Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Thierry Ardisson

12 avril 2024

Temps de lecture : 18 minutes
Accueil | Portraits | Thierry Ardisson
Accueil | Portraits | Thierry Ardisson

Thierry Ardisson

Temps de lecture : 18 minutes

Mémoires d’outre-télé

« Si je fais trop de télé au détri­ment dactiv­ités plus nobles, cest que je suis vénal, jaime largent », Le JDD, 24/08/2023

Incar­na­tion vivante du faste et des excès des années 80, l’animateur est devenu, au tour­nant de l’an 2000, le cen­tre de grav­ité de l’espace médi­a­tique français avec « Tout le monde en par­le », émis­sion qui posa les jalons durables du talk-show du same­di soir. Jour­nal­iste, écrivain, pub­lic­i­taire et patron de presse, ce touche-à-tout s’est bat­tu toute sa vie pour être, et surtout rester, en pleine lumière. Vul­gaire et mondain pour les uns, créatif et inso­lent pour les autres, son style ne laisse pas indif­férent et les patrons de chaîne s’arrachent ses con­cepts d’émission qui con­tribuent à mod­i­fi­er en pro­fondeur le for­mat télévi­suel. Le nom­bre dani­ma­teurs, de chroniqueurs et dhumoristes quil a décou­vert donne le tour­nis : Lau­rent Baffie, Chris­tine Bra­vo, Lau­rent Ruquier, Maïtena Biraben, Frédéric Beigbed­er, Kad et Olivi­er, Gas­pard Proust. Son sens de la provo­ca­tion et des affaires, mêlé à un art du slo­gan acquis dans la pub­lic­ité, don­nèrent forme à ce qu’il décrit comme une « œuvre audio­vi­suelle ». L’heure de la postérité a sonné.

La mélan­col­ie aidant, suite à son départ de Canal+, l’INA lui édi­fie son mau­solée audio­vi­suel tan­dis qu’il fait par­ler les célébrités décédées dans « Hôtel du Temps », sur France 3, arrêté après quelques émissions.

Niçois d’origine, (ses arrières grands-par­ents firent tomber le « e » du « Ardis­sone »), il passe une enfance soli­taire dans un foy­er mod­este où la reli­gion est omniprésente.

« Je vis dans cet univers catho invraisem­blable où, déjà tout petit, on texplique que cest très bien de ne pas avoir de blé. Qu’être pau­vre, cest presque une qual­ité. Que le fric, cest sûre­ment pas ce qui peut ren­dre un homme heureux. […] On tinculque la résig­na­tion absolue. La soumis­sion totale. Toutes les bonnes vieilles valeurs qui te don­nent envie de te révolter et de foutre le camp… »

Formation

Le jeune Ardis­son doit, à son grand dam, chang­er très sou­vent d’établissement sco­laire au gré des chantiers de son père. Ce dernier, ouvri­er puis ingénieur des travaux publics, est envoyé en Algérie pen­dant un an pour recon­stru­ire le port de Mers-El Kébir en 1954. À la fin du chantier, la famille retourne en Savoie et il devient interne au col­lège Saint-Michel d’Annecy. Puis, les lycées s’enchaînent, dans dif­férentes régions : celui du Fayet à Cha­monix, le lycée François 1er de Fontainebleau, le lycée L’Empéri de Salon-de-Provence et enfin le lycée Frédéric Mis­tral d’Avignon. Il obtient son bac­calau­réat en 1966 à l’âge dix-sept ans. Il s’inscrit en licence d’anglais à la fac­ulté des let­tres de Mont­pel­li­er mais. Peu pas­sion­né par ses études, il n’obtiendra pas son diplôme.

