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Thierry Vincent

30 octobre 2024

Temps de lecture : 21 minutes
Accueil | Portraits | Thierry Vincent
Accueil | Portraits | Thierry Vincent

Thierry Vincent

Temps de lecture : 21 minutes

« Je suis Charlie » mais ami des policiers comme des black blocs

« Je ne leur ai jamais caché non plus que je voy­ais des flics de la DCRI (Direc­tion cen­trale du ren­seigne­ment intérieur, ndlr) régulière­ment », « Enquête sur l’ul­tra­gauche “tapie dans l’om­bre”, mode d’emploi », blogs.rue89.nouvelobs.com, 15/11/2010

Thierry Vincent incarne à merveille le soixante-huitard, une espèce pourtant en voie d’extinction dans la société, mais encore largement représentée chez les journalistes. Représentant parfait de « l’esprit Charlie », militant anti-Front national revendiqué (voir § Publications) dans le sillage de Guy Konopnicki, il n’hésite pas à se mettre en scène dans ses reportages, optant pour un traitement manichéen de l’information. Pour Thierry Vincent, les « méchants » sont forcément de droite et les « gentils » de gauche. Son libertarisme a toutefois des limites puisque la police, et particulièrement les services de renseignement, qui lui permettent de réaliser ses reportages, trouvent une utilité à ses yeux… Cette collaboration étroite entre Thierry Vincent et des membres du ministère de l’Intérieur s’avère profitable pour les deux parties : d’un côté, le journaliste de l’émission « Spécial investigation » de Canal a accès à des éléments inédits d’enquêtes, de l’autre, l’État a la possibilité d’orienter sans se mouiller l’opinion publique sur certains sujets ou de créer un rideau de fumée sur des histoires gênantes. Sa sympathie pour les black blocs ne semble pas être une contradiction absolue ni sa fréquentation du rappeur converti à l’Islam Nick Conrad, auteur de la chanson « Pendez les blancs ».

Parcours professionnel

Après sa sco­lar­ité au lycée Hoche de Ver­sailles, il fait un cro­chet par l’ESSEC Busi­ness School (1985–1987) avant de s’orienter vers le jour­nal­isme en ressor­tant diplômé du CFJ en 1991. Il a tra­vail­lé pour Le Nou­v­el Obser­va­teur, puis pour RFI. Il a tra­vail­lé pen­dant 12 ans pour l’émission de Canal+, « Spé­cial Inves­ti­ga­tion », puis Envoyé Spé­cial sur France Télévi­sions (en 2017). Il écrit régulière­ment pour L’Obs, Mar­i­anne, Blast, Off Inves­ti­ga­tion et la chronique d’Amnesty Inter­na­tion­al.

Collaborations

Non ren­seigné.

Parcours militant

Non ren­seigné.

Ce qu’il gagne

Non ren­seigné.

