De la météo au CSA
Sébastien Folin, né en avril 1970 à Antananarivo, à Madagascar, est un animateur de télévision et de radio. En mars 2016, il rejoint l’observatoire de la diversité du CSA pour un mandat de deux ans.
Formation
Sébastien Folin a passé son baccalauréat en 1988 et a directement commencé à travailler, sans faire d’études.
Parcours professionnel
1985
Il a juste quinze ans et il officie sur Radio Arc-en-ciel, la radio de l’évêché de Saint-Denis-de-la-Réunion où il habite.
1989
Il se lance professionnellement dans la radio sur RFM, toujours à la Réunion, jusqu’en 1993.
1991
Il devient également animateur télé, sur Antenne Réunion, une télévision privée de l’île pour des magazines pour ados, des émissions musicales, des magazines culturels et la météo dès 1993.
1996
Alors que NRJ est lancé sur l’île, il devient son directeur d’antenne et anime les matinales. La même année, il se lance dans la réalisation vidéo.
2000
Arrivé à Paris, il travaille pour la télé web de Michel Field, alatele.com, et il continue la réalisation de magazines télés pour la 5ème, MCM, Paris Première, 13ème rue.
2001
Sébastien Folin devient le « monsieur météo » de TF1 en présentant les bulletins météo de la chaîne pendant sept ans.
2003
Il anime, aussi sur TF1, l’émission Vidéo Gag avec Olivia Adriaco.
2004
Il retrouve la radio, en l’occurrence RTL, pour animer l’émission Tiroirs Secrets.
2005
il renforce sa présence sur RTL avec l’émission On refait la télé qu’il coanime avec Isabelle Morini-Bosc et Emmanuel Maubert.
Parallèlement, avec sa société de production Kaflakour, il produit une série de programmes courts pour TF1, l’Amour à 20 ans.
2006
Côté radio, il prend les manettes de l’émission Le Morning 100 % musique sur RTL2. Côté télévision, il présente l’émission musicale Acoustic sur TV5 Monde, qu’il continue toujours d’animer aujourd’hui.
2008
Il anime pendant l’été l’émission Destination Ailleurs sur RTL, consacrée aux Français expatriés ou d’outre-mer.
2009
Alors que Vidéo Gag est terminé, il présente Galiléo, un magazine ludique et scientifique de reportages, sur TMC, une chaîne du même groupe que TF1. La présentation des bulletins météos ne lui suffisant pas, il quitte la chaîne privée pour rejoindre le service, où il présente dès septembre 2009 sur France 2 ADN : accélérateur de neurones, un rendez-vous hebdomadaire consacré à la science et Grandeurs nature, un magazine, hebdomadaire également, sur la nature cette fois-ci.
Il créé la même année la société de production La belle télé, avec Olivier Drouot-Bonnemazon qui « coproduit notamment les Victoires du jazz et effectue de nombreuses captations de spectacles vivants », selon TV Loisirs. Leur deuxième axe de développement concerne Internet et les plateformes de diffusion culturelles, comme Culturebox ou Arte Live.
2011
Lorsque ses deux émissions sur France 2 s’arrêtent, Sébastien Folin passe sur France Ô pour présenter Le Lab Ô. Ce rendez-vous culturel quotidien est diffusé en deuxième partie de soirée. Avec des chroniqueurs, il entendait « mixer la culture et les cultures, marier les gens, croiser les styles, fusionner toutes les disciplines de la création ».
2012
Il passe ensuite aussi sur France 3 en présentant le jeu télévisé Harry, qui est toujours diffusé.
2015
Le Folin hebdô remplace Le Lab Ô. C’est un talk-show avec des chroniqueurs : le philosophe Vincent Cespedes, la journaliste Leïla Kaddour, l’historien Fabrice d’Almeida et les humoristes Frédéric Sigrist et Aline Afanoukoé. Le concept est de la même veine que Le Lab Ô, Sébastien Folin annonce comme punch-line : « Toutes les origines, toutes les opinions, c’est dans un seul show, le folin hebdo, si l’actu vous effraie autant qu’elle vous amuse, si vous cherchez à distinguer le faux du vrai dans tout ce que vous voyez, si vous aimez le débat intelligent et amusant, passez-nous voir ! ». Il a différentes chroniques récurrentes, comme le banania d’or « la séquence préférée de Florian Philippot », où il distribue des mauvais points pour les personnalités politiquement incorrectes. Ou une séquence Minority report où son chroniqueur Frédéric Sigrist détermine de quelle minorité font partie des personnalités telles que Marion-Maréchal Le Pen ou le Cardinal Barbarin. Pour la première, « Les jeunes qui vivent avec des idées de vieux con » et pour le second : « les mecs qui ouvrent leur bouche quand il faut pas et se taisent quand il faut. Les scandales pédophiles dans l’église, c’est comme les James Bond, c’est tous les ans et il n’y a que les acteurs qui changent ». Il propose parfois des numéros spéciaux sur les femmes, la discrimination ou le Sida par exemple.
