le concours d’entrée à l’ENA à l’IGPDE (Institut de la gestion publique et du développement économique).
Parcours professionnel
En 2004, il devient rapporteur à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) de Montreuil. Cette « profession » consiste à rédiger des rapports sur la demande d’asile d’un étranger, puis de la présenter devant les juges lors de l’audience. Il n’est pas rare que les rapporteurs soient des militants zélés, qui ont pour vocation de « sauver le plus de personnes possibles ». Six ans plus tard, il entre au service de la Jeunesse et des Sports de la mairie de Paris et occupe la fonction de chef du bureau des affaires financières. Il est nommé, en 2015, délégué de signature du maire de Paris pour les affaires juridiques et financières de la Direction de la Jeunesse et des Sports de la Mairie de Paris. Il vit de son activité de directeur de l’Observatoire à partir de 2017, date qui coïncide avec le soutien financier apporté par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Fin septembre 2021 il est nommé par Emmanuel Macron comme un des quatorze membres de la commission « Les Lumières à l’heure du numérique » pour lutter contre le complotisme et les fake news. La commission présidée par Gérald Bronner, lui-même auteur de fausses nouvelles, est vivement critiquée et un de ses membres démissionne immédiatement.
Pratiquement au même moment il est annoncé comme chroniqueur de Franc-tireur, un nouvel hebdomadaire de ligne « centriste » lancé par le tchèque Daniel Kretinsky courant novembre 2021, dans la perspective des élections de 2022 en France, avec un clair soutien en faveur d’Emmanuel Macron.
Parcours militant
Ses premiers écrits connus sont publiés dans la Revue Républicaine, d’inspiration gaulliste et souverainiste. Puis, il orbite autour de la galaxie néo-conservatrice française et fréquente celui qui deviendra un temps son mentor, Pierre-André Taguieff. Il crée le site Conspiracy Watch « tout seul dans son coin » en 2007. Son intérêt pour les théories du complot s’éveille dans la foulée du 11 septembre, alors que les théories remettant en cause la version officielle de l’attentat foisonnent sur le net. Sa première cible, qui subit les foudres de Reichstadt sur son site bien avant l’éclosion dissidente des futures têtes de turcs Dieudonné et d’Alain Soral, est Thierry Meyssan, l’animateur du site Réseau Voltaire. Plutôt qu’un observatoire, le site a tout d’un blog collaboratif. A mesure que des évènements traumatiques et violents viennent ponctuer le quotidien des Français, les tentations complotistes s’intensifient et l’expertise de Reichstadt devient de plus en plus recherchée par les médias en peine de commentateurs attitrés sur un thème en vogue.
L’adresse de l’Observatoire est volontairement tenue secrète, comme tient à le préciser le journaliste de Heidi News en préambule d’un entretien avec Reichstadt : « L’homme me reçoit dans les nouveaux locaux de l’Observatoire du complotisme, dont l’existence n’est pas mentionnée à l’entrée du bâtiment. « On préfère rester discrets », m’explique-t-il avant de me montrer une vidéo de l’ancien siège pris d’assaut par des complotistes survoltés. Il me demande de ne mentionner aucun détail pouvant permettre au lecteur de situer le lieu ».
Il adhère au Printemps Républicain en 2016, mouvement de gauche prônant une laïcité dure et acquis au vallsisme, fondé par Gilles Clavreul, qui devient par la même occasion un contributeur du site. Il signe en 2018 une pétition parue dans Le Monde demandant à l’État d’Israël de reconnaître officiellement le génocide arménien, mais cet appel reste sans effet, le gouvernement ayant mis son veto à cette décision qui heurte ses intérêts commerciaux et stratégiques.
Il est un interlocuteur sollicité par le Mémorial de la Shoah, et intervient aussi dans des établissements d’éducation secondaire auprès d’élèves de collégiens. Il a dispensé des formations sur le rôle du complotisme à la Mairie de Paris, son ancien employeur, et s’apprête à la faire au Cnam.