Publications

Livre
  • Fil­ières Noires (Ed. Denoël, 1996) : Ce livre à charge con­tre le Front nation­al du mil­i­tant anti-FN Guy Konop­nic­ki (voir § Sa nébuleuse) a été écrit avec la col­lab­o­ra­tion de Thier­ry Vin­cent. Celui-ci a « ren­con­tré de nom­breux mem­bres et respon­s­ables du FN ain­si que des dis­si­dents et transfuges. » Selon l’auteur, le but de cet ouvrage est de « dire et révéler quelques vérités sur ce par­ti dif­férent de tous les autres, sur cette entre­prise red­outable qui mine notre démoc­ra­tie et men­ace la lib­erté des Français. » Out­re Thier­ry Vin­cent, Guy Konop­nic­ki a été aidé par le Cen­tre Simon-Wiesen­thal et par­ti­c­ulière­ment par Marc Kno­bel.
    « N’hési­tant pas à trem­per sa plume dans l’en­cre des pam­phlé­taires » comme le note Le Monde (14/06/1996), ce livre a valu à Guy Konop­nic­ki plusieurs déboires judi­ci­aires. En effet, le tri­bunal de grande instance de Paris l’a con­damné, ain­si que les édi­tions Denoël, à 25 000 Francs (3300 euros) d’a­mende en 1997, plus la pub­li­ca­tion d’un com­mu­niqué judi­ci­aire dans deux jour­naux au choix des par­ties civiles, pour diffama­tion envers Jean-Marie Le Pen et le Front nation­al en rai­son de plusieurs pas­sages du livre. L’au­teur avait déjà été con­damné pour diffama­tion envers Thier­ry Bouzard, con­seiller munic­i­pal FN, Mme Cen­drine Le Cheval­li­er, maire-adjoint de Toulon (sup­pres­sion d’un pas­sage du livre, pro­vi­sion de 10 000 Francs de dom­mages-intérêts) et André Figuéras, résis­tant et historien.
  • Dans la tête des Black Blocs, entre vérités et idées reçues (Ed de l’Observatoire, 2022).
Documentaires
  • « Bien­v­enue à Vit­rolles » (co-pro­duc­tion : La Sept Arte, Nomad Films, Les films du lende­main) de Guy Konop­nic­ki, Thier­ry Vin­cent, Thier­ry-Vin­cent de Lestrade, Bernard Hen­ri-Lévy. Ce doc­u­men­taire de Guy Konop­nic­ki « a été réal­isé avec Thier­ry Vin­cent dans le cadre d’une com­mande faite par la chaîne Arte en 1997 (…) avec pour objec­tif de présen­ter la poli­tique locale FN à Vit­rolles et d’y apporter un regard cri­tique. » (lien). Le doc­u­men­tariste Thier­ry-Vin­cent de Lestrade et le philosophe Bernard Hen­ri-Lévy y ont égale­ment par­ticipé. Le doc­u­men­taire débute par cette tirade de BHL sur « l’éternelle his­toire de ces braves gens qui, sans chemis­es brunes, ni croix gam­mées, ont tou­jours for­mé les rangs de notre fas­cisme nation­al, fas­cisme que sa banal­ité même rend peut être encore plus inquié­tant. ». Le but de « Bien­v­enue à Vit­rolles » est de don­ner la parole aux mil­i­tants du FN, présen­tés par Libéra­tion comme des « “Français moyens”, très moyens même (…) un rien fran­chouil­lards, un tan­ti­net “beaufs”.»
  • « Choses vues à Vit­rolles » (co-pro­duc­tion : Les Films du lende­main, ARTE France) d’Isabelle Bal­duc­chi, Thier­ry-Vin­cent de Lestrade, Guy Konop­nic­ki, Isabelle Konop­nic­ki, Thier­ry Vin­cent : « Ce film suit les élec­tions de 1998 à Vit­rolles entre les man­i­fes­ta­tions publiques et la vie de mil­i­tants du Front nation­al. »

Actuelle­ment, Thier­ry Vin­cent pro­duit prin­ci­pale­ment des reportages pour la chaîne Canal, pour les émis­sions « Spé­cial Inves­ti­ga­tion » et « 90 min­utes » (Paul Mor­eira et Luc Her­mann) dans le passé. Voici une liste non-exhaus­tive de ses reportages dif­fusés pour divers­es chaines :

  • « Les par­tis sans couleur » : « Un sim­ple descrip­tif d’une sit­u­a­tion mainte et mainte fois relatée, notam­ment dans ces colonnes : les par­tis poli­tiques n’ai­ment ni les Noirs, ni les Arabes et encore moins les Asi­a­tiques. Pas assez renta­bles élec­torale­ment, trop dif­fi­cile­ment con­trôlables, sus­pects de réflex­es com­mu­nau­taires alors qu’on les veut sim­ple­ment par­ti­sans. » (lien).
  • « Vio­lences d’ex­trême droite : le retour » (voir nébuleuse)
  • « Grèce : Le funeste tableau d’un pays au bord de l’im­plo­sion » (C+)
  • « Tarnac : enquête sur l’ul­tra­gauche » (C+)
  • « La Face cachée du prési­dent Bar­roso » (C+)
  • « Buf­fa­lo grill, les cir­cuits de la viande inter­dite » (C+)
  • « L’ar­gent des syn­di­cats » (C+)
  • « Coluche prési­dent : un can­di­dat à abat­tre » : « C’est en cher­chant dans les milieux policiers que nous sommes remon­tés jusqu’aux hommes et aux pra­tiques exer­cées par ces hommes pour intimider Coluche, explique Thier­ry Vin­cent. J’ai ren­con­tré cinq fois notre témoin-clé avant qu’il accepte de dévoil­er la vérité. Il a finale­ment par­lé sous cou­vert d’anony­mat. Vingt ans après, il était effrayé d’éventuelles con­séquences s’il était démasqué. », « Quand le can­di­dat Coluche fai­sait peur » (Le Parisien, 03/04/2001).

