Ces derniers jours, plusieurs militants et sympathisants du mouvement Reconquête, et du Rassemblement national ont été agressés plus ou moins violemment. Sur la seule période du 10 au 20 mars 2022, la liste de ces agressions est impressionnante. La lecture de certains médias de grand chemin nous apprend que le terrain avait été bien préparé, si l’on ose dire.
Les préliminaires
Les menaces contre des militants de Reconquête ont été particulièrement nombreuses depuis l’essor de ce mouvement, notamment sur le réseau social Twitter. Une cible a eu une médiatisation plus particulière, à l’instar de celle de CNew, : Tanguy David, un militant du parti d’Éric Zemmour qui a fait l’objet de nombreuses menaces de mort, fréquemment à caractère raciste.
Le monde du business musical n’est pas en reste. Ainsi, un « chanteur » de rap appelait récemment tranquillement au meurtre dans l’une de ses « œuvres » :
« Pour moi le seul sang qui ravigote […] c’est celui qui coule des patriotes »
Cette banalisation de l’appel et du recours à la violence est-elle isolée ?
Le 5 décembre, au meeting d’Éric Zemmour à Villepinte, alors que de nombreux médias comme Le Monde cherchaient avant tout à mettre des participants à celui-ci en accusation, ils étaient beaucoup moins prolixes pour montrer la véritable artillerie des militants d’extrême gauche qui entendaient perturber l’événement.
🇫🇷 Villepinte. Meeting de Zemmour : des militants d’extrême gauche interpellés avec des cocktails Molotov et des bouteilles d’acide https://t.co/3ULI0FTKSV
— Police & Réalités (@PoliceRealites) December 6, 2021
La complaisance vis-à-vis des néo-fas (appelés à tort antifas) parait bien ancrée en France. La journaliste du site Boulevard Voltaire Gabriel Cluzel présente ainsi sur Twitter un jeu de société bien curieux vendu sur le site de la FNAC et dans certains magasins :
Vendu sur le site de la @Fnac et dans une grande librairie de Rennes comme un Monopoly…
« #Antifa, un jeu de plateau de simulation et de gestion dans lequel vous faites vivre un groupe antifasciste local. Chaque joueur incarne un militant avec des compétences particulières. » pic.twitter.com/LZbSAmvtDN— Gabrielle Cluzel (@gabriellecluzel) December 5, 2021
Une saine occupation pour nos chères têtes blondes élevées dans un climat de respect, n’en doutons pas.
Désigner l’ennemi
Dans les médias de grand chemin, dans ce contexte de quasi guerre civile, la répartition des rôles semble bien définie : Emmanuel Macron est le président fédérateur, jamais clivant, qui sort le carnet de chèques des Français quand le besoin s’en fait sentir. Cette pluie d’euros déversée sur l’économie amène notamment Nicolas Bouzou à dresser sur Europe 1 le 21 mars les louanges du pouvoir en place. Peu importe que les finances de l’Etat approchent chaque jour davantage de la banqueroute.
Pendant ce temps, alors que Marine Le Pen mène une campagne discrète qui semble selon les sondages lui réussir, Éric Zemmour sert de paratonnerre. Il est plus souvent qu’à son tour affublé de qualificatif de « polémiste » et son mouvement serait d’« extrême droite ».
Comme le souligne à propos du RN Paul-François Paoli dans un essai paru en 2017, « quand les journalistes, presque tous, classent cette formation à l’extrême droite, ils sont sous l’emprise mimétique de leur corporation et ne font qu’attester ce que tant de gens pensent des journalistes : de confortables paresseux ».
Les journalistes des médias de grand chemin parlent aussi souvent d’Éric Zemmour comme d’un « polémiste d’extrême droite », d’une pierre deux coups. Par contraste, le président jupitérien est actuellement fréquemment appelé le « président de l’Europe » à l’occasion de la présidence du conseil des ministres de l’Union européenne, à l’instar de la Tribune.
Peu importe que, comme François Asselineau le démontre sur YouTube, les compétences de la présidence du conseil des ministres de l’UE sont plus que limitées et somme toute assez honorifiques.
Entre les deux et au regard de la différence de stature telle que présentée en peu de mots, le choix semble vite fait…
Éric Zemmour serait donc un « polémiste » : ce vocable est-il choisi au hasard alors que les prestations d’Éric Zemmour en tant que « polémiste » sur les plateaux de télévision ont été peu nombreuses au regard de sa longue carrière de journaliste et d’écrivain ? On aura compris qu’il s’agit pour de nombreux journalistes d’employer les qualificatifs les plus clivants et les plus négatifs.
Autre question : est-il opportun de qualifier le mouvement d’Éric Zemmour d’« extrême droite » ?
Nos courageux journalistes en ont-ils cherché la définition ? Ont-ils écouté un spécialiste des radicalités en France, comme le politologue Jean-Yves Camus ? Sur le plateau de Quotidien le 4 octobre, celui-ci affirme qu’Éric Zemmour est « un homme de droite » et aucunement « d’extrême droite ».
Mais l’on ne désigne pas à la vindicte populaire, l’on ne stigmatise pas impunément quelqu’un ni le mouvement qu’il représente. La lecture de la presse quotidienne durant les derniers jours nous en donne un aperçu édifiant.
