Le boulimique du PAF
Yves Calvi, de son vrai nom Yves Krettly, est né le 30 août 1959 à Boulogne-Billancourt. Son père, Grégoire Krettly, dit Gérard Calvi, fut compositeur de musique et chef d’orchestre. Sa mère, née Yvette Rogivue est une comédienne de second plan connue sous le nom de Yvette Dolvia (Le Petit Baigneur, Qu’est-ce qui fait craquer les filles…). Yves Calvi est marié depuis le 4 juillet 1992 à Valérie Lefèvre qui exerce le métier d’attachée de production. Le couple a eu une fille, Garance, née en 2001. Il doit sa longévité médiatique à une mode de vie ascétique, peu courant dans la profession : « Je ne sors pas en semaine, je fais une heure de sport par jour, je ne bois pas d’alcool. On peut le dire, ma carrière s’est faite au détriment de ma famille et de mes amis ».
Portrait vidéo
Formation universitaire
Yves Calvi a été au lycée de Saint-Cloud avec Éric Naulleau puis étudié à l’université de Nanterre (Paris X) avant de rejoindre l’Institut d’études politiques de Paris (IEP) dont il n’est cependant pas diplômé ; il fait son service militaire au service presse de l’hôtel Matignon. Il est titulaire d’une licence de lettres modernes et d’une maîtrise d’information et de communication.
Parcours professionnel
Yves Calvi débute sa carrière journalistique en 1986 comme présentateur-animateur à Radio France internationale (RFI) où il prend le pseudonyme de son père. Deux ans plus tard, il passe à France Info, puis à Télé Lyon Métropole (TLM) où il occupe le poste de rédacteur en chef adjoint tout en continuant d’animer et de présenter des débats (1989–1992). En 1993, il devient reporter à Média Vidéo Son (MVS) avant de rejoindre Radio Monte-Carlo (RMC) en 1994 car il suit Jérome Bellay dont il est proche.
Mais c’est sur Europe 1 qu’il se fait réellement connaître à partir de 1996. Il anime alors une émission matinale (Forum), puis différentes tranches horaires d’information. En 2003, il devient rédacteur en chef et présentateur du journal de 12h, Europe midi. Il est alors une des voix les plus familières de la station qu’il quitte pourtant en 2005 pour se consacrer pleinement à ses activités télévisuelles (voir ci-dessous). À partir de 2007 et jusqu’en 2010, il produit et présente l’émission quotidienne Nonobstant sur France Inter dans laquelle il interviewe une personnalité de la vie culturelle ou politique. Depuis 2010, il tient une chronique quotidienne sur RTL (Le choix de Yves Calvi).
Depuis 2014 il présente en semaine RTL Matin. En 2018 il est toujours le matinalier préféré des français, selon un sondage OpinionWay pour TV Magazine, devant Jean-Jacques Bourdin (RMC) et Nikos Aliagas (Europe 1).
Parallèlement à son activité radiophonique, Yves Calvi poursuit également une carrière télévisuelle. Deux ans après avoir quitté Télé Lyon Métropole (TLM), il devient présentateur à LCI (1994–1996). En 2000, il débarque sur la Cinquième (qui deviendra France 5 en 2002) et y anime Expertise, un magazine hebdomadaire d’actualité. À partir de septembre 2001, il devient le présentateur principal de C dans l’air, une émission quotidienne de débat produite par Jérôme Bellay. Il y est parfois remplacé par Thierry Guerrier (2006–2010), Axel de Tarlé (depuis 2008) ou Laurent Bazin (depuis 2011). Il présente son dernier C dans l’Air le 23 juin 2016.
Depuis 2005 jusqu’en 2014, il anime également le magazine de la rédaction de France 2, Mots Croisés, succédant à Arlette Chabot. En 2007, il présente le Grand Tournoi de l’Histoire sur France 3.
Devenu incontournable dans le paysage audiovisuel français, il représente France Télévisions pour interviewer le président de la République dans l’émission En direct de l’Elysée, en 2008 et en 2011, puis en 2014 avec Gilles Bouleau.
En 2006, il reçoit les Lauriers d’or de la télévision dans la catégorie Débat. En 2012, le prix Richelieu lui est décernée par l’association de Défense de la langue française pour sa « maîtrise de la langue française ». Un sondage paru en septembre 2011 (Harris interactive) indique qu’Yves Calvi est le journaliste préféré des politiques ainsi que celui qui aux yeux des Français passe pour le plus « indépendant » (avec seulement 23% des sondés cependant).
À partir du 29 août 2016 il anime une émission quotidienne de deux heures, 24 heures en questions, sur LCI, qui attire 300.000 téléspectateurs chaque soir.