Parcours

Publicité

Il monte à Paris en 1969 pour faire car­rière et débute en tant que con­cep­teur-rédac­teur dans des agences de pub­lic­ité, d’abord chez BBDO, puis chez TBWA où il se forme à la pub­lic­ité auprès de Bill Tra­gos. Grisé par le suc­cès pécu­nier, car le secteur est par­ti­c­ulière­ment rémunéra­teur, il se rend plusieurs moins en Asie avec sa femme (Goa, Bali puis Vien­tiane) avec l’intention d’écrire un livre. Il y fera plutôt l’expérience des drogues dures et con­naî­tra un sevrage dif­fi­cile. Il ne retourne à Paris qu’en 1974, où il retrou­ve rapi­de­ment du tra­vail à l’agence Ted Bates. Qua­tre ans plus tard, il fonde l’agence de pub­lic­ité « Busi­ness », avec Hen­ri Baché et Eric Bous­quet. « Étant patron et action­naire, je n’avais pas besoin de me faire un dossier, un book. Donc j’ai accep­té de faire des 8 sec­on­des et j’ai réin­ven­té la réclame. J’ai fait « Lapeyre, y’en a pas deux », « Vas‑y Wasa », « Ovo­ma­l­tine, c’est de la dynamique », « Quand c’est trop, c’est Trop­i­co ! », « Chaussée aux Moines… amen ! »… C’étaient des trucs qui car­ton­naient à mort. Les années 70–80, c’étaient les années de l’insouciance, du pognon, où on pou­vait faire à peu près toutes les con­ner­ies qu’on voulait ». Il se retire du cap­i­tal de l’agence à la fin des années 80 lorsqu’il com­mence à inve­stir plus sérieuse­ment le petit écran.

Presse écrite

En-dehors des chroniques et des édi­tos parus dans des pub­li­ca­tions comme L’Idiot Inter­na­tion­al, Rock&Folk (où il pub­lie avec Jean-Louis Maître la série d’interviews « Descente de Police » à par­tir de 1979), Paris Match ou Play­boy (où il tenait la chronique noc­turne), il lance aus­si des revues plus con­fi­den­tielles faisant la part belle à l’art et à la lit­téra­ture comme Façade ou Rive Droite.

Il est patron de presse à trois repris­es. La pre­mière fois, il est directeur adjoint des rédac­tions du groupe Hachette-Fil­i­pachi et rédac­teur en chef de L’Écho des Savanes pen­dant six mois entre 1984 et 1985. L’expérience n’est pas con­clu­ante et il doit pass­er la main.

La deux­ième fois, il crée le mag­a­zine Inter­view en 1992, rebap­tisé Entre­vue, pub­li­ca­tion sul­fureuse qui entend révéler les potins et secrets peu avouables du PAF. En plus de pass­er « la moitié de [s]on temps à la 17e cham­bre cor­rec­tion­nelle de Paris » en rai­son de plaintes pour diffama­tion qui s’accumulent, on lui fait com­pren­dre qu’il ne peut plus tra­vailler à la télévi­sion tant que son nom est lié à celui d’Entre­vue. Il revend donc ses parts en 1995.

Enfin, il lance Frou-frou Mag en 1994, décli­nai­son en presse écrite du mag­a­zine féminin présen­tée par Cather­ine Bra­vo qu’il pro­dui­sait sur France 2 à la même époque.