Thierry Vincent frappé par les CRS (2010)

En octo­bre 2010, venu man­i­fester con­tre la réforme des retraites à l’appel des par­tis de gauche et des syn­di­cats, Thier­ry Vin­cent se retrou­ve place de la Bastille à Paris alors que des heurts opposent des man­i­fes­tants et les forces de l’ordre. Durant une charge de CRS, il est frap­pé par un des policiers. La scène est filmée par Hugo Hay­at, de l’a­gence Moas Press et dif­fusée sur Dai­ly­mo­tion. Selon Thier­ry Vin­cent : « Cette scène s’est passée mar­di vers 20 heures à Bastille. J’é­tais allé man­i­fester en tant que sim­ple citoyen. Puis on s’est retrou­vé avec des amis. D’un coup, j’ai vu qu’il y avait des échauf­fourées de l’autre côté, alors j’ai sor­ti ma carte de presse. On m’a lais­sé pass­er der­rière, mais c’est lorsque j’ai voulu repar­tir que cela s’est com­pliqué. (…) J’ai un peu mal au genou, mais c’est plus de la vio­lence psy­chologique. J’ai été choqué. Pour tout vous dire, j’ai mal dor­mi cette nuit. »

Alain Soral et l’affaire Binti (2014)

En novem­bre 2014, le jeune man­nequin d’origine camer­ounaise, Bin­ti, envoie plusieurs cour­riels inti­t­ulés « Tes­ta­ment » à Alain Soral, Jo Dal­ton et Thier­ry Vin­cent. Cette jeune femme avait noué une idylle virtuelle avec le prési­dent d’Égalité et Réc­on­cil­i­a­tion avant leur sépa­ra­tion. Rapi­de­ment, plusieurs tex­tos insul­tants d’Alain Soral adressés à Bin­ti sont dif­fusés sur Inter­net. De même qu’une pho­to de lui, nu, qu’il aurait égale­ment adressée à la top-model.

Thierry Vincent à nouveau frappé par les CRS (2016)

Ce CRS ne devait pas con­naître les liens priv­ilégiés de Thier­ry Vin­cent avec la DCRI. En effet le 26 mai 2016 il est vio­lem­ment chargé par un CRS lors d’une charge, en marge d’une man­i­fes­ta­tion con­tre la Loi Tra­vail. Il relate pour Street­press (04/04/2017) : « Alors que la manif se dis­perse, Thier­ry braque sa caméra sur une ligne de CRS. « L’un d’eux pointait son LBD sur la foule paci­fique. Je le cadre, j’étais à 10 mètres de lui ». Le jour­nal­iste suit les déplace­ments des forces de l’ordre, ce qui ne plait pas franche­ment aux hommes en bleu : « Le polici­er me dit “Casse-toi, je vais t’allumer”. On l’entend sur la vidéo. » Les CRS se pré­par­ent à l’action. Thier­ry rejoint alors des con­frères regroupés sur le côté de la rue. Bras levé, il sig­nale sa pro­fes­sion. Pas de quoi émou­voir les CRS qui déclenchent la charge. L’un d’eux le per­cute vio­lem­ment avec son boucli­er. « C’était délibéré ! » Thier­ry tombe au sol, son crane per­cute le bitume. Il perd con­nais­sance et est trans­porté à l’hôpital le plus proche pour une bat­terie d’examens. Il s’en sort avec une jolie entaille sur le crâne qui lui vau­dra 7 points de suture ».