À la rentrée 2017 il rejoint Canal + pour animer une émission d’actualité du lundi au jeudi de 19 à 21 h, l’Info du vrai, chargée de remplacer le défunt Grand journal dont l’audience a été divisée par dix en quatre ans.
Son émission est devenue un succès d’audience, pour le meilleur… et le pire. Ainsi la boulette du sociologue Michel Wieviorka qui confond en direct le A cerclé des anarchistes et les symboles d’extrême-droite fait le tour du pays – ce qui contraint le sociologue à s’excuser platement. L’ « Info du Vrai » s’arrête après quatre années de diffusion, une longévité honorable pour ce type d’émission pour un groupe Canal alors en pleine mutation. Comme l’annonce Gérald-Brice Viret dans Le Parisien, l’information n’est plus la priorité du groupe Canal, qui se recentre sur « ses trois piliers historiques que sont le sport, le cinéma et la culture ». Le quotidien suggère que Calvi pourrait être une victime collatérale de l’ascension fulgurante de CNews, qui voit la chaîne être propulsée de facto comme le pôle « information » du groupe Bolloré.
En bon routier de la profession, il continue d’écumer les chaînes d’information en rejoignant l’écurie BFMTV la même année. À 62 ans, il assure la couverture de la tranche très convoitée de 19–20h à la tête de « Calvi 3D : direct, décryptages et débats ».
Parcours militant
Parfois accusé de rouler pour la droite, Yves Calvi se voit souvent reproché d’être un cumulard omniprésent dans les programmes audiovisuels. Suite à une émission sur la délinquance des Roms diffusée le 11 février 2005, il a été poursuivi pour incitation à la haine raciale par des associations antiracistes qui lui reprochaient notamment le titre de son émission (« Délinquance : la route des Roms »). Il a été relaxé en 2009.
Le 21 mai 2018 il invite Jean Viard dans l’Info du Vrai sur Canal+. S’il le présente comme « sociologue, directeur de recherche au CNRS et au Laboratoire Politique de Sciences Po », il oublie cependant une donnée capitale : « Jean Viard est également membre d’En Marche, dont il a été le candidat (défait) aux élections législatives dans la cinquième circonscription du Vaucluse. Une donnée de circonstance qui ne sera jamais mentionnée par l’animateur au cours de l’émission, lui préférant l’étiquette de « sociologue » qui apparaîtra à l’écran, comme gage de scientificité », relève ainsi Acrimed (01/06/2018), site de critique des médias proche des Insoumis. L’invité servira de faire-valoir à une émission où l’animateur démonte systématiquement les arguments de l’Insoumise Danielle Simonnet, et le Média tout juste lancé avec.
Publications
Souvenirs historiques du capitaine Krettly, Yves Calvi et Gilbert Bodinier, Nouveau Monde éditions, juin 2003.
Collaborations
Non renseigné.
Ce qu’il gagne
Sur RTL il touche en 2016 un million d’euros par an (83.000 € par mois) pour lui et ses collaborateurs.
Quant à C dans l’air, chaque émission coûte 42.000 € à France 5, selon Capital en 2016. Soit 26 € par téléspectateur, un rapport prix-recettes très satisfaisant sur la télévision.
Il l’a dit
« En France, les questions relatives à la sécurité ou à l’immigration sont vécues systématiquement comme des préoccupations de droite. Je trouve ça honteux, car, pour connaître la banlieue, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, je sais très bien que les premières personnes à souffrir des violences sont les gens qui y vivent et non pas ceux qui en parlent. » (La Revue-Médias n°15 – décembre 2007).
« Ils sont en effet l’objet de ségrégations dans toute l’Europe, à l’Est comme à l’Ouest. Il sont aussi une préoccupation permanente pour les policiers, dont la police française, la multiplication des affaires de délinquance concernant les Roms est assez stupéfiante. » (C dans l’air – 11 février 2005).
« Travailler sur Canal m’intrigue et m’intéresse. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un groupe international, ce qui n’est pas anodin pour moi qui ai débuté dans le métier sur RFI et qui aime se projeter au-delà des bords de Seine ! « C dans l’air » était beaucoup regardé en Afrique et j’ai eu droit à de nombreux témoignages d’Africains qui me remerciaient pour cette émission », Le Monde, 02/09/2017, op. cit.
« Pas de public en studio. Je n’aime pas que le public soit utilisé comme un élément de décor. Dans des émissions plus légères, cela fait partie du jeu. Mais dans une émission d’info, cela n’a pas de sens », ibid.
« La radio m’est indispensable, j’aime profondément ce média. Et j’avoue avoir encore besoin d’être dans la lumière, de montrer ma tête. Ce qui me plaît, c’est l’adrénaline du direct, en télé comme à la radio », ibid.
