La messagerie de presse a la peau dure. En redressement judiciaire et dans les derniers soubresauts de l’agonie, alors que les dépôts de presse de province sont en grève, les magazines organisent leur départ vers les MLP, le concurrent lyonnais.
500M€, 600M€ ? Qui dit mieux ?
Les chiffres donnent le tournis. Les dettes pourraient approcher le milliard d’euros. Les fonds propres sont négatifs à hauteur de plus de 500M€, les pertes opérationnelles sont bien supérieures à 5M€ par mois. N’importe quelle entreprise, privée ou publique, aurait tiré le rideau depuis longtemps.
Vont se rajouter très vite 33M€ de subventions pour assurer le courant et payer les kiosquiers, un nouveau « prêt » de 35M€ et plus tard après la restructuration encore 80M€ pour relancer l’activité de la messagerie qui distribuera les quotidiens nationaux. Restera à financer le plan de départs (plus de 600 personnes), un bon 50M€ que les éditeurs sollicités se refusent à prendre en charge et dont on devine que l’État le prendra sous son aile argentée, qui est aussi la vôtre.
Départ des magazines
Un certain nombre d’éditeurs de magazines ont déjà annoncé rejoindre les MLP : Challenges du groupe de Claude Perdriel, Le 1 d’Eric Fottorino, Le Magazine Littéraire, Society et So Foot, d’autres ont déjà suivi sur la pointe des pieds. Les deux plus gros groupes Prisma et Reworld ne resteront pas avec le successeur de Presstalis. Le groupe CMI du Tchèque Daniel Křetínský, un poids lourd (Elle, Télé 7 jours, Marianne) se tâte.
Au bout du bout, les quotidiens nationaux (en dehors de Présent et de L’Humanité) ont tous pour propriétaires ou actionnaires de référence des groupes industriels possédés par de grande fortunes, Le Monde (Niel, Pigasse, Křetínský), Le Figaro (Dassault), Les Échos et Le Parisien (Bernard Arnault), L’Équipe (Amaury), Libération (Patrick Drahi, en cours de transformation sous forme de fondation). Ces titres bénéficient déjà de plusieurs centaines de millions d’euros d’aides directes et indirectes par an. Ils sont en plus subventionnés pour leur distribution par Presstalis. Et ont toutes chances de le rester avec la nouvelle messagerie. Jusqu’au moment où seuls les abonnés seront servis en papier et le reste passera en numérique.