Télévision (émissions notables)
  • 1985 : « Descente de police » (TF1), une décli­nai­son filmée de ses entre­tiens en forme de garde à vue parue dans Rock&Folk. L’émission est arrêtée par le CSA au bout de six numéros.
  • 1985 — 1986 : « Scoop à la une » (TF1). Un jeu sur les médias pro­duit par Cather­ine Barma.
  • 1987 — 1988 : « Bains de Minu­it » (La Cinq) tourné aux Bains Douch­es et pro­duit par lui-même. C’est la pre­mière émis­sion dont il est à la fois ani­ma­teur et pro­duc­teur, principe auquel il ne dérogera plus par la suite.
  • 1988 — 1990 : « Lunettes noires pour nuits blanch­es » (Antenne 2) enreg­istrée dans un autre haut lieu de la nuit parisi­enne, le Palace. Il com­mence à pos­er les jalons de son style : tour­nages qui s’étirent en longueur, alcool à volon­té pour les invités, inter­views for­matées pour aller chercher « la petite phrase », plateau éclec­tique qui rassem­ble des star­lettes et des écrivains. Ses deux émis­sions suiv­antes sur le ser­vice pub­lic seront « Dou­ble Jeu », où il col­la­bore pour la pre­mière fois avec Lau­rent Baffie, et « Ardi­mat », une mise en abyme de l’univers de la télévi­sion, ne con­naîtront pas le même suc­cès et les pres­sions du CSA auront finale­ment rai­son d’elles. Poussé dehors par Jean-Pierre Elk­a­b­bach, il con­naît une (rel­a­tive) tra­ver­sée du désert pen­dant deux ans.
  • 1995 — 1996 : « Paris Dernière » (Paris Pre­mière)
  • 1997 — 2003 : « Rive Droite/Rive Gauche » (Paris Pre­mière) sur une idée de Stéphane Simon et Alex­is Kebabs, tous deux jour­nal­istes à Entre­vue.
  • 1998 — 2005 : « Tout le monde en par­le », (France 2)
  • 2003 — 2005 : « 93, Faubourg Saint Hon­oré (Paris Pre­mière)
  • 2006 — 2018 : « Salut Les Ter­riens » (Canal+ et C8 à par­tir de 2016). Il se range du côté de Vin­cent Bol­loré lors de la grève d’i‑Télé (« Je com­prends que Vin­cent Bol­loré ait envie de faire des économies… Toute le monde à Canal réalise aujourd’hui que M. Bol­loré est là juste pour que les action­naires gag­nent plus d’ar­gent, ce qui est le principe du sys­tème cap­i­tal­iste. Après, si on n’ac­cepte pas ça, il faut aller faire de la télévi­sion en Corée du Nord ») et doit, en échange, faire pass­er son émis­sion sur C8, la nou­velle chaîne qui suc­cède à Direct 8. Il trou­ve là l’occasion de raje­u­nir son public.
  • 2018 — 2019 : « Les Ter­riens du same­di »/« Les Ter­riens du dimanche » (C8). La chaîne aurait grevé le bud­get et l’animateur ne souhaitait pas con­tin­uer au prix de faire de la télé « low-cost ». Un arti­cle de Cap­i­tal donne les détails de la négo­ci­a­tion : « les deux émis­sions d’Ardisson étaient les moins renta­bles de la chaîne, avec une marge néga­tive de 77%, et représen­taient 32% des pertes. A la recherche d’économies, C8 a donc demandé à Thier­ry Ardis­son de divis­er par deux ses pré­ten­tions, ce qu’il a refusé, con­duisant à son départ mi-2019.  Qua­tre ans plus tard dans Les Grandes Gueules, il laisse enten­dre, avec une cer­taine mau­vaise foi, que la vraie rai­son de son départ résidait le virage idéologique du groupe Canal+ ne lui con­ve­nait plus : « Au-delà de ce qu’il faut faire, il y a la ligne poli­tique de la chaîne, et moi je n’ai pas envie d’être assim­ilé à l’ex­trême droite. Le ressen­ti de la chaîne, c’est l’ex­trême droite. CNews a défendu Zem­mour et aujour­d’hui fait cam­pagne pour l’ex­trême droite ».
Littérature
  • Ciné­moi, Le Seuil, 1972.
  • La Bilbe, Le Seuil, 1975.
  • Rive Droite, Albin Michel, 1983.
  • Descentes de Police, LTM, 1985.
  • Louis XX, Olivi­er Orban, 1986.
  • Dix ans pour rien ? Les Années 80, Le Rocher,1990.
  • Rive droite, Mag­a­zine de Lit­téra­ture, Albin Michel/Le Rocher, 1990–1992
  • Pondichéry, Albin Michel, 1993.
  • Les années Provoc, Flam­mar­i­on, 1998.
  • Con­fes­sions d’un baby-boomer, entre­tiens avec Philippe Kiefer, Flam­mar­i­on, 2005.
  • Les Fan­tômes des Tui­leries, Flam­mar­i­on, 2017.
Producteur de cinéma

D’abord pro­duc­teur de télévi­sion via sa société Ardisson&Lumières, dirigée en sous-main par Cather­ine Bar­ma et Béa­trice Ardis­son et sa par­tic­i­pa­tion dans Télé-Paris, dirigée par l’acolyte Stéphane Simon, il tente des incur­sions dans le ciné­ma à par­tir de son arrivée sur Canal+ en 2006, une chaîne con­nue pour financer ample­ment le ciné­ma français. Aus­si, pour le con­va­in­cre de rester le giron de Canal+ en 2016 , le groupe s’engage à financer trois de ses films.

