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Président “woke”, guerre contre Bolloré… Cinq choses à savoir sur l’ARCOM

11 février 2025

Temps de lecture : 6 minutes
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Président “woke”, guerre contre Bolloré… Cinq choses à savoir sur l’ARCOM

Temps de lecture : 6 minutes

Après six années d’un mandat tumultueux passées à la tête de l’ARCOM, Roch-Olivier Maistre a passé la main dimanche 2 février à Martin Ajdari.

Énarque, très à gauche, choisi par Emmanuel Macron… la nomination de ce haut-fonctionnaire à la tête d’une institution déjà jugée partiale a suscité une vague d’indignation.

Une suc­ces­sion dans la con­ti­nu­ité”. Lun­di 3 févri­er 2025, le haut fonc­tion­naire Mar­tin Ajdari s’est instal­lé dans ses nou­velles fonc­tions de prési­dent de l’ARCOM. Accusée de par­tial­ité, notam­ment après l’exclusion des chaînes C8 et NRJ12 de la TNT, l’ARCOM a, sem­ble-t-il, voulu (avec ce can­di­dat qui, l’assure-t-on, “n’a rien d’un idéo­logue”) faire peau neuve. Du moins en apparence. Voici cinq choses à savoir sur le gen­darme de l’audiovisuel.

1. Ses membres sont nommés par le pouvoir politique en place

Issue de la fusion du CSA et de l’Hadopi, l’ARCOM, qui assure “veiller au respect de l’ex­pres­sion plu­ral­iste des courants de pen­sée et d’opin­ion à la télévi­sion et à la radio”, est com­posée d’un col­lège de neuf mem­bres. Tous sans excep­tion sont nom­més par le pou­voir poli­tique en place. Le prési­dent de l’ARCOM est ain­si directe­ment nom­mé par le prési­dent de la République, trois mem­bres sont désignés par le prési­dent de l’Assemblée nationale, trois autres par le prési­dent du Sénat, un par le vice-Prési­dent du Con­seil d’État (Didi­er-Roland Tabuteau, très proche du Par­ti social­iste) et enfin un dernier mem­bre est désigné par le Pre­mier prési­dent de la Cour de cas­sa­tion (Christophe Soulard).

Notons égale­ment que l’ARCOM étant une agence publique, le finance­ment de ses mem­bres dépend prin­ci­pale­ment des fonds publics. Chaque année, l’État alloue ain­si une par­tie de son bud­get au gen­darme de l’audiovisuel à tra­vers la Loi de Finances. En 2023, 47,8 mil­lions d’euros lui ont par exem­ple été octroyés par l’État pour cou­vrir, entre autres, les salaires de ses 370 employés (dont 9 000 euros net par mois pour le prési­dent de l’ARCOM) et l’infrastructure tech­nique néces­saire pour réguler les con­tenus en ligne.

2. Son nouveau président est (très) marqué à gauche

Pro­posé par Emmanuel Macron (qui avait sug­géré son nom fin novem­bre 2024), faible­ment approu­vé par le Par­lement (47 voix pour, 36 con­tre), le haut fonc­tion­naire Mar­tin Ajdari, 56 ans, est, depuis le 2 févri­er, le nou­veau vis­age du “gar­di­en du PAF”. L’homme, qui a fait toute sa car­rière au ser­vice de l’État, est, selon des témoignages recueil­lis par Libéra­tion, avant tout con­nu pour être “un bosseur […] qui a l’avantage d’avoir tra­vail­lé à Radio France et France Télévi­sions, à des gros postes”.

Il con­naît vrai­ment bien les dossiers, parce qu’il con­naît les médias de l’intérieur”, assure-t-on dans les colonnes du quo­ti­di­en. Certes, Mar­tin Ajdari est un fin con­nais­seur des médias : diplômé de Sci­ences Po Paris et ancien élève de l’ENA, Mar­tin Ajdari a été nom­mé directeur admin­is­tratif et financier de Radio France Inter­na­tionale (RFI) en 1999 avant d’intégrer, dix ans plus tard, le Groupe France Télévi­sions comme directeur général délégué aux ressources et secré­taire général.

Sur le papi­er, “le CV est béton”, s’accorde-t-on à dire dans une par­tie du monde des médias. Dans les faits, la nom­i­na­tion du quin­quagé­naire inquiète déjà. Car l’énarque est très mar­qué à gauche : proche de Pap Ndi­aye, Mar­tin Ajdari est en effet un social­iste “woke” qui, entre 2000 et 2002, a été con­seiller tech­nique au sein des cab­i­nets de Lau­rent Fabius et de Flo­rence Par­ly avant de rejoin­dre, en 2014, le min­istère de la Cul­ture, en tant que directeur du cab­i­net d’Aurélie Fil­ip­pet­ti puis de Fleur Pellerin.