Pris à partie par des militants d’extrême gauche lors du procès de la voiture incendiée (septembre 2017)

En sep­tem­bre 2017, il est pris à par­tie lors du procès de deux mil­i­tants d’extrême-gauche qui ont incendié une voiture de police quai Valmy à Paris le 18 mai 2016. Il a aus­si été pris à par­tie lors d’une man­i­fes­ta­tion le 21 sep­tem­bre 2017. Buz­zfeed et Arrêts sur Images revi­en­nent sur les faits : « d’après le site Buz­zfeed, le jour­nal­iste Thier­ry Vin­cent a été “hué et insulté à la sor­tie du palais de jus­tice” de Paris la semaine dernière, en marge du procès sur l’in­cendie d’une voiture de police quai de Valmy. Il aurait égale­ment été “vio­lem­ment frap­pé au vis­age” lors de la man­i­fes­ta­tion du 21 sep­tem­bre dernier. Buz­zfeed, citant le jour­nal­iste, évoque “un coup de poing au vis­age”. Vin­cent racon­te à @asi avoir été recon­nu, puis pris à par­tie par quelques man­i­fes­tants du cortège de tête, pen­dant que d’autres s’in­ter­po­saient ».

Selon Arrêt sur Images, « les reproches con­tre Thier­ry Vin­cent ne datent sem­ble-t-il pas d’hi­er » et ren­voient à des règle­ments de comptes au sein de l’ultra-gauche : « en mars 2017, après la dif­fu­sion d’un reportage d’En­voyé Spé­cial réal­isé par Thier­ry Vin­cent sur les “casseurs”, un texte pub­lié sur le site Paris-Luttes.info et repris sur plusieurs sites d’ex­trême gauche s’en pre­nait à Vin­cent et à sa “con­nivence” avec des mou­ve­ments comme le col­lec­tif antifas­ciste et ant­i­cap­i­tal­iste MILI (Mou­ve­ment d’In­ter Luttes Indépen­dant), plus ouverts à la dis­cus­sion avec les jour­nal­istes — ce que Paris-Luttes.info reproche dans son texte, anonyme. “Nom­breux sont celles et ceux qui savent que cette même con­nivence a per­mis que les images de Thier­ry Vin­cent se retrou­vent dans le dossier d’in­struc­tion de l’af­faire du 18 mai [l’in­cendie du quai de Valmy, ndlr]”, peut-on y lire. Le texte accu­sait le jour­nal­iste de “participe[r] de l’im­mense farce médi­a­tique con­sis­tant à ren­forcer encore un peu plus le dis­cours polici­er” ».

Quitte le plateau de CNEWS furibard

Invité sur le plateau de l’émission « Punch­line » présen­tée par Lau­rence Fer­rari sur CNews, il est con­vié pour par­ler des Black Bloc qui sont en pre­mière ligne du mou­ve­ment de con­tes­ta­tion con­tre la réforme des retraites. Minori­taire sur le plateau en tant qu’invité de gauche, il perd ses nerfs dès lors que Geof­froy Leje­une, son con­vive de stu­dio, affirme que les mem­bres des Black Blocks sont des « assas­sins en puis­sance » en rap­pelant le cas d’un polici­er griève­ment brûlé par un cock­tail Molo­tov. Ani­mé par une intense colère trahissant une cer­taine ten­dresse pour ces activistes, il se lève, ges­tic­ule et ful­mine con­tre Geof­froy Leje­une : « Vous utilisez une émo­tion légitime et un drame per­son­nel. C’est typ­ique de l’extrême-droite ! ». Con­tes­tant vive­ment l’accusation d’« assas­sin », il s’écrire : « un assas­sin, ça prémédite ! ». Pour­tant, Este­ban Moril­lo, l’homme ayant asséné un coup de poing fatal à Clé­ment Méric, n’a jamais eu droit à autant de préve­nance de la part d’un mem­bre du clergé médi­a­tique. Peu con­va­in­cant, Thier­ry Vin­cent finit par sor­tir du plateau, les nerfs à vif.

Un mois aupar­a­vant, il était reçu sur le plateau de « C à Vous » sans que sa colère n’éclate. Le lecteur com­pren­dra aisé­ment pourquoi.