Côté ciné­ma, il fonde Ardim­ages, sa pro­pre société de pro­duc­tion de films, en 2005. En entrant au cap­i­tal de Noli­ta Cin­e­ma, il pro­duit et co-pro­duit des longs-métrages qui con­nais­sent un cer­tain suc­cès comme « Max » où fig­urent Mathilde Seign­er et Joey Starr ; une adap­ta­tion de Foenk­i­nos par l’acteur Jean-Paul Rou­ve ou « Com­ment c’est loin », l’autobiographie romancée du rappeur Orelsan.

Parcours militant

Il fréquente les cer­cles de sou­tien à Gis­card à par­tir de 1981. C’est à cette péri­ode qu’il fait notam­ment la ren­con­tre d’Anne Méaux, future papesse de la com­mu­ni­ca­tion poli­tique, et de Vin­cent Bol­loré. Lorsque la gauche arrive au pou­voir, il affirme n’avoir d’autres principes poli­tiques que le suiv­ant : « être lib­er­taire, anti­to­tal­i­taire. Donc, à l’époque, anti­com­mu­niste ».

Aus­si, fort de ces con­vic­tions, il milite à l’Internationale de la Résis­tance (1983 — 1988), fondée par des dis­si­dents com­mu­nistes, aux côtés de Simone Weil, Jean-François Rev­el et Bernard-Hen­ri Lévy.

Même s’il con­fesse n’avoir jamais eu « un respect mon­u­men­tal pour les poli­tiques », il admet avoir voté pour Jacques Chirac au sec­ond tour des élec­tions de 2002.

Ne faisant pas mys­tère de ses con­vic­tions monar­chistes, plutôt orig­i­nales pour un mem­bre du PAF, il défend que  « la monar­chie con­sti­tu­tion­nelle est le meilleur sys­tème de gou­verne­ment ».

Ces con­vic­tions monar­chistes auraient pu lui coûter cher, comme il l’admet à la revue Charles : « Si je n’ai pas bossé sur Canal + à l’époque, c’est parce qu’Alain de Greef pen­sait que j’étais d’extrême droite. Et ça a bien fail­li se repro­duire sur France 2 avec Jean-Pierre Cot­tet. Mais là, j’ai acheté une bonne bouteille de pinard et je suis allé m’expliquer avec lui tout un après‑midi, ce qui m’a per­mis de faire Tout le monde en par­le ! ».

Il crée l’association de défense des arcades Riv­o­li (ADAR) pour pro­test­er con­tre la pro­liféra­tion anar­chique des étals de sou­venirs et des sand­wicheries qui déna­turent cette por­tion de l’avenue de Riv­o­li, où vit l’animateur. Dans une vidéo dif­fusée sur le site du Parisien, il se fend de la phrase suiv­ante : « J’adore les kebabs, mais les kebabs c’est mieux à Bar­bès ».

Vie privée

Il a un frère cadet, Patrick, qui vit en Alle­magne, à Hambourg.

Il se marie une pre­mière fois avec Chris­tiane Bergognon en 1970 à l’âge de 21 ans. Suite à un divorce, il reste un cer­tain temps céli­bataire avant de faire la ren­con­tre de Béa­trice Lousta­lan, musi­ci­enne en 1983. Ils se mari­ent en 1988.