« Aux quatre coins du pays, c’est le désordre républicain qui règne. De Notre-Dame-des-Landes aux facultés, celle de Tolbiac étant déjà transformée en véritable ZAD. Jusqu’à quand ? Emmanuel Macron fait preuve de beaucoup d’autorité en paroles mais cette fois, on va pouvoir juger de sa crédibilité effective », l’Info du Vrai, Canal+ le 17/04/2018, cité par Télérama le 20.
« Lorsqu’Europe 1 a annoncé que Nikos Aliagas succédait à Patrick Cohen à la tête de la matinale, je me suis dit spontanément: ‘c’est un bon coup’. Nikos est excellent mais ce choix envoie un message très contradictoire et révèle une perte d’identité car il faut savoir qui on est. À mon avis, cette chaîne où j’ai travaillé naguère, n’est pas dirigée », Sud-Ouest, 24/08/2018.
« Sans en être spécialiste, j’aime traiter de politique, en France ou en Europe, mais je ne m’engagerai pas en politique. En revanche, je n’ai jamais omis d’aller voter. Bien sûr, je ne vous dirai pas mon choix et cela me rassure que des gens me disent : ‘‘On ne sait pas pour qui vous votez.’’ On dit que Macron a fait exploser les clivages et c’est vrai que depuis un an, on flotte au-dessus. Mais cela ne durera pas, car une démocratie qui fonctionne voit s’opposer une gauche, une droite et des extrêmes », ibid.
« Les responsables politiques ont-ils un cap ? Parfois, j’ai des doutes, mais des conversations directes avec certains d’entre eux m’ont rassuré. Et je trouve normal qu’il leur arrive de changer de cap. Par contre, j’ai arrêté d’animer ‘‘Mots croisés’’ quand j’ai réalisé qu’ils étaient devenus incapables de se parler en s’écoutant les uns les autres », ibid.
« Journaliste, présentateur et interviewer, j’aime le direct et je revendique la responsabilité de conduire une émission. Oui, j’ai plaisir à montrer ‘‘ma fraise’’ mais je n’oublie jamais la dimension collective du métier : sans le producteur, les documentalistes, les enquêteurs, les cadreurs, je n’existerais pas. Diriger une antenne ? Difficile de répondre que cela ne m’intéresse pas mais je crains d’être un peu trop autocentré pour cela. Présenter un JT ? Là, je dis non, sauf si Jérôme Bellay y participe », ibid.
« Je n’ai pas trouvé que l’entretien télévisé de Bourdin et Plenel face à Macron relevait du fameux journalisme offensif anglo-saxon et je crois que nous n’avons pas trouvé en France la bonne distance : on ne parle pas aux responsables politiques comme à des potes car ce sont nos élus », ibid.
« Comment percevez-vous et vivez-vous l’incroyable procès qui est fait à nos forces de l’ordre en ce moment, que l’on taxe d’ultraviolence ? […] Est-ce qu’aujourd’hui un Français sur deux à qui on pose la question continue d’apporter son soutien au bordel qu’on voit tous les samedis ? », « L’Info du Vrai », interventions compilées par Arrêts sur images, 30/01/2019.
« Je vais choquer tout le monde en disant ça mais la pleurniche permanente hospitalière fait qu’on est en permanence au chevet de notre hôpital », L’info du vrai, 12/03/2020.
Sa nébuleuse
Yves Calvi est le “fils spirituel” en journalisme de Jérôme Bellay, président directeur général de la société Maximal Production qui produit notamment l’émission quotidienne C dans l’air. La société dépend depuis 2008 de Lagardère Entertainment, filiale de Lagardère Active. Maximal Production a produit notamment l’intervention télévisée du président de la République du 27 octobre 2011, consacrée à la crise de la zone euro, émission basée d’après TF1 sur “une idée originale de Jérôme Bellay” (Le Monde – 17 octobre 2011) et à laquelle participait justement Yves Calvi. C’est également Jérôme Bellay qui recrutera Yves Calvi à France Info en 1988, puis à Télé-Lyon-Métropole en 1989 où il est directeur d’antenne, ainsi qu’à Europe 1 en 1996.
Pour Le Monde (02/09/2017), il explicite sa relation avec Jérôme Bellay : « je suis le présentateur qu’il aurait aimé être et lui le producteur que j’aurais aimé être. J’ai une capacité à faire vivre ses idées, qui sont toujours aussi pertinentes. Nous ne sommes pas là pour faire les mecs intelligents mais pour que le téléspectateur retienne deux ou trois choses. Bellay est fondamentalement un journaliste doté d’un état d’esprit très service public. Il a créé France Info, il a lancé LCI, il a redonné des couleurs à Europe 1 lorsque nous y étions tous les deux. Il ne cesse d’observer et de trouver des angles. Dans ce métier, il y a très peu de patrons d’info qui sont des créateurs. C’est le cas de Jérôme Bellay ».