Festival de violence
C’est un véritable festival. Actu.fr ouvre le feu. Le média nous informe que du 10 au 14 mars, un militant d’Éric Zemmour a été victime de deux agressions violentes à Bordeaux.
Ouest-France nous relate les déboires d’un militant du mouvement inévitablement « d’extrême droite » :
« Dans la nuit du 14 au 15 mars, un colleur d’affiches partisan du candidat d’extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour a été agressé. Il a déposé une plainte au commissariat ».
Le Parisien place les deux termes fétiches dans son article quand il s’agit de parler d’E. Zemmour : « polémiste d’extrême droite ».
« c’est une nouvelle fois le camp du polémiste d’extrême droite qui a été visé. Vendredi (18 mars), six de ses militants, et trois adolescents qui les accompagnaient avec des drapeaux tricolores, ont été aspergés d’essence par deux individus après avoir déployé une banderole au-dessus de la Francilienne, à Linas (Essonne) ».
Sur le site JeanmarcMotrandini.com, on apprend que le vendredi 18 mars, « après le meeting d’Éric Zemmour à Metz, Stanislas Rigault le patron de Génération Z et Denis Cieslik, Responsable des parrainages et porte-parole du parti Reconquête! ont été agressés à la gare par une dizaine de jeunes les traitant de “fils de pute” ou encore de “sale pd” selon les images diffusées sur les réseaux sociaux »
On franchit un pas supplémentaire dans l’abject : selon Le Figaro le même soir, à la sortie du meeting d’E. Zemmour à Metz « une jeune femme enceinte nous raconte avoir été agressée à la sortie, alors qu’elle était seule. « J’ai dû partir un peu avant la fin pour ne pas rater mon train. Une jeune femme antifa m’a fait un croche-pied par-derrière ».
Le Rassemblement national n’est pas en reste. Boulevard Voltaire nous informe que le 20 mars, des élus et des militants du Rassemblement national ont été « agressés et insultés en pleine journée par « des jeunes » à Vedène, près d’Avignon (Vaucluse) ».
Si aucun titre de la presse quotidienne régionale n’en a parlé, le Figaro évoque à l’occasion d’un article sur une démarche de Jordan Bardella envers le ministre de l’intérieur d’autres faits mentionnés par le leader politique : des militants du RN «pris pour cible» à Hyères, dans le Var, avec « les vitres de leur voiture détruites par des individus lors d’un collage ».
Le Figaro annonce le 21 mars de façon plus exhaustive que « depuis le début de la campagne, une cinquantaine de militants ont été «attaqués avec des couteaux, des poings américains, des chiens d’attaque, des gaz lacrymogènes, des armes à feu, des chaises, des tessons de bouteille et des tirs de mortier ».
Charline Vanhoenacker, la grimaçante humoriste de France Inter, n’avait-elle lâché les chiens il y a quelques mois en grimant Éric Zemmour en Adolf Hitler ? Ne savait-elle pas que l’on ne débat pas avec Adolf Hitler, on cherche à l’éliminer ? Cela va-t-il émouvoir la corporation des grands moralistes ?
Ces actes de violence ne sont possibles que parce qu’un climat propice a concouru à leur essor. Le processus de diabolisation-stigmatisation comporte plusieurs étapes :
- associer en permanence le qualificatif d’extrême-droite à deux candidats à l’élection présidentielle, E. Zemmour et M. Le Pen, bien que, comme le souligne notamment le politologue Jean-Yves Camus, cette qualification ne soit pas adéquate. Par symétrie, Jean-Luc Mélenchon n’est jamais qualifié de candidat d’extrême gauche mais d’« insoumis ». Une curiosité que souligne fréquemment G.W. Goldnadel sur Twitter,
- laisser propager sur les réseaux sociaux des menaces de mort contre de personnalités comme Tanguy David, qui affichent un soutien à l’un ou l’autre de ces deux candidats,
- puis vient le temps de l’agression physique, d’autant plus facilitée que lorsque les agresseurs des militants politiques sont interpellés, ils bénéficient parfois d’une étrange clémence.
Ainsi, les voyous qui ont aspergé d’essence dimanche 20 mars des militants du parti d’Éric Zemmour ont été condamnés à…un stage de citoyenneté.
Cela amène Soureya Nadji à réagir sur Twitter :
« Violence caractérisée, en plus envers des mineurs. Résultat judiciaire : une “peine” qui ne dissuade pas de récidiver et plus protectrice des agresseurs que des victimes. On se fiche des conséquences psychiques qu’elles vont endurer. Et on hypothèque l’avenir des jeunes agresseurs en ne leur faisant pas prendre conscience de la gravité de l’acte ».
Par l’action conjuguée de certains journalistes, de militants néo-fas et de racailles, le bénéfice est triple pour le pouvoir en place : la caricature des opposants politiques les mieux placés, l’association de ces mêmes opposants à des faits de violence, même si c’est bien malgré eux, et la possibilité d’apparaitre comme un recours, celui du juste milieu et de la mesure.
Une affaire rondement menée. Quant aux graves problèmes que posent ces agressions et leur quasi impunité dans un régime politique qui se veut démocratique, la question mériterait d’être posée.