L’affaire des fonds Marianne
En octobre 2020, Samuel Paty, enseignant à Conflans-Sainte-Honorine, est sauvagement assassiné par un islamiste tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans son cours. Un tel acte appela une réaction politique. Celle-ci se fera par la voix de celle qui est alors ministre déléguée à la citoyenneté auprès de Gérald Darmanin : Marlène Schiappa. Le 20 avril 2021, Schiappa annonce sur le plateau de BFMTV la mise en place d’un fonds Marianne pour combattre les discours « séparatistes » et défendre les valeurs républicaines sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne. Deux ans après cette annonce, le 29 mars 2023, Marianne et France 2 révèlent que ce fonds, d’un montant de 2,5 millions d’euros, a été dilapidé dans des associations selon un motif douteux peu en adéquation avec sa vocation initiale. Rudy Reichstadt aurait bénéficié, au bas mot, de 60 000 euros de ce fonds pour son association Conspiracy Watch. Ce qui s’appelle un détournement par rapport à l’objet du fonds. Sans compter quelques prestations pour le compte de la LICRA, sur des fonds obtenus de la même manière.
Publications
- L’opium des imbéciles : Essai sur la question complotiste, Grasset, 2019
- Au cœur du complot, Grasset, 2023
Collaborations
Sondages
- Enquête IFOP sur le complotisme — Vague 2, janvier 2019
- Enquête IFOP sur le complotisme — Décembre 2017
Rapports
Interventions (non-exhaustif)
- Conseil de l’Europe (« From pandemic to infodemic: countering disinformation amid COVID-19»)
- Sénat (« Délégation à la prospective sénatoriale», « 10ème assises de la lutte contre le négationnisme »)
- Crif (« Comission Médias »)
- Ecole Supérieure de Gestion(«Secondes assises de la Lutte contre la Haine sur Internet »)
- Muséum Nationale d’Histoire Naturelle (« Réagir aux théories du complot », Journée d’Étude à l’instigation du Ministère de l’Éducation nationale)
- Cnam(«La démocratie à l’épreuve des théories du complot »)
Documentaires
« Complotisme : les alibis de la terreur », France 2, 60 min, 2017. Co-écrit avec Georges Benayoun
Il l’a dit
Israël
« Trouver des solutions à un problème suppose d’en dresser un diagnostic conforme à la réalité. Or, parler d’apartheid à propos de la situation prévalant en Israël/Palestine non seulement ne permet pas une appréciation juste de ce qui s’y joue, mais ne sert pas le camp de la paix.
Cela conforte le complexe obsidional et la paranoïa de ceux des Israéliens qui, voyant là la confirmation que seuls des Juifs sont à même de comprendre d’autres Juifs, se réfugient dans l’unilatéralisme. Il désarme ainsi ceux qui, au sein de la gauche israélienne ou parmi la diaspora juive, sont attachés à des solutions pacifiques au conflit du Proche-Orient et sont disposés à dénoncer la part de responsabilité israélienne dans le conflit et les injustices causées au peuple palestinien.
Côté palestinien, cela renforce le camp de ceux qui veulent en découdre, enhardit les tenants de la destruction de l’« entité sioniste » en cautionnant leur ligne politique faisant d’Israël une sorte d’État nazi avec lequel aucune négociation n’est possible. Enfin, cela justifie leurs moyens d’action, le terrorisme devenant une réponse légitime à l’abomination que constitue le « racisme israélien. », Agora Vox, 18 janvier 2017.
George Soros
« À travers ses fondations, Soros finance l’opposition à des régimes en voie d’autoritarisme. Il est accusé d’être une sorte d’agent du soft power américain, sans qui la contestation n’existerait pas, explique-t-il à Franceinfo. Il s’est passé la même chose avec les printemps arabes, lorsque certains disaient que c’était des coups d’État déguisés. […] Aujourd’hui c’est Soros, avant-hier c’était les Rothschild. Un juif milliardaire américain symbolise tout ce qu’on déteste. C’est un bon client pour les complotistes qui apparaît presque comme une aubaine. » francetvinfo, 16 novembre 2016.
François Asselineau
« Ce n’est pas quelqu’un de dérangé sur le plan psychiatrique, il est tout à fait sensé et raisonnable, ce qui tranche un peu avec les gens qui le suivent. […] Il envoie des signaux très forts en direction de la complosphère, ce qui explique qu’il y soit si apprécié. », Le Point, 10 mars 2017.
« Trump est la preuve d’une instrumentalisation politique réussie du complotisme. En France, il y a des candidats qui essaient de capitaliser sur cet imaginaire, mais avec moins de succès: Jacques Cheminade, tout comme François Asselineau, creusaient le sillon du complotisme de manière récurrente mais, cumulé, cela ne représente que deux pourcents dans les urnes, c’est négligeable. Cependant, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore François Fillon, qui a bâti une partie de sa campagne sur un complot de gens qui voudraient l’abattre, tous ces leaders politiques de premier plan ont utilisé la rhétorique complotiste, et c’est assez banalisé », Heidi News, 30/09/2022.