C’est parce que Jérôme Bellay s’aliène le pouvoir socialiste et une partie du clan Lagardère en 2015, en faisant preuve de trop de complaisance avec Marine Le Pen, qu’Yves Calvi quittera précipitamment France 5 pour LCI un plus tard. Comme il l’affirmera au Monde : « Ma fidélité au producteur et à l’homme qui m’a aidé à construire une bonne partie de ma carrière professionnelle ne pouvait être mise en jeu dans les guerres internes du groupe Lagardère ».
Dans Sud-Ouest (24/8/2018, op. cit.) il revient sur cette amitié : « Jérôme m’a aidé à évoluer vers plus de rigueur, moi qui n’avais pas fait d’école de journalisme. Il m’a aidé à devenir meilleur, à penser d’abord à ceux qui nous écoutent, nous regardent ou nous lisent. Et aussi à mieux écouter, penser contre moi-même, jusqu’à pouvoir changer d’opinion en cours d’émission. C’est avec lui que je vis l’aventure de ‘‘l’Info du vrai’’ : être à l’antenne chaque jour, et faire du Calvi produit par Bellay, exigeant sur la qualité du reportage ».
Le rédacteur en chef Manuel Saint-Paul, selon Le Monde.
Cyril Hanouna, qui aurait conseillé à Vincent Bolloré de recruter Yves Calvi, selon Le Monde (02/09/2017).
Ils ont dit à son sujet
« La “petite chaîne” du service [France 5] promeut Yves Calvi et Serge Moati, parmi la poignée de journalistes et animateurs “vedettes” de ses programmes […]Deux silhouettes trapues, deux physionomies méditerranéennes, deux visages mobiles et ouverts, et une même prédilection pour les chemises colorées. Même si Serge Moati se contente de décliner la gamme des teintes chaudes, automnales, tandis qu’Yves Calvi visite toute la palette des tons francs, sans craindre les bleus électriques et, parfois, les rayures!… Ces constatations vestimentaires veulent rendre compte de la forte présence physique des deux journalistes », Études, mars 2006.
« En débauchant du groupe TF1 Yves Calvi, homme de radio (il anime toujours la matinale de RTL) et populaire animateur de télévision, le Groupe Canal a réalisé un gros coup. Sur France 5 durant quinze ans, Calvi a fait de « C dans l’air » un succès télévisé de fin d’après-midi très remarqué avant de dupliquer son émission (rebaptisée « 24 heures en question ») pendant près d’un an sur LCI en doublant l’audience habituelle de la chaîne d’info. Un sujet d’actualité, des reportages, quatre spécialistes en plateau pour approfondir le thème du jour, la recette a fait ses preuves. Sur Canal, Calvi a, paraît-il, carte blanche. Il a pu faire venir ses fidèles (le producteur Jérôme Bellay, le rédacteur en chef Manuel Saint-Paul notamment) et dispose de moyens conséquents », Le Monde, 02/09/2017.
« Chien de garde invétéré, Yves Calvi nous aura une nouvelle fois offert un bel exemple de la façon dont il conçoit et met en scène le débat politique. Aux commandes de la matinale de RTL et animateur quotidien de « L’info du vrai » sur Canal+ (rediffusée sur CNews), il applique la même recette de jour en jour, alliant dépolitisation et personnalisation du débat politique. Cette émission ne fait pas exception : sur trente-trois minutes, environ quinze (soit près de la moitié) ont été consacrées au style (« excessif ») de Jean-Luc Mélenchon et treize minutes (plus d’un tiers) aux jeux d’appareil et à l’appréciation du « succès » du mouvement social. Restent seulement cinq minutes dédiées au débat politique de fond », Acrimed, 01/06/2018.
« La critique en actes, somme toute basique, que tente de porter Danielle Simonnet en plateau est évincée par Yves Calvi à grand renfort de sophismes. Ainsi, émettre des critiques sur un reportage et la manière dont il est construit revient nécessairement à vouloir « salir les journalistes », et suffit à ne pas autoriser un droit de réponse à la personne qui le demande », ibid.
« Un confrère comme Yves #Calvi, a fini par devenir un éditorialiste permanent de tout et de lui même. Ce n’est pas bon pour lui. À l’époque où on travaillait ensemble, je lui disais: Je ne comprends pas, tu passes ta vie à donner ton avis », Jean-Michel Apathie, Twitter, 31/01/2019.
Photo : Yves Calvi photographié par Studio Harcourt Paris (cc)