Collaborations

Non ren­seigné

Il l’a dit

Thier­ry Vin­cent s’exprime rarement dans les médias. Il a néan­moins expliqué son par­ti pris en faveur de la mou­vance de l’ultra-gauche, qui a défrayé la chronique judi­ci­aire en 2008. Cer­tains mem­bres du groupe de Tarnac, dont leur leader, Julien Coupat, avaient été arrêtés de manière spec­tac­u­laire (en présence de la presse) et incar­cérés plusieurs mois. Ils ont été accusés d’avoir saboté des lignes TGV (plus d’informations).

« L’extrême gauche s’en prend aux biens, l’extrême droite aux per­son­nes », Le Monde, 24/11/2014.

« Pour être au cœur de ces affron­te­ments, je me suis équipé comme ces mil­i­tants rad­i­caux […] Pour me faire accepter plus facile­ment, j’ai filmé seul avec une petite caméra. Après plusieurs mois de man­i­fes­ta­tions et de prise de con­tact, les mil­i­tants rad­i­caux ont fini par me laiss­er filmer des images au plus près de l’action », Nous sommes tous des casseurs, Envoyé Spé­cial, France 2, 15/03/2017.

« Pen­dant la loi tra­vail, on avait l’impression d’être con­sid­érés par la police comme des bel­ligérants », Street­press, 04/04/2017, op. cit.

Affaire Tarnac

« Je ne leur ai jamais promis quoi que ce soit. Jamais dit que j’al­lais faire un plaidoy­er pour leur cause. D’ailleurs, je ne juge pas l’in­struc­tion : je ne sais pas s’ils sont coupables ou non. Je veux sim­ple­ment dénon­cer deux choses : une con­cep­tion dan­gereuse de l’an­ti-ter­ror­isme et la manip­u­la­tion qui a eu lieu dans la présen­ta­tion politi­co-médi­a­tique de cette affaire », « Enquête sur l’ul­tra­gauche “tapie dans l’om­bre”, mode d’emploi » (Rue89, 15/11/2010)

« Ça les a beau­coup sur­pris que je vienne sans caméra. C’est là que j’ai ren­con­tré Ben­jamin Rosoux et Christophe Beck­er (deux des inculpés, ndlr). J’ai passé énor­mé­ment de temps avec eux. Puis je suis revenu une deux­ième fois pour tourn­er (…) On en a fait un faux por­trait, de gens sec­taires qui échafau­dent des plans. Alors que quand on les ren­con­tre, ils ont l’air de gen­dres idéaux. J’avais presque l’im­pres­sion d’être un punk à côté d’eux. »

« Mal­gré la clarté de ses inten­tions, l’en­quête ne s’est pas faite sans quelques remous en interne à Canal : “Ça grinçait un peu, parce que cer­tains avaient peur qu’on fasse un truc trop favor­able aux Tar­na­cois, et qu’on ait l’air cons si leur cul­pa­bil­ité était démontrée”. »

« Finale­ment, ça n’a pas été si dur que ça de les ren­con­tr­er. Il suf­fit de con­naître leurs codes poli­tiques. Alors que beau­coup de jour­nal­istes n’y con­nais­sent rien. La plu­part n’ont jamais vu un mec d’ul­tra-gauche de leur vie. »

« Vous êtes perçus comme des van­dales en fait. Le dis­cours médi­a­tique, le réc­it médi­a­tique et ce que reti­en­nent les gens, ce n’est pas que vous êtes ant­i­cap­i­tal­istes, c’est que vous cassez tout. Du coup, ce n’est pas effi­cace. Votre mes­sage n’est pas enten­du », s’adressant à un Black Bloc, Kon­bi­ni, 23/09/2022.

Sa nébuleuse

La Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) ex-DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur)

Il ne s’en cache pas, Thier­ry Vin­cent a d’excellents con­tacts avec la Direc­tion générale de la sécu­rité intérieure (DGSI), le ser­vice de ren­seigne­ment du min­istère de l’In­térieur français, l’ex-DCRI. Comme il l’a recon­nu lors d’un entre­tien en 2010, « je ne leur ai jamais caché non plus que je voy­ais des flics de la DCRI régulièrement. » 