Jeffrey Epstein
« Pour beaucoup, Epstein a été assassiné et éliminé politiquement. C’est toute la contradiction logique des complotistes : ils passent sous silence les informations qui ne vont pas dans le sens de leurs thèses, ou considèrent que c’est un enfumage. », Le Parisien, 11 août 2019.
Incendie de Notre-Dame
« Mais c’est surtout s’agissant de la thèse de la manipulation que les sympathisants du RN se distinguent de manière spectaculaire des autres électorats. Alors que cette thèse ne concerne que 7 % des sondés en moyenne, et qu’elle ne recueille par exemple l’approbation que de 2 % des sympathisants de la majorité présidentielle, cette théorie du complot est trois fois plus prégnante parmi les sympathisants du RN (21 %), ce qui corrobore le constat, déjà formulé dans nos travaux antérieurs, d’une porosité très forte de l’électorat frontiste à l’imaginaire conspirationniste. », Fondation Jean Jaurès, 14 avril 2020.
État profond
« Si le concept peut faire valoir ses prétentions à rendre compte imparfaitement mais sûrement d’une partie bien tangible de la réalité dans le contexte de régimes semi-démocratiques ou autoritaires comme en Turquie et en Egypte (on parle en arabe de “dawla âmiqa”), où le pouvoir civil est placé sous la surveillance, voire la tutelle directe de l’armée, il apparaît en revanche autrement plus discutable de parler d’ ”Etat profond” s’agissant de démocraties libérales politiquement stables, garantissant les libertés publiques fondamentales, dotées de contre-pouvoirs efficients, d’une presse plurale et d’un Etat de droit authentique. », Huffington Post, 26 août 2017.
Didier Raoult
« Raoult est devenu l’homme providentiel pour beaucoup de personnes. Les gens disent qu’il a une solution, point. Il y a là une tentation antiscientifique. », Le Monde, 8 avril 2020.
Thinkerview
« Ils ont une vision de la démocratie qui serait un théâtre d’ombres, avec l’idée que ceux qui gouvernent réellement ne sont pas ceux que l’on croit. […] Il invite des gens comme Michel Collon, Kémi Séba, Étienne Chouard ou encore Juan Branco, qui participent de cette mouvance complotiste. Il contribue à banaliser la parole de ces gens-là, qui n’élèvent pas le débat. Il leur donne une légitimité, une caution évidente et accroît leur audience. », france info, 22/05/2019
Audiovisuel public
« On observe en effet des incursions conspirationnistes jusque dans l’audiovisuel public, ce qui est problématique dans la mesure où il est particulièrement prescripteur, au moins symboliquement. Un reportage sur une chaîne publique, aux yeux de beaucoup de gens, aura plus de crédit que s’il est diffusé sur une chaîne privée. Or, ces dernières années, ont été diffusés des reportages nous expliquant que Pierre Bérégovoy ne s’était pas suicidé et qu’il avait été probablement assassiné, ou que Lady Di ne s’était pas tuée dans un accident de voiture. Je rappelle que c’est un talk-show de Thierry Ardisson, diffusé à l’époque sur France 2 et qui était le plus regardé en France, qui a lancé la carrière de Thierry Meyssan en mars 2002 ! », Audition au Sénat, 23 avril 2020.
« Le cadre démocratique suppose des exigences qui ne sont pas neutres. Nous menons un combat politique. » Libération, 24 avril 2023
Sa nébuleuse
Jean-Yves Camus : journaliste et politologue spécialiste de l’extrême-droite, directeur de l’Observatoire des radicalisés politiques de la Fondation Jean-Jaurès, dont Reichstadt est membre. Première fondation politique française, elle est un laboratoire d’idées proche du Parti Socialiste, même s’il a été supplanté depuis quelques années par l’Institut Montaigne et Terra Nova en termes d’influence réelle dans les cercles de pouvoir. Camus est également membre du conseil scientifique de la DILCRAH depuis 2016.
Pierre André-Taguieff : Reichstadt a publié dans la revue trimestrielle Le Meilleur des Mondes, prolongement du cercle de pensée néo-conservateur Cercle de l’Oratoire, dont Taguieff fut le fondateur. Semble s’être éloigné depuis.