Avec Béa­trice Lousta­lan, il est père de deux filles et d’un garçon et grand-père depuis 2019. Manon Ardis­son, née en 1989, est diplômée d’histoire à l’University Col­lege de Lon­dres. Pro­duc­trice, elle fait ses débuts dans le méti­er et dirigeant notam­ment la branche bri­tan­nique d’Ardimages. En 2015, elle fonde sa pro­pre société de pro­duc­tion, Mag­ic Bear. Mar­iée au scé­nar­iste et réal­isa­teur fran­co-améri­cain Samuel de Cec­ca­t­ty, ils diri­gent ensem­ble une autre société de pro­duc­tion, Cat&Bear Pic­tures. La sec­onde fille, Ninon, née en 1991, est une artiste diplômée de la Saint­Martins School de Lon­dres. Gas­ton Ardis­son, né en 1997, vit à Lon­dres avec sa mère où il a lancé une mar­que de cas­quettes, Nasaseasons.

Tombant un jour sous le charme d’Audrey Cre­spo-Mara en zap­pant sur LCI, ils finis­sent par divorcer « l’un pour l’autre » et se mari­ent en 2014. Comme lui, la jour­nal­iste était mar­iée et avait deux enfants.

Rési­dant dans le Ier arrondisse­ment de Paris au 214 rue de Riv­o­li, il est égale­ment pro­prié­taire d’un haras en Nor­mandie, dans la com­mune de Sai près d’Argentan, acquis grâce aux indem­nités perçues suite à son ren­voi de France 2 en 1993

Ce qu’il gagne

À Voici, il con­fi­ait gag­n­er l’équivalant de 30 000 francs par mois lorsqu’il tra­vail­lait dans la pub­lic­ité à vingt-cinq ans.

Dans les colonnes de Cap­i­tal, il admet des dépens­es per­son­nelles s’élevant à 20 000 euros par mois.

En 2021, Cap­i­tal, qui a accès aux comptes des sociétés de l’animateur-producteur, fait état des chiffres suivants :

« Au total, depuis que l’animateur pro­duc­teur a con­clu son con­trat avec Canal Plus en 2006, il a empoché 7,9 mil­lions d’euros de div­i­den­des, soit 600.000 euros par an en moyenne (avant impôts) ».

Distinctions

  • prix Philippe Caloni du meilleur inter­vieweur en 2016.
  • nom­mé au grade de cheva­lier de la Légion d’Honneur le 1er jan­vi­er 2024.

Sa nébuleuse

Au sujet de Vin­cent Bol­loré, son ancien patron, le Jour­nal du Dimanche révélait en 2017 (et donc, avant son procès inten­té à C8 pour rup­ture abu­sive de con­trat)  que « sans être intimes, ils s’apprécient ».

Bill Tra­gos, pub­lic­i­taire gré­co-améri­cain qui fonde l’agence TBWA en 1970, auprès de qui il se forme à l’art de la publicité.

Daniel Fil­i­pac­chi, son men­tor dans l’édition et son mod­èle dans l’existence. Comme tous les gens de sa généra­tion, il ne jure dans sa jeunesse que par « Salut les Copains », l’émission d’Europe1 qui fit la part belle à la cul­ture améri­caine pour cette jeunesse française des années 60 biberon­née à l’ORTF.

Fil­li­pachi lui con­fiera L’Écho des Savanes, où il fait long feu. Peu ran­cu­nier, le même Fil­li­pachi lui apportera un sou­tien financier pour lancer « Entre­vue ». En hom­mage à « Salut les Copains », il inti­t­ule son dernier talk-show, « Salut les Terriens ».

Daisy de Galard, célèbre jour­nal­iste et pro­duc­trice, mem­bre du CSA, qui fut la mar­raine d’une de ses filles.

Didi­er Quil­lot, prési­dent du direc­toire de Lagardère Active, qu’il a con­seil­lé pen­dant 4 ans.

Par­mi les amis issus du milieu lit­téraire, les auteurs des « Nou­veaux Hus­sards » : Eric Neuhoff, Patrick Besson ou le regret­té Denis Tilinac.