Thier­ry Vin­cent n’est bien sûr pas le seul, de nom­breux jour­nal­istes jouis­sant de cette prox­im­ité avec les policiers de l’ombre qui leur per­met d’obtenir des infor­ma­tions et des doc­u­ments en exclu­siv­ité. Cette con­nivence est par­ti­c­ulière­ment vis­i­ble dans son reportage « Vio­lences d’ex­trême droite : le retour » dif­fusé en novem­bre 2014. En effet, Thier­ry Vin­cent dis­po­sait de nom­breux élé­ments issus de l’enquête poli­cière (list­ing d’appels télé­phoniques d’un des pro­tag­o­nistes, retran­scrip­tion de SMS, pho­togra­phies, images d’une caméra de vidéo­sur­veil­lance, adress­es per­son­nelles, etc.) dont la dif­fu­sion à l’antenne con­sti­tu­ait une vio­la­tion du secret de l’instruction judi­ci­aire et de la pré­somp­tion d’innocence.

En col­lab­o­rant étroite­ment avec les ser­vices de police, Thier­ry Vin­cent se rend-il compte qu’il se fait le relais du min­istère de l’Intérieur auprès de l’opinion publique ? La ques­tion reste entière.

Car les liens du jour­nal­iste avec les ser­vices de ren­seigne­ment sont anciens. En 2001 déjà, son reportage sur Coluche était fondé sur les déc­la­ra­tions d’anciens mem­bres des ser­vices de ren­seigne­ment, tout comme celui sur l’argent des syn­di­cats en 2003. Ces col­lab­o­ra­tions n’empêchent pas Thier­ry Vin­cent de se tromper lour­de­ment, comme dans le reportage qu’il con­sacre à l’attentat anti­sémite de la rue des Rosiers en août 1982 et qui fit 6 morts et 22 blessés. Les auteurs de la tuerie n’ont été iden­ti­fiés avec cer­ti­tude qu’en 2011. Toute­fois, dans le cadre de l’émission « Spé­cial inves­ti­ga­tion » dif­fusée en 2008 par Canal, Thier­ry Vin­cent, assisté de Philippe Cauzard (ex-offici­er de police spé­cial­isé dans la lutte con­tre les activistes extrémistes aux Ren­seigne­ments Généraux, ex-DCRI), démon­tre que les tueurs sont des néo-nazis alle­mands manip­ulés par la police poli­tique com­mu­niste de l’Allemagne de l’Est (Stasi). Cette thèse n’était pas nou­velle, puisque Le Quo­ti­di­en de Paris l’avait évo­quée dès févri­er 1983, et qu’elle avait été plusieurs fois reprise dans des enquêtes jour­nal­is­tiques, et ce mal­gré les démen­tis de la police. Des démen­tis passés sous silence dans le reportage de Thier­ry Vin­cent, mais que celui-ci ne pou­vait ignor­er, tout comme Philippe Cauzard.

En 2011, la jus­tice française a annon­cé avoir iden­ti­fié les ter­ror­istes pré­sumés, tous des Pales­tiniens, et en 2015, des man­dats d’arrêt inter­na­tionaux ont été lancés à l’encontre de Zouhair Mouhamad Has­san Khalid Al-Abassi, arrêté en Jor­danie, Walid Abdul­rah­man Abou Zayed, 56 ans, qui vit en Norvège, et Mah­moud Khad­er Abed Adra, 59 ans (lien).

Une sit­u­a­tion dont il a con­science ! Car dans un autre reportage, con­sacré cette fois-ci à l’ultra gauche, il souhaitait « dénon­cer (…) la manip­u­la­tion qui a eu lieu dans la présen­ta­tion politi­co-médi­a­tique de cette affaire », « Enquête sur l’ul­tra­gauche “tapie dans l’om­bre”, mode d’emploi », blogs.rue89.nouvelobs.com/au-fond-a-gauche, 15/11/2010.

Guy Konopnicki

Thier­ry Vin­cent a par­ticipé à deux doc­u­men­taires et à un livre avec cet ex-stal­in­ien, écrivain, jour­nal­iste et ancien con­seiller région­al Verts d’Ile-de-France, ayant fait de la lutte con­tre le Front nation­al son cheval de bataille. Selon Wikipé­dia, Guy Konop­nic­ki a été mil­i­tant com­mu­niste dans sa jeunesse, puis mem­bre du Par­ti com­mu­niste français (PCF) de 1963 à 1978, mem­bre du bureau nation­al de l’U­nion des étu­di­ants com­mu­nistes (UEC) entre 1968 et 1972, et prési­dent de l’UNEF de 1971 à 1972.

