Les quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires reçoivent des subventions en fonction de leur diffusion. Pour des raisons dignes de Clochemerle (ou par volonté politique ?), Présent va perdre cette subvention
Présent et L’Huma
L’alouette et le cheval, si les subventions reçues par les deux titres étaient représentées par un pâté, l’Huma recevrait une ration de cheval, alors que le quotidien national catholique serait au régime d’une alouette. L’Humanité de son côté a bénéficié sur la période 2010/2017 (voir notre infographie) de plus de 27M€ (vingt sept millions d’euros, annulation d’une créance de 4M€ sur l’Etat en 2013 incluse) d’aides publiques. Une moyenne de 3,5M€ millions d’euros par an. Présent entre 2016 et 2018 ? Environ 140K€ par an. Calculez la différence.
Présent… pas assez cher
Un peu de technique. Depuis 2016, Présent est éligible à la troisième section du fonds d’aide à la presse quotidienne généraliste à faibles revenus publicitaires car son prix de vente au numéro est inférieur à 80 % du prix de vente moyen pondéré par la diffusion annuelle en France des quotidiens nationaux d’information politique et générale (décret du 12 mars 1986 instituant cette aide).
Cette aide est limitée à trois ans pour la fameuse troisième section. Mais il existe une première section. Pour en bénéficier (nous simplifions), le prix de Présent aurait dû se trouver dans une fourchette entre 80% et 130% du prix de vente moyen pondéré des quotidiens nationaux. Mais Présent ne coûte que 1,80€ au numéro et se trouve en-dessous de la fourchette. En clair, le quotidien n’est pas assez cher. Cerise sur le gâteau, les chiffres de la dite fourchette ne sont pas communiqués par l’État, mais le quotidien (qui ne sait donc pas à quelle sauce il est mangé), avec un prix de vente au numéro de 1,80€, est « en-dehors de la fourchette » et donc privé de subvention pour 2019. CQFD.
Situation aggravée
Le quotidien doit sortir du régime de l’administration judiciaire en février 2020 ou plutôt devait en sortir en comptant sur cette (petite) subvention. 140K€, une somme modeste (Le Monde ou Le Figaro reçoivent a minima plus de 5M€ par an) mais qui représente de 12% à 15% des recettes du journal selon Francis Bergeron, le directeur de la publication. Le quotidien pour assurer sa survie, lance un nouvel appel à ses lecteurs comme en 2018.
Curieusement alors que les autres quotidiens reçoivent des avances au cours de l’année, Présent recevait systématiquement sa subvention le 30 ou le 31 décembre pour l’année en cours. Encore plus curieusement c’est fin octobre que les services concernés informent la publication de la non reconduction de la subvention pour l’année 2019. Certains diront que cela fait trop de curiosités, voire que quelqu’un quelque part en veut vraiment à un quotidien original et indépendant.