Il présente aussi dix programmes courts dans le cadre de la plateforme éducative « les dessous de l’Océan », sur France Ô.
2017
Il présente une fois par mois C’est pas le bout du monde, d’une durée de 90 minutes et consacrée aux territoires d’outre-mer.
2018
Arrêt du jeu télévisé Harry début janvier malgré de bonnes audiences ; il démarre un talk-show bi-mensuel, Clair-Obscur, sur France Ô, chaîne dont la disparition est prévue à l’horizon 2020. L’émission – implantée dans le studio Harcourt et donc diffusée en noir et blanc – est créée avec son associé Olivier Drouot et sa société de production La Belle télé. Il explique à Ozap (17/1/2018) qu’il a « une touche sur une série autour du hip hop chez Blackpills et on est en co-production avec EndemolShine sur une grosse série en trois saisons sur le monde du sport qui intéresse les principaux diffuseurs ».
Parcours militant
Unicef
En 2009, Sébastien Folin devient parrain de l’Unicef dans le cadre d’un programme de lutte contre le paludisme. Il a soutenu au côté de Baygon, la célèbre marque d’insecticides (sic) la journée mondiale de lutte contre le paludisme. En novembre 2011, il a participé à l’album de Thierry Gali Il était une fois, en soutien de l’action de l’Unicef.
Animaux
Il a parrainé en 2009 Émilie et Kouzola, deux chimpanzés sauvés du braconnage par l’association Help Congo qui lutte pour la protection des grands singes et contre la déforestation. « Si nous ne réagissons pas, d’ici 5 à 15 ans, les chimpanzés ne seront plus qu’un joli souvenir. Notre planète se meurt et il est important de soutenir de telles initiatives et des associations comme Help Congo qui, chaque jour, essaient de conserver notre écosystème », explique-t-il.
Sida
Administrateur de l’association Solidarité Sida depuis 2008 ans, Sébastien Folin est depuis 2015, le président du Fonds Afrique. « Celui-ci est dédié aux actions des associations africaines partenaires financées par Solidarité Sida : l’accès aux traitements, la formation, le soutien psychosocial, l’aide aux personnes sur place ». Également engagé dans le Sidaction 2015, il a consacré des émissions spéciales à cette opération, lors du Folin hebdô et l’année précédente lors du Labô avec une élégante démonstration « comment mettre une capote ».
Observatoire de la diversité du CSA
Sébastien Folin siège désormais pour deux ans dans cet observatoire. Un engagement au service des minorités visibles qu’il relate dans plusieurs interviews (voir Il a dit).
Ce qu’il gagne
Non renseigné
Ses publications
- Les Fils du Volcan, Paris, éditions Anne Carrière, 2008. Des illustrations sont réalisées par sa femme Ketty Pausé Folin.
- La part verte des choses, Paris, éditions Florent Massot, 2011.
Productions
Il a notamment réalisé avec sa société de production et Jérôme Julienne et John Jackson, Vacarme en haute mer, un documentaire sur la pollution sonore des océans, diffusé sur France Ô.
Il l’a dit
Ce n’est pas pour rien qu’il a été nommé à l’Observatoire de la diversité du CSA, dans ses interviews, il revient beaucoup sur cette question des minorités visibles dans le paysage audiovisuel français.
Il explique par exemple à Philippe Vandel, dans Tout et son contraire sur France Info : « La télé est le reflet de la société, elle a donc besoin de montrer la société qui est bigarrée et métissée. Je crois aussi à la valeur d’exemple de la télé qui est le reflet de ceux qui ont réussi et ce serait bien qu’en regardant la télé, on trouve des gens qui nous ressemblent ».