Par­mi les amis, peu nom­breux, issus du show-busi­ness, on retrou­ve Yvan Attal, Alain Cha­bat et, évidem­ment, Lau­rent Baffie.

Jean Ennochi, son avo­cat, qui représente aus­si Karine Le Marc­hand.

Ses pro­duc­teurs Stéphane Simon et Jacques Sanchez.

Il l’a dit

« Avant, on était fiers de créer, mais per­son­ne ne veut plus pren­dre de risques. On est à l’époque du « pas de vagues », du puri­tanisme et du wok­isme… Je suis con­tent d’avoir fait ma car­rière avant, parce qu’un pro­duc­teur de 35 ans, aujour­d’hui, n’a plus grand-chose à espér­er », Le Point, 03/05/2022.

« Del­phine Ernotte Cun­ci a rai­son et je ne me sens pas visé. J’ai tou­jours eu dans mes émis­sions des plateaux qui ressem­blaient à la rue. Des Noirs, des Blancs, des Arabes… Je suis par­ti­san d’une télé plus métis­sée », Cap­i­tal, 22/01/2021.

« La forme n’intéresse per­son­ne en télévi­sion ! Moi, si ! Je me suis fait chi­er à faire des génériques, des habil­lages, des lumières et ça me pas­sion­nait. Aujourd’hui, on fait de plus en plus de la radio filmée parce que plus per­son­ne n’a l’ambition ou les moyens de faire autrement. Mon cre­do, c’était que la télévi­sion a une dimen­sion artis­tique », Valeurs Actuelles, 04/07/2019.

« De toute façon, ouais, j’assume : un bon talk-show, c’est un talk-show avec des invités bour­rés. Entre nous, qu’est-ce qui est jouis­sif dans les dîn­ers de famille ? Bah qu’à la fin, les gens aient un coup dans le pif et dis­ent enfin ce qu’ils pensent… Si un jour j’ai une école de télé, ce qui m’étonnerait, j’expliquerai ceci à mes élèves. Règle n°1: torcher l’invité. Règle n°2: met­tre des jolies filles au pre­mier plan. La télévi­sion, c’est autant de fond que de fun » , Soci­ety, 2018.

Sur « Quo­ti­di­en » : « C’est un peu bobo. Le ton, c’est un peu « l’eau ça mouille, les cheveux ça pousse, la guerre c’est mal », c’est un peu bisounours mais ils font un très bon tra­vail sur l’info. C’est très nou­veau. Sou­vent bluffant » Le jeu de l’ego, 2018.

« Je suis un enfant de l’ORTF. Pas un enfant de la télé », Le Soir, 20/06/2015.

« Après Jean-Paul II, un pape indi­en ou noir aurait don­né plus de crédit à l’universalisme de l’Église », Médias, 2012.

« La famille sens tra­di­tion­nel, c’est fini ! Dans l’avenir, les gens vivront seuls, à deux, à trois, à cinq ou huit si ça leur fait plaisir. Quel que soit leur sexe. Cette idée qu’on vivra à deux, un homme et une femme, pour l’éternité, c’est aber­rant », Con­fes­sions d’un baby boomer, p.216

Ils l’ont dit

« En 2013, dans une inter­view fleuve pour Les Inrocks, Ardis­son est dithyra­m­bique sur son jeune col­lègue, il le trou­ve phénomé­nal et estime que c’est une per­son­nal­ité excep­tion­nelle pour de l’entertainment pur. Neuf ans plus tard, le ton n’est plus le même. Désor­mais, Bol­loré est devenu l’ennemi de l’animateur, oubliant au pas­sage qu’il a aidé à ouvrir la voie à cette télé là. Mais non, Ardis­son n’en démord pas, Hanouna est devenu vul­gaire », David Car­zon, Binge Audio, 01/01/2024.

« Un type tor­turé, exigeant, ani­mé de la peur du lende­main et bosseur comme peu dans ce méti­er. Chez qui rien n’est jamais acquis. On s’est bien trou­vés », Stéphane Simon, Le JDD, 02/09/2017.