Bernard Henri-Lévy : invité par deux fois au séminaire de la Règle du Jeu
Caroline Fourest : la passionaria de la laïcité a publié Reichstadt dans sa revue « Prochoix », tout comme un autre croisé anti-raciste Tristan Mendès-France, et le fait apparaître dans son documentaire, diffusé sur France 5, Les Obsédés du Complot.
Valérie Igounet : directrice adjointe de l’Observatoire du conspirationnisme. Docteure en histoire (Sciences Po Paris) et chercheuse associée à l’IHTP (CNRS), ses méthodes et son militantisme à peine voilés ont été mis en exergue par l’OJIM.
Thomas Huchon : Fils du rocardien Jean-Paul Huchon qui fut président du Conseil Régional d’Île-de-France, et ancien correspondant pour le compte de médias français au Chili, il est le réalisateur de documentaires partisans diffusés sur des chaînes publiques (« Allende : c’est une idée qu’on assassine » sur LCI, « Comment Trump a manipulé l’Amérique » sur France 2). Il est l’auteur d’une série de courts reportages dédiés à la déconstruction des mécanismes complotistes, ainsi que d’un long-métrage auquel a collaboré Reichstadt, « Comment nous avons piégé les complotistes », qui documente la propagation d’une théorie du complot inventé par les auteurs eux-mêmes. « Une chose est sûre : ces théories se rejoignent toutes sur l’idée qu’une toute petite minorité de gens gouverne notre monde, se taille la part du lion et nous empêche d’être la pleine expression de nous-mêmes. Je décide alors de concilier tout ce que je sais sur le sujet en y ajoutant les théories sur le négationnisme. À partir de là, je vais rencontrer Rudy Reichstadt et on va commencer à travailler ensemble ; au même moment, Spicee va être créé. » (Ballast, 11 avril 2016).
American Jewish Committee : Reichstadt a participé au colloque « Le Sursaut » organisé par la vénérable et influente organisation juive américaine, qui peut se targuer d’un réseau international particulièrement dense. Dans un article datant de 2005, Reichstadt notait déjà que Nicolas Sarkozy avait cherché son soutien dans le but de conquérir le « vote juif » et caractérise l’entité comme « influent[e] ». Manuel Valls, alors Premier Ministre, prononce une allocution lors de la séance de clôture Il notait déjà Il est proche de la directrice de la branche française de l’organisation, Anne-Sophie Sebban.
CLEMI : Le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information « remplit sa mission pédagogique grâce à un réseau constitué d’une équipe nationale et d’équipes académiques (au sein des rectorats) et travaille en partenariat avec les professionnels des médias pour déployer ses actions et ses projets. » Le site de Reichstadt est cité comme une ressource potentielle dans les dossiers pédagogiques rédigés pour le compte de l’organisme.
CNAM : Olivier Faron, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers, a confié le 29 octobre 2019, une mission consacrée au développement d’une offre de formation sur la lutte contre le complotisme et l’antisémitisme. Celui-ci se montre très élogieux sur Twitter et n’hésite pas à user d’un vocabulaire martial pour justifier son Kulturkampf : « Les complots pullulent et il faut se doter des armes pour les combattre. Fier que @RReichstadt ait rejoint @LeCnam pour cette autre « guerre ». » (Twitter, 29 mars 2020).
Service d’information du Gouvernement : Il est invité à s’exprimer aux entretiens du SIG en février 2015 sur le thème « Déconstruire le conspirationnisme ». L’organe ministériel, qui est chargé de diffuser la communication du gouvernement et d’analyser sa réception auprès du grand public, engage Reichstadt comme consultant sur le projet de campagne de communication On te manipule, comprenant vidéo humoristique et site internet ad hoc, lancée courant février 2016.
DILCRAH : La délégation interministérielle à la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et la haine s’est associée en 2018 et 2019 à l’Observatoire du Conspirationnisme dans le cadre d’une campagne audiovisuelle consacrée à la déconstruction des discours complotistes appliqués au négationniste et à l’homophobie. Rappelons que Reichstadt est un intime de Gilles Clavreul, ancien directeur de la DILCRAH entre 2014 et 2017.
Fondation pour la Mémoire de la Shoah : Fondation reconnue d’utilité publique, créée en 2000, elle a été successivement présidée par Simone Weil et David de Rotschild. L’organisme apporte un soutien financier à Reichstadt et Igounet depuis 2017 dans le cadre de leur lutte contre l’antisémitisme.
