Un réac’ dans son genre
Yves Thréard est un journaliste politique qui a mis sa plume dite réac’ au service du Figaro. Né à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, en 1960, il est considéré par la gauche Libé comme étant un journaliste de droite et se démarque en effet de la majorité des journalistes par des postures que d’aucuns pourraient qualifier de « réactionnaires », notamment sur le plan sociétal avec une opposition marquée au « mariage » entre couples de même sexe, à l’adoption pour ces mêmes couples, à l’avortement et à la théorie du genre à l’école. Sur le plan politique (et économique), Yves Thréard est un critique acerbe des socialistes, communistes et autres marxistes. Il figurait, parmi d’autres, sur le fameux « mur des cons » réalisé par le syndicat de la magistrature.
Formation
Yves Thréard n’a pas suivi un parcours de journaliste classique. Loin des grandes écoles de journalisme, il a fait des études de droit à l’issue desquelles il a obtenu sa licence, puis s’est dirigé vers les Lettres en obtenant un DEA dans ce domaine.
Parcours de journaliste
Il débute en tant que journaliste en province, au Dauphiné Libéré, avant de partir pour l’Afrique de l’Est. Basé au Kenya, il couvre l’actualité de tous les pays de la région (Ouganda, Éthiopie, Soudan, Somalie, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Malawi, Mozambique, Maurice, Madagascar) pour le compte de deux médias, The Voice of Kenya et The Voice of AmÉrica. De retour en France, il passe par différents titres dont France-Soir où il occupe les postes de directeur de la rédaction et directeur général adjoint de 1997 à 1999.
Il termine sa trajectoire journalistique au Figaro, où il est aujourd’hui directeur-adjoint de la rédaction. On peut le retrouver, depuis le début de la saison 2013–2014, tous les midis pour le « Talk Orange-Le Figaro ». En novembre 2013, il lance une série de vidéos sur lefigaro.fr, intitulée « Répondez-moi ! », où il interpelle des responsables politiques sur des sujets d’actualité.
Il tient depuis plusieurs années un blog, « Controverses », sur lefigaro.fr et participe depuis sa création à la nouvelle plateforme de débat du quotidien, « FigaroVox ».
Yves Thréard est en outre professeur à Sciences Po Paris, en 5ème année, où il donne un cours sur les politiques éditoriales. Il est également intervenant extérieur auprès de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques dirigé par Pascal Boniface.
Journaliste audiovisuel
Outre son statut principal de journaliste de presse écrite, Yves Thréard collabore à plusieurs émissions à la radio et à la télévision. Sur les ondes, il participe à « On refait de monde », émission de RTL animée par Nicolas Poincaré de 19h15 à 20h. Sur le petit écran, il a collaboré au « Club BFMTV » de Ruth Elkrief (le mardi de 12h45 à 13h20) ainsi qu’au « Match d’i>Télé » de Laurent Bazin le vendredi de 8h15 à 8h20 où il était opposé à Maurice Szafran.
Il est aujourd’hui un intervenant régulier du « Duel » présenté par Olivier Galzi du lundi au jeudi à 23h35 sur i>Télé, aujourd’hui CNEWS, de la Matinale LCP, mais aussi de LCI et de BFM Radio.
À partir de 2020, LCP lui propose de présenter une émission de grands entretiens. Le premier cycle d’entretiens est intitulé « Du pouvoir au purgatoire » et le second, « Une certaine idée de la France », aboutit à un livre qui paraît en mars 2022 aux Éditions du Rocher. Le but étant pour lui de « percer toutes les contradictions, tous les mystères de notre pays ».
Positionnement
En mars 2012, un conseiller régional PS, Jérôme Impellizzieri, a saisi le CSA afin qu’il se penche sur le temps de parole d’éditorialistes « proches de la droite ». Yves Thréard figurait sur cette liste non-exhaustive en compagnie de Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1), Étienne Mougeotte (LCI, RTL), Éric Revel (LCI, RTL), Éric Brunet (RMC, BFMTV), Catherine Nay (Europe 1), Yvan Rioufol (RTL, i>Télé), Guillaume Roquette (LCI, France Inter, France 2), Robert Ménard (Sud Radio, i>Télé) et Jean-Pierre Pernaut (TF1).
