« Toi, un jour, tu vas écrire un livre pour te venger. Tu parleras du nain qui t’empêchait de faire des citations et de l’abruti qui corrigeait toutes tes phrases. Tu vas pas nous rater. »
Cette phrase a été adressée par l’un des patrons du Grand Journal de Canal + à Ollivier Pourriol, ancien chroniqueur. Ce dernier l’a prise au mot. Il publie ce mois-ci un livre, « On/off » (ed. NiL) – dont puremedias.com publie quelques extraits – où il révèle les coulisses peu reluisantes de l’émission star de la chaîne cryptée. Engagé pour être l’intello de service, Pourriol va rapidement remarquer qu’il n’est pas à sa place – et qu’il n’a pas sa place – sur le plateau du roi de l’infotainment, Michel Denisot.
« On n’a pas de place pour une chronique, c’est à toi de prendre la parole » lui assène-t-on d’entrée de jeu. « Tu ne peux pas demander une chronique comme ça (…) Tu vois la plage ? Quand tu arrives trop tard et que tout le monde a déjà étalé sa serviette. Là, c’est pareil. Passer de l’huile dans le dos de ta voisine. Aller chercher une glace au maître nageur. Devenir pote avec le mec des parasols. Te rendre agréable. Indispensable mais pas trop », poursuit dans la fine métaphore l’un des membres de l’émission.
L’oreillette accompagne chacune de ses élocutions. « Trop court », « trop long », « tu n’as pas posé ta question »… Sans parler des coupures de son micro lorsque ce n’est pas à son tour de parler. On lui conseille d’« avoir le réflexe de commencer à parler avant d’avoir quelque chose à dire », ou encore de parler plus fort que les autres ou sur les applaudissements. Des citations de philosophes ou d’auteur ? C’est non. C’est « excluant » pour le téléspectateur…
« Fais ce qu’on te dit, ce sera plus simple. Fais-nous confiance. Il faut finir par une question. C’est comme ça, c’est le format », lui souffle-t-on. Concernant les trois livres par jour qu’il doit lire et commenter, tâche impossible, on lui fait savoir : « personne ne te demande de les lire (…) Tu peux le respirer, le livre. » Un chroniqueur lui donne une astuce de haute volée : « Je lis la première page, la dernière page et la page 100. Comme ça, je connais le début, la fin. Et si on parle du livre, je parle de la page 100. Quelqu’un qui arrive à la page 100, c’est qu’il a lu le livre. »
Puis, mission lui est confiée d’être plus caustique pour contrebalancer la véritable tendance au lustrage de Michel Denisot. « Si tu l’écoutes, tout est formidable. Aucun esprit critique, jamais », lui explique un adjoint de la rédaction. Aussi, on le prévient, vis-à-vis des salaires astronomiques consacrés à ce genre d’exercice, de se « souvenir de sa vie d’avant ». Un collègue lui confie toucher « le loto chaque mois ». Pourriol est « miné ». L’émission ne lui convient pas, et lui-même sait qu’il ne convient guère plus. « Il faut être différent, mais pas trop, c’est quand même de la télé », lui explique l’un des patrons de la chaîne.
Devant sa détresse croissante, Jean-Michel Aphatie le conseille : « sois moins cérébral… » Pourriol ne sera pas reconduit. « Si tu te fais virer, ce ne sera pas parce que tu as été mauvais, mais que l’intelligence, on n’en a rien à foutre », lui a soufflé un ancien de l’émission. Au final, Ollivier Pourriol aura été trop intello pour les bobos… Il avouera n’avoir « jamais autant gagné d’argent à rien foutre ». Belle expérience…
Crédit photo : capture d’écran TéléObs via Youtube