Et sur le blog Africamix : « Je souhaite que la télé ressemble de plus en plus à la France. Je suis content que France Ô montre la diversité de la société française. Mais dans un groupe comme France Télévisions, une seule chaîne doit-elle représenter cette diversité ? Pas sûr que ce soit la bonne idée. Si la France est diverse, elle l’est partout. »
Concernant le choix des artistes pour Accoustic « On essaye d’avoir un équilibre entre les femmes, les noirs, les jaunes et les rouquins également ! », blague-t-il.
En répondant au site afrik.com qui l’interroge pour savoir s’il a bénéficié de la discrimination positive : « Soyons clair, à la mort d’Alain Gillot Pétré, TF1 cherchait un présentateur météo de couleur. Ils ont vu mes différentes prestations sur des chaînes à la Réunion. Ils m’ont sollicité pour faire un test. Si je n’avais pas fait l’affaire, ils ne m’auraient pas gardé. Ma place à TF1, je la dois à mon sérieux et à mon professionnalisme. »
Et dans une autre interview : « Me mettre à l’antenne sur la météo est une démarche avant-gardiste. Les chaînes mettent des “cautions” de couleur, mais souvent à des horaires indus. Mais je présente tout de même le programme le plus regardé de TF1. C’est une démarche volontariste forte de la part d’une chaîne qui cherche à changer son image populiste et démagogique. Mettre un Beur ou un Noir dans une émission de variétés pour faire rigoler, ça passe. Mais la météo c’est de la vulgarisation scientifique. Qu’un Noir parle de choses sérieuses, c’est moins évident. Cela montre que les mentalités évoluent en France. Au milieu des années 80, Rachid Arhab n’avait pas tenu deux semaines à la présentation du journal télévisé. Lorsqu’il est revenu au 13 heures il y a 4 ans, il n’y a pas eu la même levée de boucliers ».
Sur la question des quotas dans les médias : « Je suis pour que les médias, en l’occurrence la télé et la radio, ressemblent à la société. Mais le recours au quota me paraît simpliste. Au-delà de la couleur ou des critères physiques, ce qu’il faut c’est la compétence, le savoir-faire. Mais c’est vrai que les choses ne sont pas si évidentes, et qu’à compétences égales, on ne pense pas systématiquement à embaucher un black ou un beur ou même un Asiatique ».
Et concernant l’intégration : « Moi, ça me fait toujours marrer quand on me cite comme symbole d’intégration. Je n’ai pas à m’intégrer. Je suis Réunionnais, français depuis plus de quatre cents ans. Les gens font trop d’amalgames. Pour revenir à la question d’intégration, il faut que la société française dans sa totalité apprenne l’acceptation de l’autre. Ces problématiques d’intégration ne vont pas sans celles du racisme. L’intégration commencera véritablement quand les immigrés se sentiront acceptés d’une part et d’autre part, quand les immigrés s’adapteront à la société d’accueil. La haine, les frustrations développent le repli sur soi. Il ne faut plutôt pas aller dans cette direction. »
Concernant la chaîne France Ô : « C’est une chaîne généraliste, d’ouverture sur le monde, de métissage, plutôt axée sur la culture urbaine et qui prône l’ouverture à l’autre. »
Pour le blog africamix, il affirme encore vouloir « métisser les cultures, dans une curiosité et une convivialité bienveillante » et « Avec un père indien, une mère malgache, une grand-mère indonésienne, un grand-père réunionnais et un deuxième père bordelais, cela donne une richesse un peu déstabilisante : un peu tout et pas forcément pleinement… Mais tu es de là où tu vis. »
Sur la musique et son émission Acoustic : « Acoustic est un peu mon bébé. Je reviens à mes premiers amours. La musique berce ma vie depuis toujours. J’ai commencé à l’âge de quinze ans, à La Réunion, sur Radio Arc en Ciel, la radio des gens heureux. C’était tout à fait pour moi ! » raconte-t-il dans un article, Monsieur Météo est aussi apôtre de la musique.
Sur la radio : « La radio m’a sauvé la vie, c’est devenu le centre de ma vie » raconte-t-il.
Sur son métier d’animateur : « J’envisage ce métier comme une carrière, même si c’est difficile d’exister. Il faut donc faire attention à ses choix. Et, parfois, le chèque qu’on te propose est tentant. Mais il faut avant tout garder l’envie, la passion », affirme-t-il sur le blog Africamix.