Yves Thréard s’est beaucoup exprimé, sur son blog où à la télévision, sur des sujets sociétaux tels que le « mariage pour tous », l’adoption pour les couples homosexuels, la théorie du genre à l’école ainsi que l’avortement (IVG). En février 2014 (La Matinale, LCP, 23/02/2014), il a traité le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, de « menteur » suite aux déclarations du ministre sur la théorie du genre à l’école. Il a également interpellé Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, pour qu’il s’explique sur le deux-poids deux-mesures entre le sort de Dieudonné et celui des Femen dont il demande la dissolution.
En avril 2013, figurant parmi les « cons » du syndicat de la magistrature, il dénonce ces agissements de la part de représentants de la justice, a priori impartiale, et demande sa dissolution « illico-presto ».
Yves Thréard est considéré comme proche du CRIF, il a déjà été invité par la Commission d’études politiques de l’association pour débattre de la pensée unique et du politiquement correct avec Natacha Polony en avril 2016 et est le modérateur d’un débat sur le thème « La France, une et divisible ? » à l’occasion de la 10ème convention nationale du CRIF. Ce n’est pas la première fois qu’il prend part à cette convention, il avait déjà pris la parole au cours d’une table-ronde sur la perception d’Israël dans les médias en 2011 pour témoigner du biais pro-palestinien dans les médias français. Il se permet toutefois de critiquer le président du CRIF, Francis Khalifat, après que celui-ci a pris la décision d’exclure Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen de la manifestation populaire en hommage à Mireille Knoll, une femme âgée de confession juive tuée le 23 mars 2018 par son voisin musulman dans ce qui ressemble à un meurtre motivé par l’antisémitisme. Les deux personnalités bravent l’interdit du CRIF et se joignent au cortège coûte que coûte, pour en être exfiltrés manu militari par les milices de la LDJ. Thréard déplore ce camouflet qui a perturbé la communion républicaine : « par la faute de Francis Khalifa, […] la détermination de tout un peuple à lutter contre l’antisémitisme, a pris un tour scandaleux, indigne, méprisable. »
À l’orée des manifestations des Gilets Jaunes, Thréard fait montre d’un certain enthousiasme et croit déceler dans cette insurrection une manifestation de défiance contre la politique d’immigration. Il déclare à ce sujet sur LCI le 14 janvier 2019 : « L’immigration, contrairement à ce qui a été dit, est au cœur aussi de la révolte des Gilets jaunes : “Nous on est invisible, pendant 30 ans vous vous êtes occupés des minorités, des immigrés …” et ils disent “Mais occupez-vous de nous maintenant ! ». Thréard vire de bord lorsque la révolte fiscale originelle est détournée par des éléments de la gauche altermondialiste et se mue en terrain de jeux pour casseurs, pillards de banlieue et autres militants antifascistes. Il publie un éditorial dans Le Figaro où il appelle de ses vœux un retour à l’ordre et à une certaine civilité : « Il revient au gouvernement de trouver la parade sécuritaire et de se montrer implacable avec les fauteurs de troubles. Mais il est aussi de la responsabilité des protestataires « pacifiques » de ne plus appeler à manifester, de ne plus converger chaque fin de semaine vers les centres-villes. De changer de ton également. La haine le dispute trop souvent à la grossièreté dans l’expression de leurs revendications. »
Ce revirement lui vaudra l’hostilité des manifestants, comme le montre une vidéo datant du 14 juillet 2019 où il est pris à partie par des manifestants et insulté dans la rue. Libéral, considéré comme sioniste, plutôt bourgeois et partisan du parti de l’ordre, il aurait difficilement pu échapper à la vindicte populaire, d’autant plus qu’il semble ne pas être hostile à Emmanuel Macron, alors même qu’il était classé en 2015 par Acrimed parmi les « éditorialistes VRP du Front National » aux côtés de ses collègues Ivan Rioufol et Éric Zemmour.