Mais surtout, il est une infor­ma­tion dont les médias n’ont pas fait grand éta­lage : en 2020, alors directeur général de l’Opéra nation­al de Paris, c’est ce même Mar­tin Ajdari qui a lancé la mis­sion “Diver­sité” dont l’objectif assumé était alors de réduire… la pro­por­tion de Blancs au sein de l’institution.

3. Son Directeur est proche d’une association pro-migrants

En juil­let 2024, Roch-Olivi­er Maistre, alors prési­dent de l’ARCOM, décide de nom­mer Alban de Ner­vaux directeur général de l’ARCOM. Sur le papi­er, celui qui suc­cède à Guil­laume Blan­chot coche toutes les cas­es de ses con­frères : nor­malien, Sci­ences Po, ENA, con­seiller d’État… Un clas­sique de la haute administration.

Il est cepen­dant un élé­ment essen­tiel que l’ARCOM s’est bien gardé de sig­naler : Alban de Ner­vaux est égale­ment l’époux de Lau­rence de Ner­vaux, direc­trice de “Des­tin Com­mun”, asso­ci­a­tion qui plan­i­fie l’implantation de migrants en ruralité.

Lire aus­si : Le nou­veau Directeur de l’ARCOM proche d’une asso­ci­a­tion pro-migrants

Financé par l’Open Soci­ety de George Soros (à hau­teur de 1,5 mil­lions d’euros en 2021), l’Agence Française de Développe­ment, Green­peace ou encore Amnesty Inter­na­tion­al, Des­tin Com­mun s’est notam­ment fait con­naitre en avril 2024 par le biais du rap­port “De Callac à Crépol : les cam­pagnes au cœur des batailles iden­ti­taires” analysant et con­seil­lant l’in­stal­la­tion de migrants par l’État dans des com­munes rurales mal­gré la résis­tance locale.

4. Elle s’inquiète du nombre trop important de blancs à la télé

Dans un rap­port paru le 15 novem­bre 2024, l’ARCOM, “chargée, selon ses mots, de con­tribuer à la lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions” a ten­té de dress­er “le bilan d’une décen­nie de représen­ta­tion à la télévi­sion”. Après avoir décryp­té le con­tenu de 19 chaînes de la TNT de 2013 à 2023, le gen­darme de l’audiovisuel a con­clu à un résul­tat sans appel : il y a encore trop de blancs à la télévision.

Dans le détail ‑et alors que les sta­tis­tiques eth­niques sont en principe inter­dites en France ‑l’ARCOM a notam­ment déploré dans son rap­port que, sur ces dix dernières années, seules “15 % de per­son­nes perçues comme racisées aient occupé l’écran”.

Sur les chaînes d’informations en con­tinu, l’ARCOM a égale­ment noté que “les per­son­nes non blanch­es ne représen­tent que 10 % des effec­tifs, et y sont générale­ment présen­tées de façon néga­tive” et que “lorsqu’il s’agit de par­ler de poli­tique française, seules 8 % d’entre elles sont sollicitées”.

5. Elle essaie d’étouffer les médias du groupe Bolloré

Selon un décompte réal­isé par Le Monde en novem­bre 2024, les deux chaînes phares du groupe Bol­loré-C8 et CNews ‑ont reçu pas moins de 52 sanc­tions de l’ARCOM et du CSA entre décem­bre 2012 et novem­bre 2024. Un nom­bre impres­sion­nant de sanc­tions aux allures d’acharnement qui cache une autre réal­ité : celle d’une accéléra­tion de la fréquence des sanc­tions depuis qua­tre ans avec seize déci­sions pris­es pour la seule année 2024, un record.

Voir aus­si : l’ARCOM fait la chas­se à CNews alors que Europe 1 se redresse

Au total, depuis 2012, 11 sanc­tions pécu­ni­aires ont été pronon­cées à l’encontre de C8 et 7 à l’encontre de Cnews. Par­mi elles, deux ont pronon­cées alors même que l’ARCOM avait déjà pris la déci­sion de ne pas renou­vel­er l’autorisation de dif­fu­sion de C8 et de NRJ12 sur la TNT. Notons enfin C8 et CNews sont les seules chaînes français­es à avoir fait l’objet de sanc­tions pécuniaires.

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