OTAN pour elle
Sylvie Kauffmann est née le 30 octobre 1955 à Marseille, en France. Son père est médecin militaire. Grand reporter à l’étranger sur trois continents pendant de nombreuses années, elle est la première femme à diriger la rédaction du Monde. Ses nombreux sauts à travers le monde ne l’ont jamais fait dévier de la feuille de route atlantiste et fidèlement pro américaine qu’elle suit scrupuleusement depuis ses débuts.
Elle est mariée au diplomate de carrière Pierre Buhler. Polyglotte (anglais, allemand, polonais et russe), ce dernier a servi successivement à Varsovie et à Moscou avant de rejoindre la direction des affaires politiques du Quai. Il a été ensuite en poste aux États-Unis avant d’intégrer le cabinet du ministre de la Défense, Alain Richard, comme conseiller diplomatique. Il enseigne également les relations internationales à Sciences-Po. Après un passage à la tête de l’Institut Français (2017–2020), il est chargé de la diplomatie culturelle au CAPS (Centre d’analyse, de prévision et de stratégie). Elle l’accompagne dans ses déplacements et soigne son carnet d’adresses à chaque nouvelle mutation.
Piètre prospectiviste, elle se contente de commenter l’actualité en se faisant l’échotière du gotha de la pensée mondialiste. Et peu importe qu’elle se dédisse d’édito en édito, l’essentiel étant de complaire aux États-Unis et à l’Union européenne tout en vantant les mérites de leur relation privilégiée. Un exemple parmi tant d’autres : vent debout contre les velléités isolationnistes de Donald Trump, elle appelait de ses vœux une « position transatlantique proactive » en 2019 pour faire face aux crises diplomatiques rencontrées par l’UE.
Pourtant, suite à l’affaires des sous-marins australiens en septembre 2021 où les États-Unis ont montré le peu de cas qu’il faisait de la politique de défense française, elle argue que « ce n’est donc pas seulement la France qui est écartée de ce réalignement des alliances dans l’Indo-Pacifique pour faire face à la Chine, c’est aussi l’UE ». Elle ajoute que « La France prend une gifle monumentale en apprenant que Washington, Canberra et Londres ont négocié pendant six mois une nouvelle alliance de sécurité derrière son dos », alors même que, six mois auparavant, des généraux australiens exprimaient à la télévision nationale leur souhait de posséder des sous-marins à propulsion nucléaires. On a connu des conspirations plus secrètes. Surtout que les États-Unis ne font que faire primer leurs alliés historiques (Grande-Bretagne et Australie) sur leurs obligés historiques, ce que Sylvie Kauffmann se garde bien de mentionner.
En sa qualité d’épouse d’un ancien ambassadeur en Pologne, Sylvie Kauffmann épouse naturellement toutes les revendications de l’opposition libérale-libertaire au PiS; ici, elle accuse « l’escalade de haine dans la vie publique » d’être à l’origine de l’assassinat du maire de Gdansk, Pawel Adamowicz (présenté par elle comme « un homme d’ouverture et de tolérance »), fake news grossière démontée à l’époque par l’OJIM.
Formation
Elle a obtenu des diplômes du Centre de Formation des Journalistes de Paris (1979), de l’ Institut d’études politiques de Sciences Po Aix, de l’Université de Provence ainsi qu’une une licence d’espagnol glanée à l’Université de Deusto de Bilbao.
Parcours professionnel
1979 : Diplômée du Centre de formation des journalistes.
1979–1980 : Journaliste au desk France de l’AFP.
1980–1988 : Correspondante pour l’AFP à Londres (1980–1984), Varsovie (1985), Nouméa (1985) et Moscou (1986–1988).
1988–1993 Journaliste spécialiste de l’Europe de l’Est au Monde.
1993–2001 Correspondante à Washington (1993–1996), puis à New York (1996–2001).
2003–2004 Rédactrice en chef adjointe, responsable des grands reporters du Monde.
2004–2006 Directrice adjointe de la rédaction du Monde.
2006–2009 Grand reporter en Asie du Sud-Est. Dès sa nomination, elle multiplie notamment les reportages en Chine, en Birmanie, aux Philippines, et publie une chronique hebdomadaire en dernière page du quotidien.
Janvier 2010. Éric Fottorino la nomme directrice de la rédaction du Monde. Cette décision est saluée, déjà, par le New York Times, pour qui “ses articles sur les États-Unis ont été jugés tout à fait objectifs et admirables, compte tenu de la relation ambivalente que La France a souvent eu avec les États-Unis.” C’est pourtant sous sa direction que Le Monde s’associe avec trois grands journaux européens (Guardian, Der Spiegel et El Pais) pour publier les documents diplomatiques mis à la disposition du public par Julian Assange sur le site Wikileaks.
2011 : Candidate à la rédaction en chef du Monde. Si elle est la candidate des journalistes en interne, les actionnaires du vénérable quotidien (parmi lesquels Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse) lui préfèrent Erik Izraelewicz. Elle reste toutefois directrice éditoriale du quotidien aux côtés d’Alain Franchon et Gérard Courtois.
Sylvie Kauffmann est toujours éditorialiste au Monde, où elle tient une chronique hebdomadaire de géopolitique. Elle contribue également régulièrement aux pages Opinion du New York Times et intervient régulièrement dans l’émission « L’Esprit public » de France Culture.