Le 14 octobre 2019, ses déclarations incendiaires sur la religion musulmane, et qui font suite à la décision du député FN Julien Odoul d’exclure une femme voilée de l’hémicycle où se tient le conseil régional de Bourgogne-Franche Comté, défrayent la chronique. Il affirme notamment sur LCI qu’“il m’est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec un voile, et je suis descendu”, tout en ajoutant peu après « Je déteste la religion musulmane […] On a le droit de détester une religion, on tout à fait le droit de le dire. » Devant l’émoi suscité, et probablement des pressions de la part de la chaîne, Thréard offre son mea culpa au cours de la même émission le lendemain : « Je me suis très mal exprimé […] Je me suis laissé emporter, c’est pas bien […] Je respecte toutes les religions.»
Le journaliste est un habitué des « ménages » : tantôt pour le MEDEF, dont il anime certaines réunion publiques, tantôt pour « un poids lourd mondial de l’assurance » dont l’agence de communication qui l’emploie tait pudiquement le nom.
Le Figaro et Serge Dassault
Lors d’une conférence organisée à Montpellier le 17 janvier 2008 sur « la liberté de l’information en France » et à laquelle participait aussi Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, Yves Thréard a dit tout haut ce qu’il pensait de Serge Dassault, propriétaire du journal dans lequel il travaille, Le Figaro. Pour lui, « M. Dassault a un but purement politique, un but militant ». Et de poursuivre : « Il faut le dire, et je le dit parce que je le pense et je le sais : M. Dassault a un journal pour faire œuvre de militantisme politique. » Des déclarations pour le moins surprenantes provenant des rangs même du Figaro. Celles-ci ne seront suivies d’aucunes conséquences quant à sa place dans la rédaction.
Plus tôt, le 28 juin 2007 sur RTL, il avait cependant défendu son employeur en déclarant : « Je vais dire quelque chose de très important. Pendant toute la campagne [électorale de 2007], j’ai entendu que Dassault vivait des commandes de l’État. C’est faux ! Archi-faux ! Dassault n’a pas eu une seule commande de l’État en matière militaire. » Repris par Nicolas Poincaré, qui lui rappellera que Dassault vend bien ses avions Rafale à l’État français, et que cela est admis, Thréard ne saura quoi répondre et bafouillera avant de changer de sujet.
Ils l’ont dit
Le journal L’Humanité réagit souvent aux chroniques d’Yves Thréard. Selon les papiers, celui-ci est qualifié de « binaire indécrottable » et est accusé d’avoir pour « mentor » Nicolas Sarkozy.
Sans surprise, Yves Faucoup exprime toute la répulsion (plutôt ridicule) que le personnage lui inspire sur Mediapart : « Cela fait des années que j’écris sur Yves Thréard (directeur-adjoint du Figaro) que j’ai qualifié de droite-extrême et même d’extrême-droite. Avant de prendre la défense d’Emmanuel Macron sur les questions économiques, il militait ouvertement pour un lien entre LR et FN et reste, sur les questions sociétales, très à droite. Et là il est carrément raciste et islamophobe. Et continue, comme un vulgaire Zemmour, de parcourir les plateaux de télé. »
Il l’a dit
« Il y a une élection présidentielle dans 10 mois (…) Si à la rentrée, la France est obligée de se reconfiner, d’assigner à résidence les enfants et les étudiants, c’est fini. Son avenir politique est terminé », C dans l’air, 13/07/2021.
« On est dans un pays qui n’aime pas l’argent. Un pays qui a une attitude détestable vis-à-vis des gens qui ont bien gagné leur vie. Il y a une espèce de jalousie qui est entretenue dans ce pays », Figaro Live, 09/10/2017.
« Cette société de la délation m’exaspère […] Demain, on va faire quoi ? Le listing des gens qui ont le sida ? », Public Sénat, 05/04/2016.
