L’émission quotidienne de Franceinfo, « Le vrai du faux », est l’une de ces émissions qui se multiplient comme des petits pains ces dernières années. Des émissions de « vérification » des informations qui prétendent lutter contre les manipulations mais qui font exactement le contraire et imposent un point de vue officiel sur tout ce qui fâche. Un petit tour dans « Le vrai du faux ».
Avec « Le vrai du faux », les ficelles sont souvent un peu grosses mais elles fonctionnent. Il est ainsi fréquent que l’émission se penche sur les propos d’hommes et de femmes politiques. Et quand elle le fait, c’est encore plus souvent pour nier la véracité des propos de personnalités de droite ou du RN.
Le tour de Jordan Bardella
Le 21 mai 2021, c’était le tour de Jordan Bardella. Le responsable du Rassemblement National avait été invité sur Franceinfo la veille et fut interrogé sur différents points, dont le retour de Karim Benzema en équipe de France de football. Un « événement » qui dans la hiérarchie des médias de grand-chemin passait alors devant la situation sanitaire dramatique en Inde. Bardella en a profité pour évoquer le choix de l’hymne de cette équipe plus ou moins de France pour le Championnat d’Europe des Nations. Pour lui, « on a cédé à une partie racaille de la France en choisissant ce type de propos ».
Youssoupha et “sa semence de nègre”
Que peut avoir à redire « Le vrai du faux » à cette réalité ? Ceci : « Selon le numéro 2 du RN, Youssoupha, le rappeur compositeur et interprète de l’hymne, « a des paroles extrêmement virulentes (…) notamment lorsqu’il appelle à des menaces de mort contre Eric Zemmour, explique le vice-président du RN, ou « Lorsqu’il dit, « dans ce rêve où ma semence de nègre fout en cloque cette chienne de Marine Le Pen. » Ces paroles à l’encontre de la présidente du RN existent bien. Toutefois, la justice n’a rien trouvé à redire aux paroles qui visaient le chroniqueur Eric Zemmour. »
Franceinfo choisit de se cacher derrière son petit doigt, en l’occurrence la justice. Puisqu’une partie des propos du rappeur n’a pas été condamnée en justice, il n’y a pas de raison de les condamner médiatiquement. C’est pourtant ce que Franceinfo et ses comparses font à longueur de journée contre les personnalités politiques et médiatiques qui ne pensent pas comme eux.
Imaginons un instant que ces paroles au sujet de Marine Le Pen aient été prononcées à l’encontre de Najat Vallaud-Belcacem, légèrement changées et chantées par un blanc se prénommant Pierre : « dans ce rêve où ma semence de blanc fout en cloque cette chienne de Najat Vallaud-Belcacem. »
Ce serait devenu une affaire d’État, avec prise de parole du président de la République et du premier ministre, astreinte en justice, voir dissolution immédiate du groupe de chanteurs par Gérald Darmanin.
Autre argument de Franceinfo pour nier la réalité des faits rapportés par Bardella ? « La chanson est vieille de quinze ans ». Et ? Franceinfo passe beaucoup de temps, comme ses comparses, à s’en prendre à un écrivain tel que Renaud Camus du fait de son essai sur Le Grand Remplacement, juste réédité aux éditions de La Nouvelle Librairie. Un texte qui date aussi. Drôle de critère. En tout cas, l’émission veut montrer que ce qui est dit par Bardella n’est pas exact, elle le fait tout en faisant écouter la chanson qui…dit exactement les propos dénoncés. Ubuesque. Où est le « faux » dans ce vrai ?
Zemmour, un billet sur sa tête ? Circulez, il n’y a rien à voir !
L’argument suivant concerne Eric Zemmour. La cible récurrente des médias de grand-chemin qui, contrairement à tous les rappeurs de l’univers, ne devraient pas nécessairement, de leur point de vue, avoir droit à la liberté (totale) d’expression.
Le rappeur Youssoupha est aussi l’auteur d’une chanson « dans laquelle il s’en prend à Eric Zemmour ». Comme cela ne date pas de quinze ans, il convient de trouver un nouvel argument pour que le vrai, les paroles de cette chanson, deviennent le faux, accréditer le fait que ces paroles soient normales.
Les paroles ? « A force de juger nos gueules les gens le savent qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards. Chaque fois que ça pète on dit que c’est nous… J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour ».
Outre le côté « artistique » discutable de ce « poème », le fait de traiter un confrère de « con » publiquement pourrait faire tiquer les journalistes de Franceinfo. Ce n’est pas le cas. De même, l’expression « Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire » Zemmour se comprend simplement : « je récompenserai financièrement celui qui lui cassera la tronche ou même le tuera ». Quiconque lit ou entend ces paroles ne peut comprendre que cela. Quiconque ?
Pas les journalistes de Franceinfo. Pour eux, il n’y a pas de problème puisqu’après avoir gagné un premier procès, Zemmour a été débouté par la Cour d’Appel de Paris. Les deux journalistes de Franceinfo concluent au son de fermez le ban en insistant sur le fait que, selon eux, il n’est « évidemment » pas possible de considérer que ces paroles étaient un appel au meurtre.