Il com­mence sa car­rière de jour­nal­iste à l’hebdomadaire cul­turel com­mu­niste France-Nou­velle puis ani­me l’as­so­ci­a­tion Tra­vail et Cul­ture, organ­i­sa­tion cul­turelle liée à la CGT. Après sa rup­ture avec le PCF, en 1978, il col­la­bore à Libéra­tion ain­si qu’au Matin de Paris et, de 1985 à 1992, au men­su­el Globe. Il est, depuis 1999, chroniqueur au mag­a­zine Mar­i­anne. Il par­ticipe au « Panora­ma » de France Cul­ture, à par­tir de 1980, jusqu’à la dis­pari­tion de cette émis­sion, en 1999. Tou­jours sur France Cul­ture, il par­ticipe depuis sa créa­tion à l’émis­sion « Des Papous dans la tête ».

Il est égale­ment scé­nar­iste et dia­logu­iste de ciné­ma (Rouge Bais­er, de Véra Bel­mont, 1985).

De retour en poli­tique en 1992, Guy Konop­nic­ki a été con­seiller région­al d’Île-de-France, de 1992 à 1998, élu dans les Hauts-de-Seine sur la liste Généra­tion écolo­gie. Il est mem­bre du Comité Laïc­ité République.

Il est par ailleurs l’auteur d’une dizaine d’essais politiques.

Quelques col­lo­ques où Guy Konop­nic­ki est intervenu :

  • 1988 : Invité au Col­loque « Lib­erté pour les juifs d’U.R.S.S. » organ­isé par la loge Elie Bloch de Metz du B’naï B’rith (voir Mys­tères et secrets du B’naï B’rith d’Emmanuel Rati­er). L’opéra­tion est par­rainée par le séna­teur-maire Jean-Marie Rausch, Lau­rent Fabius, Lionel Sroleru et deux députés de Moselle. Les autres inter­venants sont Annie Kriegel, Alexan­dre Adler, Ralph Pin­to, etc.
  • 1997 : à Saintes, il par­ticipe à un débat organ­isé par SOS Racisme, et son prési­dent de l’époque, Fodé Syl­la, sur le thème « Faut-il inter­dire le FN ? » (« Brahim Jlalji », Sud Ouest, 08/03/1997)
  • 2000 : Il est l’invité d’une tenue blanche fer­mée de la loge Les Démoc­rates pour dis­sert­er sur l’antifascisme dans sa planche L’Arbre de Gœthe, France-Allemagne‑L’Autriche.
Nick Conrad

Il présente sur YouTube à un ami rab­bin Nick Con­rad, un rappeur con­ver­ti à l’Islam, char­mant auteur de la chan­son « Pen­dez les blancs » dont nous don­nons un extrait :

« Je ren­tre dans les crèch­es je tue des bébés blancs
Attrapez-les vite et pen­dez leurs parents
É
cartelez-les pour pass­er le temps
Diver­tir les enfants noirs de tout âge, petits et grands
Fou­et­tez-les fort faites-le franchement
Que ça pue la mort, que ça pisse le sang »

Ils ont dit

Attentat de la rue des Rosiers, la fausse piste de Thierry Vincent

« Depuis ses débuts, l’en­quête sur l’at­ten­tat de la rue des Rosiers a en effet con­nu de nom­breux erre­ments (…) Dans un doc­u­men­taire sor­ti en 2008, le jour­nal­iste Thier­ry Vin­cent avançait pour sa part que les auteurs de l’at­ten­tat auraient pu être des “néon­azis” », « Trois sus­pects iden­ti­fiés trente-trois ans après l’at­ten­tat de la rue des Rosiers », lemonde.fr, 04.03.2015.

