Le petit business des « experts du complotisme », autrement dit de la prétendue « avant-garde des anti-complotistes » se porte fort bien, en particulier sur les médias appartenant à l’État. Ils ne sont pas nombreux mais ils sont sur toutes les ondes, en particulier Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France. Ce dernier officiant ainsi chaque vendredi matin sur France Inter à 8h50.
Les anti complotistes voyant des complotistes partout et agissant avec la bénédiction (et l’argent) des pouvoirs médiatiques et politiques au pouvoir, il est nécessaire d’observer ce qu’ils croient percevoir.
Concernant Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France, nos articles les plus récents sont ici :
- Le VRP du complotisme Rudy Reichstadt était sur RFI début février
- Franceinfo met Complorama dans vos oreilles
- Pour Complorama, un complot géopolitique et antisémite mondial est à l’œuvre
Tristan Mendès-France sur France Inter, délation à l’ordre du jour
Une fois par semaine, le vendredi à 8h50, l’un des deux compères, Tristan Mendès-France, présente « Antidote ». L’idée ? « Tristan Mendès France tentera d’expliquer aux auditeurs les thèses conspirationnistes, leur genèse, les liens, les financements, ceux qui sont à la base, ceux qui les relaient… Il s’agit non seulement d’analyser le contenu mais aussi d’en percevoir les enjeux, de mieux comprendre la galaxie. »
Derrière ce sympathique pitch se cache une autre réalité : il s’agit surtout de mettre la délation à l’ordre du jour.
Le thème du 12 mars 2021 : « Exclure des réseaux sociaux des profils complotistes, ça marche ? ». Le sujet porte sur les principales plateformes, type Twitter ou Facebook.
Surveiller et exclure
Il y aurait des arguments « pour » et des arguments « contre ». Parmi les arguments « contre », le, principal serait que la personne exclue l’étant encore plus va se réfugier sur d’autres forums encore plus radicaux. Cette personne amènerait avec elle ses abonnés vers des « plateformes encore plus toxiques » et « cette migration rend encore plus difficile la surveillance et le suivi par les forces de l’ordre ».
Que la liberté d’expression soit ainsi surveillée ne gêne pas outre mesure Mendès-France, lequel semble oublier que la France est un État de droit et qu’en dehors d’une décision de justice l’interdisant, s’exprimer librement est un des fondamentaux de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Du côté du positif ? « La personne exclue ne peut plus pousser sa propagande sur la plateforme et ne bénéficie plus de la visibilité que lui permettent les grands médias sociaux, cela réduit sa capacité à recruter des adeptes et cela limite la capacité de ce profil et sa communauté à harceler en meute leurs cibles sur ces mêmes grandes plateformes ».
Ce ne seraient pas les seuls points positifs. Surtout, « l’individu perd son capital d’abonnés accumulé depuis des années », aidé par les grandes plateformes (c’est le dada de Mendès-France, il souhaite que les réseaux sociaux pratiquent eux-mêmes de plus en plus la censure, mais pas de n’importe quels comptes : de ceux que lui juge comme étant « complotistes », synonyme ici de « extrême-droite »).
Des exemples ? « Plein ». Au Royaume-Uni : Britain first, censuré, qui est maintenant sur une plateforme marginale avec 13 000 abonnés, plateforme qui serait un repaire de « néo-nazis ». Mendès-France prend aussi l’exemple de Dieudonné « qui a perdu sa page Facebook » (étonnante façon de dire qu’il a été censuré). Une perte de 2 millions d’abonnés. Dieudonné a migré et n’aurait plus que 15 000 abonnés.
Ces chutes du nombre d’abonnés, c’est cela que Mendès-France trouve très intéressant. D’autant qu’il appuie cette idée par une étude d’une université américaine (quand on cherche, on trouve), qui monterait « une chute spectaculaire de 73 % des fake news après la fermeture des comptes de Trump ».
Conclusion : rien de mieux que la censure !
Tristan Mendès-France : « Il y a souvent l’idée qu’il suffit d’opposer des arguments raisonnables aux complotistes mais est-ce suffisant ? On peut en douter ». La censure ? « Les avantages semblent l’emporter sur les inconvénients ».
La question du Droit ? Des tribunaux ? Des libertés individuelles, de pensée, d’expression, d’opinion ? Mendès-France n’en a cure. C’est chaque vendredi et c’est c’est sur France Inter. Il s’agit d’en appeler à la censure de qui ne pense pas comme il convient, du point de vue de l’idéologie dominante. Mais pas à n’importe quelle censure : celle exercée par des individus s’autoproclamant comme détenteurs de ce qui peut ou non être dit. Un peu comme dans une bonne vieille dictature, en somme. Tristan Mendès-France gagnerait à réviser ses classiques, du côté des années 30 du siècle passé, côté soviétique ou en face.