C’est une longue, très longue et triste histoire que celle de la distribution de la presse en France. Et qui coûte cher.
Des NMPP à Presstalis
À la fin de la guerre et lors du vote de la loi Bichet (1947) la CGT alors contrôlée de près par le parti communiste avait pris de fait le contrôle des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP), société coopérative, constituée par les éditeurs de presse (51%) et Hachette (49%) ; Hachette nommait le directeur général, ce dernier n’ayant que très peu de pouvoir face à celui de la CGT. Les NMPP avaient le monopole de la distribution des quotidiens et distribuaient la majorité des magazines.
Gabegies pharaoniques, salaires et sur salaires, primes et surprimes, emplois bidons en réalité occupés par des permanents du PCF ou de la CGT, préretraites somptueuses, trafic de papier (200 tonnes par mois) en faveur de Cuba, détournement de journaux vendus hors circuit, les pertes cumulées dépassent l’équivalent de 240M€ et Hachette se retire en 2010, la société devient alors Presstalis.
De Presstalis à France Messagerie
En quelques années les effectifs pléthoriques étaient passés d’une armée de 6000 employés (!) à deux régiments soit 2500 personnes, soit encore beaucoup trop de monde pour un service défectueux et des grèves à répétition. Presstalis devient une SAS, possédée à 75% par les éditeurs de presse magazine et 25% les éditeurs de quotidiens. Pour arriver plus tard à 1250 personnes, le plan de départs garantit le versement intégral du salaire pour les plus de 55 ans jusqu’à leur retraite effective à 60 ans. L’État injecte 250M€ en 2012 pour la restructuration.
Mais la situation ne s’améliore pas, en 2017 nouveau plan de départ de 250 personnes et 150M€ pris dans les poches de l’État. Le dépôt de bilan est prononcé en avril 2020 et l’État accorde deux « prêts » de 68M€ pour faire la soudure. France Messagerie, qui reprend les activités de Presstalis, reçoit une nouvelle aide de 80M€ pour financer les licenciements.
France Messagerie 27M€ de plus par an mais affaibli
À partir de 2020, France Messagerie (présidé par Louis Dreyfus du Monde) conserve le monopole de la distribution des quotidiens nationaux et celle d’une partie des magazines. Ces derniers sont contraints pendant un temps de ne pas rejoindre le concurrent MLP (Messageries Lyonnaises de la Presse) mais une bonne partie le fait dès l’interdiction levée. Le groupe SoPress, puis Prisma média et enfin quarante petits éditeurs passent chez MLP. Le mouvement s’accélèrera en 2023 lorsque les magazines du groupe Reworld (source Lettre A) passeront chez MLP, qui contrôlera alors plus de 80% de la distribution des magazines. Entretemps France Messagerie survit grâce à une subvention annuelle de l’État de 27M€. Faites les comptes, on est environ à 600M€ pour la distribution de médias dont une bonne partie appartient à l’espèce des médias de grand chemin. En attendant sans doute de nouveaux déboires et de nouvelles subventions. On vous souhaite une bonne année quand même.