« Thier­ry Vin­cent dresse un funeste tableau d’un pays désor­mais habitué aux images de guéril­la urbaine. Aux gaz lacry­mogènes répon­dent les cock­tails Molo­tov. Aux exac­tions xéno­phobes répon­dent les démon­stra­tions de force anar­chistes. Comme en 1945. Les armes en moins. Pour com­bi­en de temps? », « Grèce : vers la guerre civile ? », Le Monde, 02/09/2013.

« Cela n’empêche pas Thier­ry Vin­cent, l’enquêteur mai­son, vieux gau­cho déguisé en clochard (enfin, on espère pour lui que c’est une cou­ver­ture, his­toire d’infiltrer l’extrême gauche ou de mar­quer sa dés­ap­pro­ba­tion avec les jeunes patri­otes bien habil­lés), de se livr­er à un exer­ci­ce de retourne­ment de haut vol. Nous ne le blâmerons pas : il sem­ble ne pas saisir qui tire les ficelles, puisqu’il fait lui-même par­tie des mar­i­on­nettes. Avec de tels naïfs, la manip­u­la­tion devient un jeu d’enfant. Bien­v­enue dans le monde des antifas, ces petits sol­dats incon­scients des ban­ques », « Antifas : des fli­cail­lons… même pas payés ! », egaliteetreconciliation.fr, 11/12/2014.

« Nous avions même adoubé son tra­vail rigoureux de jour­nal­iste, lui qui avait arpen­té tout Paris et sa ban­lieue, affublé d’une kip­pa, et qui avait mon­tré avec une rigueur qu’on ne con­naît plus chez les jour­nal­istes, que l’antisémitisme, c’était du flan. Oui mais voilà, pas très remer­ciant, le jour­nal­iste d’Envoyé spé­cial nous fait savoir que, pas du tout, il avait mon­tré dans la suite de son reportage que l’antisémitisme en France con­nais­sait une « recrude­s­cence inquié­tante ». Pire, il pense qu’Alain Soral est « par­tielle­ment respon­s­able de la mon­tée d’un anti­sémitisme banal­isé » ! Il faut bien con­serv­er son emploi », Égal­ité & Réc­on­cil­i­a­tion, 14/01/2016.

« Thier­ry Vin­cent, jour­nal­iste pour France Télévi­sion, s’incruste depuis un temps cer­tain dans les lieux et rassem­ble­ments poli­tiques pour mieux se faire accepter et con­stru­ire pais­i­ble­ment des reportages visant à amen­er au grand écran des analy­ses scabreuses sur les milieux anar­chistes et autonomes », Paris Lutte Infos [média parisien de l’ultra-gauche], 23/03/2017.

« Il a béné­fi­cié notam­ment de la con­nivence répétée de celles et ceux qui ont par­ticipé à con­stru­ire l’imaginaire médi­a­tique du cortège de tête et de ses représen­ta­tions « insur­rec­tion­nal­istes », comme en attes­tent les inter­views don­nées dans le reportage par des mem­bres de l’AFA [min 20:00] et du MILI [min 24:30] », ibid.

« Comme d’autres jour­nal­istes pré­ten­du­ment indépen­dants ou sym­pa­thisants, Vin­cent et Lau­rent croient réha­biliter nos pra­tiques rad­i­cales, tout en ser­vant sur un plateau au pub­lic de leurs reportages tous les argu­ments du dis­crédit », ibid.

« Arrêtons de fan­tas­mer, lance le jour­nal­iste d’in­ves­ti­ga­tion. Il n’y a aucun lien entre LFI et les Black Blocs, je n’ai jamais vu un activiste du bloc mem­bre de LFI. » Cette prise de posi­tion de Thier­ry Vin­cent dans les colonnes du Figaro vise à dédouan­er la respon­s­abil­ité de LFI dans les vio­lences générées par lultra-gauche. Une posi­tion bous­sole pour celui qui, pen­dant lenquête sur latten­tat anti­sémite de la rue des Rosiers, con­tin­u­ait daccuser des « onazis ». Cette volon­té dé sépar­er Insoumis et Black Blocs inter­vient alors que des pho­tos des députés Louis Boyard et Car­los Bilon­go, présents dans les cortèges ultra-gauchistes de la Jeune Garde, fleuris­sent sur les réseaux soci­aux », Boule­vard Voltaire, 04/05/2023.

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo Streetpress

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