« Com­plète­ment hys­térique, il met une pres­sion max­i­male sur cha­cun de nous. Il faut tou­jours qu’il désigne un pau­vre bougre comme souf­fre-douleur pour évac­uer son angoisse, qui se traduit par une ter­ri­ble agres­siv­ité per­ma­nente. « Où est-ce qu’il est l’assistant de merde ! Toi, oui toi, viens-là, j’te dis ! Va me chercher de l’eau ! « S’il te plaît », « mer­ci », n’existent pas dans son vocab­u­laire. Pas un mot gen­til, jamais. » Michel Malaussé­na, Les Ani­mat­ueurs, 2008, pp 86–87.

« Thier­ry Ardis­son aurait pu être l’in­vité de sa pro­pre émis­sion ‘Ça s’en va & ça revient´, dif­fusée la sai­son dernière sur France 2. Il serait venu y racon­ter com­ment il dégringo­la du statut de cabot du micro­cosme médi­a­tique français qu’il occu­pait à la fin des années 80 (époque des émis­sions ‘Ardi­mat´, ‘Dou­ble jeu´ et surtout de l’emblématique ‘Lunettes noires pour nuits blanch­es´ sur Antenne 2), quand son cos­tume d’in­quisi­teur méga­lo et lubrique fai­sait fureur dans un paysage cul­ti­vant l’outrance, à celui de paria, au milieu de la décen­nie suiv­ante, lorsque ses délires nar­co­tiques et sar­cas­tiques com­mencèrent à faire tâche dans le cli­mat de crise économique. Son entête­ment à jouer les inso­lents et les flam­beurs déca­dents finit par lass­er. À tel point que ses minaud­eries de petit bour­geois arro­gant et frus­tré n’im­pres­sion­nèrent plus guère que quelques rares minets dans les boîtes de nuit branchées de la cap­i­tale qu’il con­tin­u­ait à écumer, le nez tou­jours chargé de poudre », La Libre Bel­gique, 20/07/2002.

« Aus­si per­ni­cieuse est sa trou­ble obses­sion des Juifs. Certes, il n’est pas ques­tion d’an­tisémitisme, d’hos­til­ité déclarée. Mais ces cita­tions anti­sémites répétées à l’an­tenne, sous cou­vert de les dénon­cer ; cet acharne­ment à met­tre en avant, gen­ti­ment, en vieux copain, l’o­rig­ine juive de ses invités, qui s’y prê­tent com­plaisam­ment ; cette insis­tance sur la judaïté de François Truf­faut ou… du tan­go argentin : la com­pi­la­tion de Jean Robin est implaca­ble. Et amène une ques­tion : cette insis­tance d’Ardis­son à souf­fler sur les brais­es de la com­péti­tion com­mu­nau­taire, de la lutte des mémoires, à organ­is­er semaine après semaine des matchs judéo-musul­mans ou israé­lo-pales­tiniens, ne con­tribue-t-elle pas à entretenir en France les crispa­tions com­mu­nau­taires ? », Daniel Schnei­der­mann, Libéra­tion, 28/04/2006

« Nul n’ignore que tu as inven­té, avec Bains de Minu­it et Lunettes Noies, la télévi­sion des Années 80. Ta moder­nité fut d’introduire la trans­gres­sion dans un univers où la loi était encore la norme. La per­ver­sion devint avec toi la forme la plus chic de l’amour et du désir, et la provo­ca­tion, une espèce de pub­lic­ité intel­lectuelle, du « benet­ton­isme » avant l’heure. Tu fis aus­si pass­er l’le dandysme pour une manière d’ennui argen­té et bril­lant. L’imposture sat­is­faisante et la déca­dence sat­is­faite étaient ton mode réguli­er de com­mu­ni­ca­tion, ta vul­gar­ité finit par devenir un comble, ou un sur­croît de parisian­isme », Arnaud Viviant, Libéra­tion, 25/04/1994 (repro­duit dans les Con­fes­sions d’un Baby-Boomer, Flam­mar­i­on, p.257).

Mots-clefs :

Derniers articles

Voir aussi