De Sud Ouest au groupe de La Dépêche du Midi, rien ne va plus pour la presse quotidienne régionale du sud-ouest. En proie à des conflits internes, ces deux organes de presse doivent faire face à la grogne de leurs propres légions, irritées par les nominations déontologiquement contestables comme les plans sociaux malvenus.
Miss Ibiza dans le sud-ouest
C’est en premier lieu un souci d’ordre déontologique qui a soulevé l’ire des journalistes de Sud-Ouest : à en croire la Lettre A, Anna Cabana, qui devait devenir éditorialiste du journal bordelais en lieu et place de Bruno Dive, s’est vu opposer une levée de boucliers de ses collègues. Près de 75 % des membres féminins de la rédaction ont déposé auprès du directeur de la rédaction et de la rédactrice-en-chef une lettre de plainte, cosignée par quatre-vingt-huit plumes masculines du titre. L’objet de la missive ? La colère suscitée par l’absence de sollicitation en interne pour ce poste à la tête duquel la direction souhaitait installer une femme au nom de l’équilibre paritaire…
Requérir à un prestataire extérieur n’aurait sans doute pas généré un tel conflit si le journaliste choisi n’avait pas fait l’objet d’une condamnation par le Conseil déontologique journalistique et de médiation pour conflits d’intérêts en lien avec son époux. Remarquée en janvier dernier pour n’avoir pas évoqué les liens matrimoniaux qui l’unissaient à l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer alors qu’elle animait une émission sur une polémique concernant son départ à Ibiza en plein établissement d’un protocole sanitaire dans les écoles, Anna Cabana n’a pourtant pas écopé de quelconque sanction. Destiné à régler les conflits entre les différents professionnels de la presse, ce CDJM ne rend des avis que consultatifs ; de même, l’ARCOM n’avait pas jugé bon de sanctionner le journaliste.
La cumularde Anna Cabana, à la fois éditorialiste à Elle, auteur des Carnets du Télégramme, présentatrice quotidienne sur i24news et chroniqueur de BFMTV, aurait donc d’ores et déjà renoncé à tremper sa plume égotiste au service de Sud Ouest…
Midi Libre : les sous-sous dans les popoches de la famille Baylet
C’est un problème bien plus pragmatique qui occupe les confrères du média bordelais : à Midi Libre, journal appartenant au groupe de presse de la Dépêche du Midi, la direction a annoncé une diminution de ses effectifs qu’elle aspire à voir partir de manière volontaire. Déclarant 1,6 millions d’euros de déficit en 2022, la tête de cet organe de presse entend se défaire de près de quarante-cinq postes. Le directeur général du titre annonce même le scénario catastrophe de 2023, estimant que le déficit pour l’année à venir devrait approcher les 2,8 millions d’euros. « La crise de notre filière et les conséquences qu’elle engendre sur notre modèle économique ont été aggravées par deux années de Covid-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine », expliquait Baylet le mois dernier.
Des évènements collatéraux qui n’ont en revanche pas freiné la rétribution aux actionnaires du groupe, et notamment de la famille Baylet qui s’en est accaparée près de 90 %… Pour la seconde partie de l’année 2022, les actionnaires de celui-ci ont reçu 1,5 millions d’euros de dividendes. Mais que les futurs chômeurs se rassurent : la conjonction des mesures prises par Jean-Benoît Baylet – y compris leur licenciement — devrait selon lui « permettre à Midi Libre de renouer avec un résultat positif dès 2024 »…