« Depuis la fin des Trente Glorieuses, c’est-à-dire le premier choc pétrolier, les mauvaises décisions se sont succédé, le mal s’est installé. Savez-vous que, sur les vingt dernières années, seules trois grandes réformes ont été menées en France ? Les 35 heures, les retraites en 2010 et le mariage pour tous. Autant de débats qui ont énormément agité la société, mais ne l’ont pas fait avancer. Aujourd’hui, le contexte a changé par la grâce d’un homme, Emmanuel Macron. Et ce sont les Français qui ont congédié les partis traditionnels et qui, au lieu de verser dans les extrêmes comme annoncé, ont porté Macron au pouvoir. C’est une belle raison d’être optimiste.», Le Bien Public, 09/03/2018.
« Les jeunes, les ruraux, les ouvriers, ils votent tous en majorité pour elle comme un seul homme. Pourquoi ? Parce que les autres – l’UMP et le PS – sont mauvais, divisés, inaudibles. Du coup, ils lui laissent un boulevard pour s’exprimer et caresser dans le sens du vote tout ce peuple des invisibles, des déclassés, des orphelins d’une France forte et grande. Comment fait-elle ? Par captations d’héritages.L’héritage républicain, c’est le FN qui s’en fait le défenseur. Ainsi sur la laïcité. L’héritage gaulliste, c’est la FN qui s’en fait le promoteur. Ainsi sur l’indépendance nationale. L’héritage d’un État fort, stratège, interventionniste, c’est le FN qui s’en fait l’apôtre, bien mieux que Mélenchon. Ainsi en économie. Marine Le Pen présidente, c’est possible ? On n’en est pas là, loin de là. Mais Hollande et Sarkozy qui rêvent de se retrouver contre elle au second tour de la présidentielle de 2017 seraient bien inspirés de ne pas trop faire les malins. », Europe 1, 13 août 2014.
« Au Syndicat de la magistrature, ils révèlent qui ils sont vraiment : des crypto-marxistes qui n’aiment pas les gens de droite », lefigaro.fr, 24/04/2013.
« Mélenchon est le pire des xénophobes », « Médias le Mag », France 5, 09/12/12.
« Edwy Plenel se pense missionné, en qualité de journaliste, pour jeter l’opprobre alors même qu’il n’a pas toujours toutes les preuves », France 5, « C dans l’air » du 30 avril 2012 (à propos de l’affaire Cahuzac).
« On perd du temps en démontant le programme du Front National qui ne repose sur rien, on sait que c’est nul de toute manière et personne ne peut imaginer que ça puisse marcher deux secondes », France 2, « le 13H15 », 20/11/2011.
« Faut-il rappeler qu’à l’antisémitisme rampant de certains militants du FN répond la judéophobie de quelques-uns des militants du Parti de Gauche de Mélenchon et du Nouveau parti anticapitaliste de Besancenot », « Le blog d’Yves Thréard », lefigaro.fr, 22/03/11.
« Il y a un lien entre immigration et délinquance », « C dans l’air », France 5, 25/08/2010.
« Il y a beaucoup d’étrangers qui viennent en France ou de Français d’origine étrangère qui ne veulent pas épouser les valeurs de la République », « C dans l’air » France 5, 25/08/2010.
« En France, les parquets sont placés sous l’autorité du garde des Sceaux, qui définit la politique pénale du gouvernement. Ils ne sont donc jamais tout à fait neutres », « Le blog d’Yves Thréard », lefigaro.fr, 05/02/14.
« Derrière son amour des mots et de la poésie, cette femme cache un acharnement militant dont il serait sage de se méfier », (à propos de Christiane Taubira), « Le blog d’Yves Thréard », lefigaro.fr, 19/02/13.
« Nicolas Sarkozy n’est pas plus censeur que ses prédécesseurs. Il n’aime pas les journalistes, il déteste les journalistes, car nous sommes des empêcheurs de tourner en rond », Conférence à la faculté de Montpellier, le 17/01/09.
« Vous avez décidé de partir en guerre contre Monsieur Dieudonné M’Bala M’bala en interdisant ses spectacles “à relents antisémites”, pourquoi n’interdisez-vous pas l’association des “Femen” en France qui se livre à des actes de provocations qui heurtent la foi et la conscience de beaucoup dans notre pays ? M. Valls, répondez-moi ! », lefigaro.fr, le 06/01/14.
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