[Première diffusion le 14 mai 2016] Rediffusions estivales 2016
Il faut le lire pour le croire. Stéphane Soumier, animateur de la matinale de BFM Business, est revenu sur son blog sur les déclarations de « son actionnaire », Alain Weill, patron de NextRadioTV (BFMTV, RMC, BFM Business…).
Au micro de France Inter mercredi 11 mai, Alain Weill avait déclaré que « la presse dans son schéma traditionnel est amenée à disparaître ». Ainsi, l’alliance entre son groupe et celui de Patrick Drahi, SFR/Numéricable, ne pose aucun problème car celle-ci « est purement industrielle, elle est pure ».
Pour défendre son patron, Soumier s’est alors lancé dans une démonstration plutôt capilo-tractée… « Quelle convergence peut-on trouver entre l’aéronautique et la presse? Voyons voir, distribuer le journal dans les avions? Quelle convergence peut-on trouver entre un grand groupe de luxe et de la presse? Là je cale, totalement. On est donc, au mieux, sur une forme de mécénat, au pire dans une recherche de contrôle et d’influence », explique-t-il.
Concernant la convergence entre un opérateur de télécoms et un média, elle est, pour Soumier, « tout autre ». En effet : « J’achète les journaux pour fidéliser les abonnés. Voilà la logique “industrielle”. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est simple : j’achète leur liberté, leur indépendance, leur intransigeance, leur arrogance, comme une valeur que je vais revendre, et que je vais revendre à mes vrais clients, abonnés SFR. Pour ça j’accepte sans doute de perdre de l’argent. Parce que mon centre de profit c’est l’abonné, pas le journal », assure-t-il.
Et de poursuivre son raisonnement : « Cette stratégie, si elle a un sens, signifie que toucher à la liberté, à l’indépendance, à l’intransigeance, à l’arrogance de la presse, et bien c’est perdre la valeur que je viens d’acheter. Si je propose à mes clients une presse sous contrôle, comment penser qu’ils y verront un avantage qui les poussera à rester abonné ? » CQFD…
Ainsi, pour l’animateur de BFM Business, la concentration des médias entre les mains d’un panel de propriétaires de plus en plus réduit n’est pas un problème puisqu’il s’agit d’industriels (forcément) désintéressés ! Patrick Drahi, LVMH, Dassault se retrouvent donc, indirectement, hissés au rang de sauveurs de la presse n’ayant absolument aucune idéologie, aucun intérêt à défendre – pas même un soupçon de libéralisme sans-frontièriste…
Les lunettes roses, ça vous change une vie.