En décembre 2014, il répondait aux questions de Pure Media sur ce qui l’avait marqué en 2014 :
« Le fait d’actualité le plus marquant de l’année ? La sonde Rosetta. J’ai adoré le côté fédérateur de l’événement. Que tout le monde regarde ensemble vers les étoiles, je trouve ça très poétique ! » « Le journaliste de l’année ? Roselyne Bachelot. Elle a merveilleusement réussi sa reconversion. Il ne lui reste plus qu’à voler de ses propres ailes, j’ai hâte de voir ça. » « La Une de presse de l’année ? “Libération” : “Nous sommes un journal” ».
« Il y a un climat de confiance avec France Ô, avec qui je travaille depuis 2011. Ils savent que quand on leur propose quelque chose, c’est toujours avec une réflexion éditoriale et un vrai parti pris », Ozap/PureMédias, 17 janvier 2018.
« On a beau penser ce qu’on veut du CSA, mais il cadre la parole à la télévision. Le web n’est pas du tout cadré, et c’est compliqué de le cadrer ! Le plus important, c’est l’éducation. Il faut apprendre aux jeunes ce qu’est un journaliste, ce qu’est une fake news… », ibid.
« Tout ce que j’ai fait et tout ce que je suis aujourd’hui, je le dois à TF1, à Etienne Mougeotte et Xavier Couture qui ont cru en moi, qui sont venus me chercher, qui m’ont proposé la météo. Ce sont de belles années ! Ce qui me manque, c’est le direct, cette petite boule à l’estomac avant le “5, 4, 3, 2…” et se retrouver devant 6, 7 ou 8 millions de téléspectateurs. J’ai même fait des pointes à 13 ou 14 millions de téléspectateurs soit lors des mi-temps d’un match de foot ou lors de pics de chaleur. Ca flatte l’égo d’avoir été l’animateur le plus regardé d’Europe ! », ibid.
« Il est clair que je ne fais pas partie des plans de France Télévisions en tant qu’animateur. Je ne croule pas sous les propositions de France 2, France 3 ou autre. Aujourd’hui, avec mon associé, je m’oriente vraiment vers la production », ibid.
« L’ironie du sort, c’est que depuis cinq ans, nous [pour le jeu télévisé Harry, arrêté début janvier 2018] avions une clause d’audience à 10% qui n’était jamais respectée. Et au moment où la décision est prise, au mois de mars ou avril, on est à 12,5% ! Ce ne sont pas les audiences qui ont poussé la chaîne à arrêter l’émission”, a‑t-il ainsi affirmé. “C’est le désir de mettre en avant Cyril Féraud. Il fallait trouver une case pour lui. Cyril Féraud est le nouveau roi de France 3, et j’en suis ravi pour lui, tant mieux ! On est un peu les dommages collatéraux de cette décision », Ozap/Puremédias, 18 janvier 2018.
« Moi je cherche à avoir une certaine continuité dans mon travail, d’avoir toujours au moins une émission à l’antenne mais surtout d’avoir une continuité de ton. Je veux faire des émissions qui me ressemblent », 20 Minutes,13 février 2018.
« Le côté midinette admiratif, ça ne marche pas. Le secret d’une bonne interview, c’est de bien la préparer. L’émission est très chapitrée avec dix archives qui permettent à l’invité de réagir. Et moi j’arrive avec 70 questions préparées. Finalement j’en pose une quarantaine. Tout ça laisse assez peu de place à l’improvisation », ibid.
Ils ont dit
Le blog Africamix : « Avec un père indien, une mère malgache, une grand-mère indonésienne, un grand-père réunionnais, un deuxième père bordelais “qui fait chabrot”, Sébastien Folin ne pouvait que mixer les genres ».
Le site afrik.com : « Sébastien Folin, animateur noir du paysage audiovisuel français. » et « En un tour de main, Sébastien Folin, jovial fils de l’océan Indien, devient le Monsieur météo de TF1. Depuis janvier 2001, les Français découvrent en sa compagnie — un week-end sur deux — les mystères de l’anticyclone des Açores. Six à dix jours par mois, c’est donc un Noir qui présente ce programme à la popularité jamais démentie. Une première en France. »