Fonds Social Juif Unifié : Reichstadt a publié et a donné des entretiens à l’organe de presse de l’association, L’Arche, et s’est adonné à une tournée de conférences nationale au profit du FSJU dans le cadre de la promotion de son livre.
Ils ont dit
« Dans son documentaire, elle fait témoigner Rudy Reichstadt, présenté comme animateur du site Conspiracy Watch. Il n’aurait pas été inutile pour l’information du public de préciser qu’il est également collaborateur à la revue “ProChoix” que dirige Caroline Fourest. Par ailleurs, un rapide coup d’œil sur le site de Conspiracy Watch confirme que ce site est principalement consacré à la dénonciation des critiques de la politique israélienne. », Pascal Boniface, L’Obs, 11 février 2013.
Nos trois chercheurs sont un bon exemple de la manière dont nos élites agissent pour préserver leurs intérêts : elles prétendent agir pour l’intérêt général et tiennent un discours technique, scientifique qui ne laisse rien voir de leurs intentions (ici l’utilisation du vocabulaire de la sociologie, le terme d’ « observatoire » pour désigner le site Internet pourtant très politique de Rudy Reichstadt) et qui donc cache leurs intérêts réels au plus grand nombre. L’un des objectifs de leur action est de discréditer la critique sociale. Ils ont d’ailleurs commencé а s’en prendre а ceux de leur propre profession, ces sociologues qui, dans la lignée de Pierre Bourdieu, étudient les mécanismes de reproduction des élites et de préservation de leur domination, notamment а l’école. Ensuite, ils discréditent toute une partie de la gauche antilibérale, accusée elle aussi de complotisme, puisqu’elle dit que les plus riches influencent la vie politique а leur avantage. L’anathème qu’ils ont créé produit des effets puissants, de censure et d’auto-censure, avec une apparence de neutralité scientifique, qui conduit а la préservation de l’ordre social dont ils bénéficient. Gérald Bronner a du être bien apprécié des partisans du nucléaire pour avoir sa place au conseil scientifique d’Areva. Tandis que Reichstadt et Taguieff produisent des analyses qui plaisent bien aux grands médias pour être devenus leurs interlocuteurs privilégiés. Dans le champ de la recherche, ils sont accrédités par le CEVIPOF, laboratoire de Sciences Po Paris qui a un quasi monopole sur la description des attitudes politiques des Français et qui est trusté par des chercheurs sympathisants ou militants PS ou Les Républicains. », Mediapart, 14 juillet 2016
« Les médias se sont assez largement faits l’écho d’une enquête de l’IFOP commandée par la Fondation Jean Jaurès sur le conspirationnisme dans l’opinion publique française. […] En découvrant que le climato-réalisme était associé à une théorie du complot, mon premier réflexe a été de m’énerver. Il devrait être évident pour tout le monde que ne pas adhérer à une opinion scientifique dominante n’est pas la même chose que de supposer l’existence d’un complot ! Il y a quand même une différence facile à voir entre le climato-réalisme et le fait de nier la réalité des missions Apollo, par exemple, qui ne peut se faire qu’en supposant une conspiration de la NASA. De même, le créationnisme ou la théorie de la Terre plate, si fausses que soient ces idées, ne relèvent pas du complotisme. La Fondation Jean Jaurès a donc rangé sous le vocable fourre-tout de « complotisme » toute contestation d’une pensée dominante, c’est là une erreur méthodologique coupable. », Benoît Rittaud, Contrepoints, 11 janvier 2018.
« Il se présente pompeusement comme « politologue de formation », « directeur de Conspiracy Watch, l’observatoire du conspirationnisme » et « membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès ». Adoubé par le ministère de l’éducation nationale, qui le met à l’honneur dans sa ressource en ligne « Déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes », Rudy Reichstadt n’a pourtant rien d’un chercheur. Et son site relève davantage du blog collectif que d’un quelconque « observatoire ». » , Le Monde Diplomatique, avril-mai 2018.
« L’essentiel, c’est que beaucoup de ces dix théories sont des théories dont on peut supposer par avance qui si elles sont populaires, elles seront plutôt populaires chez les individus qui n’ont pas une place élevée dans la hiérarchie sociale. Dès lors, il est logique et attendu que les conclusions de l’étude démontrent que ceux qui croient aux théories du complot sont surtout des pauvres, mal éduqués, qui votent pour les extrêmes, et des jeunes qui n’ont pas de recul sur l’actualité ou sont intoxiqués aux réseaux sociaux.