Parcours militant
En 1998, elle participe au programme Young Leaders, organisé par la French-Américan Foundation. Cette organisation se consacre à « renforcer les liens entre la France et les États-Unis ». Fondée en 1976, son objectif avoué est d’encourager un dialogue actif entre les deux pays. Elle est surtout connue pour organiser des séminaires à destination de jeunes dirigeants (Young Leaders) français et américains issus de la politique, de la finance, de la presse « à fort potentiel de leadership et appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines ».
Collaborations
- 2018 : « Défiance et désinformation : la démocratie en péril ? » aux côtés de Pierre Haski (Rue89/Reporters sans frontières), et Romain Badouard (Université de Cergy-Pontoise). Organisé par l’IEA de Paris et la revue Esprit, le 21 mars 2018, dans le cadre du cycle de débats “L’esprit du temps”.
- 2019 : Elle fait partie du panel d’invités d’une conférence-débat du Forum Économique Mondial intitulée « Disinformation, Populism and Business: Navigating the Digital News Revolution », Défiance et désinformation : la démocratie en péril ?
- 2021 : « Réaffirmer l’unité transatlantique » au Sommet du G7, webinaire de l’Institut Aspen.
Récompenses
Elle est lauréate du prix Thucydide en 2002, une distinction qui récompense un journaliste de la presse écrite spécialisé dans les questions internationales. Les reportages primés sont une série d’articles sur les États-Unis après le 11 septembre, publiés du 14 au 17 novembre 2001 sous le titre « Chronique de l’Amérique en guerre ».
Publications
- 11 septembre, un an après (préfacière), éditions Le Monde/L’Aube Intervention, 2002.
- Le Monde : Les Grands Portraits (préfacière), éditions Le Monde/L’Aube Intervention, 2013.
Ce qu’elle gagne
Non renseigné.
Sa nébuleuse
La journaliste est membre des conseil d’administration de plusieurs grandes entreprises ou cercles d’influence. On compte parmi ceux-là l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme, la Fondation AFP, le Groupe européen de la Commission trilatérale ou encore Google, et intervient régulièrement dans l’émission L’Esprit public de France Culture.
Elle l’a dit
« L’ascension de la Chine a bouleversé beaucoup de choses. Trump, dans l’affrontement avec Pékin, n’a pas cherché à mettre l’Europe de son côté. Il ne s’intéresse pas à l’OTAN, il a tout fait pour affaiblir l’Union européenne. Les États-Unis ont abandonné le multilatéralisme, alors que l’Europe y croit encore. Si Joe Biden devient président, il essaiera de recoller les morceaux et la relation sera plus fluide, mais rien ne sera plus comme avant », France-Amérique, novembre 2020.
« De l’urgence de poser aux Polonais une question fondamentale : veulent-ils faire partie de l’Europe au sens où l’entend l’UE, c’est-à-dire d’une communauté de valeurs, de solidarités et de destin, ou seulement d’un vaste marché doté d’une banque à débourser des fonds structurels ? », Le Monde, 22/10/2017.
« Ces dernières décennies, les Européens ont eu leur lot de désaccords avec le grand frère américain ; la guerre d’Irak de 2003, par exemple, n’a pas laissé que de bons souvenirs. Mais l’alliance transatlantique était considérée de part et d’autre comme un fait acquis, une sorte de charpente intouchable, hormis par quelques groupes marginaux que l’on tolérait avec une indulgence toute démocratique. […]
Ce monde-là a chaviré en février. Un mois après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les Européens commencent à comprendre qu’ils sont seuls. Oncle Sam est devenu bizarre », Le Monde, 25/02/2017.
« Peut-être le Brexit est-il en effet, sur l’échelle des malheurs de la Maison Blanche, à classer dans la catégorie des cataclysmes mineurs, comparé à une victoire de Donald Trump en novembre qui serait, elle, un cataclysme majeur », Le Monde, 01/07/2016
« Tariq Ramadan est, en France, notre pestiféré préféré, mais pour les Britanniques, y compris ceux de l’establishment, il est d’abord professeur d’études islamiques contemporaines à Saint-Antony, l’un des meilleurs collèges de l’université d’Oxford », Le Monde, 13/05/2013.
On a dit d’elle
« Depuis des années, Sylvie Kauffmann écrit dans Le Monde des papiers qui nous ennuient profondément : des papiers sans informations, qui assènent toujours des commentaires allant dans le sens du vent et de sa carrière, du politiquement correct sans surprise, toujours destinés à nous faire la morale, nous disant ce qu’il faut penser ! Autrement dit, voilà quelqu’un qui impose ses Fake Analyses en toute impunité, et depuis très longtemps sans que personne n’ose vraiment lui tirer les oreilles », Les Crises, 16/01/2018.
« Dans ce désert, il faut remarquer une oasis : un long article de Sylvie Kauffmann, ancienne correspondante du Monde à Moscou. Une analyse plutôt honnête du discours de Poutine, où l’on note pourtant cette incise ironique de l’auteure : Poutine « se plaint le plus sérieusement du monde de ne pas avoir de “ machine de propagande ”, pas même l’équivalent “ de CNN ou de la BBC ” . Le plus sérieusement du monde » indique que Sylvie Kauffmann ne prend pas cette analyse poutinienne au sérieux. Hélas, elle ne précise pas pourquoi. Considère-t-elle que les grands médias américains, dont une bonne partie a pris position officiellement pour Hillary Clinton, ne constituent pas une « machine de propagande » ? Considère-t-elle que la vision du monde russe dispose d’un outil aussi performant que les chaines d’info américaines ? », Le Nouvel Obs, 21/11/2016.