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Présidentielle : les réseaux sociaux sont-ils en train de détrôner les médias ?

20 janvier 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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Présidentielle : les réseaux sociaux sont-ils en train de détrôner les médias ?

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur du livre La Langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement (éd de l’Artilleur/Toucan, 2016), Ingrid Riocreux, que l’Ojim a été l’un des premiers médias à interroger sur son livre passionnant, donnait récemment un entretien au Figaro/Vox.

Dans celui-ci, l’a­grégée de Let­tres mod­ernes analy­sait le lan­gage des prin­ci­paux can­di­dats à la prési­den­tielle et leurs rap­ports aux médias. Mais avant tout, au regard des ini­tia­tives de Jean-Luc Mélen­chon et Flo­ri­an Philip­pot, qui ont tous deux créé leur chaîne Youtube, un con­stat s’im­pose selon elle : inter­net, les réseaux soci­aux et les médias alter­nat­ifs ont pris une place impor­tante dans le grand con­cert de l’information.

Ain­si désor­mais, « la hiérar­chie de l’in­for­ma­tion échappe en grande par­tie aux médias offi­ciels », explique-t-elle. En témoignent les récentes agres­sions de Cologne, com­mise par des clan­des­tins, et que les médias offi­ciels ont, dans un pre­mier temps, ten­té d’étouffer. Or aujour­d’hui, « toute ten­ta­tive d’é­touf­fer des faits avérés est con­tre-pro­duc­tive. Les faits en ques­tion finis­sent par être con­nus parce que les réseaux soci­aux propa­gent les images et les témoignages ».

En par­al­lèle, « les médias alter­nat­ifs gag­nent en crédi­bil­ité: ils appa­rais­sent comme ceux qui dis­ent ce que les autres nous cachent », note Ingrid Riocre­ux. Pour con­tr­er cette men­ace, les médias tra­di­tion­nels ont donc choisi, de plus en plus, de nous met­tre con­stam­ment en garde con­tre inter­net et les réseaux soci­aux. Certes, cet appel à la pru­dence peut paraître légitime, mais pour l’es­say­iste, « ces mêmes médias ne sem­blent pas se l’ap­pli­quer à eux-mêmes », et com­met­tent sou­vent des bour­des. La faute à la volon­té d’être le pre­mier à sor­tir une infor­ma­tion, et donc à ne pas vrai­ment la véri­fi­er, entre autres…

Con­cer­nant le monde poli­tique, force est de con­stater que la majorité du per­son­nel poli­tique « se soumet au mag­istère moral des médias et accepte ce sys­tème dans lequel il faut utilis­er cer­tains mots et pas d’autres ». Et quand bien même beau­coup dénon­cent ce mag­istère et se pré­ten­dent « hors sys­tème », ils ne le sont pas totale­ment. Car on ne peut tout sim­ple­ment pas l’être, « cela reviendrait à ne pas exis­ter du tout », nous dit Ingrid Riocre­ux. Et d’a­jouter : « Si on laisse de côté ceux qui se pré­ten­dent hors sys­tème sans l’être en rien, les can­di­dats “hors sys­tème” sont, en réal­ité, ceux qui arrivent à utilis­er le sys­tème con­tre lui-même. »

Don­ald Trump en est un par­fait exem­ple, lui qui a volon­taire­ment accu­mulé les « bour­des » pour voir les médias se jeter dessus, et donc par­ler de lui. Autre solu­tion : les con­tourn­er. Soit com­plète­ment, comme tend à le faire Jean-Luc Mélen­chon, soit par­tielle­ment, comme s’y essaie Flo­ri­an Philip­pot, assez mal­adroite­ment par ailleurs.

Il n’en reste pas moins que cette cam­pagne prési­den­tielle à venir bra­que­ra une bonne par­tie des pro­jecteurs sur le web, étant désor­mais pos­si­ble que le gros de la bataille s’y déroule. Et sur inter­net, tous les coups (ou presque) sont permis.

Notre entretien avec Ingrid Riocreux

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