Or quels auraient été les résultats si l’on avait proposé d’autres théories du complot ? Par exemple :
Les gilets jaunes sont un mouvement créé ou entretenu par la Russie pour déstabiliser le gouvernement ;
Christophe Dettinger a été aidé par un avocat d’extrême-gauche, ça se voit, il n’a pas les mots d’un boxeur gitan ;
Le RIC est une idée poussée par l’extrême-droite pour faire revenir la peine de mort ;
Les serveurs Huawei sont équipés de mouchards qui permettent aux Chinois de nous espionner ;
Donald Trump est un agent russe ;
Mediapart est une officine au service de l’opposition.
Ce sont tout autant des théories du complot non démontrées (ce qui ne veut pas dire qu’elles sont toutes fausses), mais ce ne sont pas celles retenues et donc testées par Conspiracy Watch et la Fondation Jean Jaurès. Il est pourtant probable qu’au moins une partie de ces théories aurait été approuvée, pour le coup, par des citoyens parfaitement bien informés, éduqués, rémunérés… ce qui aurait beaucoup modifié la cartographie sociologique des résultats. Le choix des propositions énoncées oriente donc la conclusion des réponses. », Guillaume Champeau sur son blog personnel, billet datant du 6 février 2019.
« Il y a un point central, que personne ne relève : que teste-t-on dans ce sondage en réalité ? Le « complotisme », certes. Mais, pour faire simple, cela revient à tester, la crédulité, voire la franche stupidité des sondés (rappelez-vous de la question « la Terre est-elle plate ? » de l’année dernière). En plus, les sondés ont bien vu l’utilisation politique qui a été faite de ce sondage l’année dernière – pour dire qu’une part importante de Français sont bêtes.
C’est assez inédit dans le monde du sondage ! Mais peut-on sérieusement penser que sonder les gens sur « Êtes-vous un con ? » ne va pas avoir des conséquences quant à leur façon de répondre ? D’autant que l’objet du sondage est de ne s’intéresser qu’à ceux qui répondront oui… », Olivier Berruyer, Les Crises, 9 février 2019.
« Dans l’émission “Ils changent le monde” sur France Inter qui traitait ce jour-là du “complotisme”, Caroline Fourest a affirmé que Salvador Allende était mort d’un “assassinat” (et non d’un suicide comme l’affirment pourtant la justice chilienne et les experts médico-légaux qui ont examiné le corps).Cette théorie conspirationniste de “l’assassinat” d’Allende est alors approuvée par Rudy Reichstadt en ces termes: « il n’y a aucun doute ! »Manifestement, les pseudo-experts Rudy Reichstadt et Caroline Fourest parlent d’un sujet qu’ils ne maîtrisent pas du tout… Valider une théorie du complot démentie par tous les (vrais) experts sur le sujet dans une émission de service public censée dénoncer le complotisme, il fallait le faire! », Cinquième Colonne, 21/11/2020.
« Pour l’heure, incapable, la parole autorisée cherche fébrilement quelque autre ressource — mais forcément au voisinage de ses formes de pensée invétérées. Idée de génie et redéploiement pédagogique : on va aller leur parler. Mais gentiment cette fois. On va leur écrire des lettres, en leur disant qu’ils sont nos amis — c’est donc la version Libération. Il y a celle du Monde. Si l’ambiance générale n’était pas si flippante, ce serait à se rouler par terre de rire. Tout y est. On va chercher Valérie Igounet de Conspiracy Watch — on avait l’habitude jusqu’ici de Rudy Reichstadt mais lui est trop épais, c’était l’anticomplotisme première manière, maintenant on ne peut plus le sortir », Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique, 25/11/2020.
« La République est pour lui un terrain de jeu tout autant menacé par des extrêmes, à gauche et à droite, qu’il assimile sans aucune nuance : « Zemmour dit des choses qui auraient pu être écrites par Lordon », balance-t-il comme si la chose allait de soi. Pas étonnant que la gauche radicale, celle du Monde diplo par exemple, ne l’aime pas. Elle lui reproche ses biais idéologiques sous couvert d’un travail prétendument scientifique, d’être un militant déguisé. » Libération, 24 avril 2023.