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Prétendue agression raciste de Pontivy : France Bleu en difficulté

20 novembre 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Prétendue agression raciste de Pontivy : France Bleu en difficulté

Temps de lecture : 3 minutes

Comme nous nous en étions déjà fait écho, suite à la manifestation de nationalistes bretons opposés à l’accueil de migrants à Pontivy le 14 novembre, la radio France Bleu Armorique avait annoncé qu’une agression raciste en réunion avait été perpétrée par les manifestants sur un maghrébin.

Mais plusieurs médias locaux présents lors de cette man­i­fes­ta­tion pass­able­ment ten­due avaient démen­ti cette infor­ma­tion. Après que le coup de grâce ait été don­né par les pou­voirs publics, France Bleu, for­cée de se déjuger – en par­tie – est en porte-à-faux.

La presse locale indépen­dante de réin­for­ma­tion a‑t-elle à nou­veau eu rai­son con­tre les médias « main­stream » ? Alors que la presse nationale, dont aucun représen­tant ne cou­vrait pour­tant la man­i­fes­ta­tion, repre­nait sans véri­fi­er les allé­ga­tions de France Bleu, le média bre­ton de réin­for­ma­tion Breizh Info qui cou­vrait la man­i­fes­ta­tion, infir­mait cette nou­velle. La chaîne de télévi­sion publique France 3 se dis­tin­guait cepen­dant en s’ap­puyant sur des sources offi­cielles : « par ailleurs, ni Georges-Yves Guil­lot, l’élu de Pon­tivy qui était sur place, ni les gen­darmes ne con­fir­ment le tabas­sage d’une per­son­ne d’o­rig­ine maghrébine par les man­i­fes­tants d’ex­trême droite ».

Sapée par plusieurs médias et l’O­JIM, la posi­tion de France Bleu est dev­enue tout à fait inten­able lorsque les pou­voirs publics – en la per­son­ne du préfet du Mor­bi­han – révélaient qu’aucune plainte liée à une infrac­tion à car­ac­tère raciste n’avait été déposée. France Bleu a été oblig­ée de se déjuger en reti­rant son arti­cle, inac­ces­si­ble depuis mer­cre­di 18 novem­bre, et ce, sans que la radio n’ait pris la peine de s’ex­cuser devant son pub­lic ou au moins de s’expliquer.

La radio ne s’est cepen­dant déjugée qu’en par­tie, repor­tant le feu sur les plaintes déposées – qua­tre, pour vio­lences – et en changeant son réc­it de la « raton­nade », qui était cen­sé con­cern­er cette fois, selon le même témoignage de la com­merçante, « un mon­sieur (NDLR : d’origine antil­laise) », une pré­ci­sion ajoutée par la rédac­tion. De deux choses l’une : soit cette pré­ci­sion est entière­ment inven­tée par l’au­teur de l’ar­ti­cle, soit la com­merçante a changé son témoignage, ce qui indique pour le moins qu’il n’est ni sûr ni probant.

Pour toute expli­ca­tion de ces vari­a­tions de ver­sions et d’accusations que France Bleu s’est per­mis de profér­er, puis de retir­er, un court nota bene en fin du nou­veau arti­cle : « Cet arti­cle a été pub­lié dans une pre­mière ver­sion dimanche, le 15 novem­bre, sur la foi de plusieurs témoins et nous l’avons mod­i­fié après avoir obtenu de nou­veaux témoignages et les pré­ci­sions du par­quet de Lori­ent ». Une phrase sèche, insuff­isante, qui en dit long sur le rap­port qu’en­tre­tient la presse sub­ven­tion­née à l’é­gard de l’in­for­ma­tion – si l’on se plante, un clou chas­se l’autre comme une infor­ma­tion fausse peut être rem­placée par une autre – ce qui est d’au­tant plus grave pour un média pub­lic qui reflète, en par­tie, l’at­tache­ment de la République au car­ac­tère véridique et à la fia­bil­ité de l’information.

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