Attribuer le prix Nobel de la Paix aux Sleeping Giants : c’est la proposition pour le moins étonnante du député Renaissance des Côtes‑d’Armor Éric Bothorel. Un article publié jeudi 15 février dans le journal Libération reprend l’appel du député Bothorel et développe les actions menées par cette « association militante » mais se prend les pieds dans le tapis en prenant l’exemple du site Boulevard Voltaire.
Éric Bothorel, chantre de la censure
Le député Éric Bothorel veut laver plus blanc que blanc. Il était déjà parti en croisade pour « assainir internet des discours haineux ». France 3 Bretagne rapporte la prose de l’élu pour qui « une des plus grandes menaces pour la paix est la haine, et ceux qui l’attisent, l’entretiennent, sont bien sûr les principaux responsables de sa diffusion ». Un combat entre le mal et le bien en somme auquel le député estime que le groupe Sleeping Giants contribue en pourfendant les médias ciblés comme étant « racistes » ou « complotistes ».
Ancien socialiste, Éric Bothorel n’en n’est pas à son coup d’essai en matière de Nobel, il avait déjà proposé la nomination de la Katiba des Narvalos en 2022 pour le même prix. Il s’agissait d’un collectif citoyen qui essaie de tourner les jihadistes au ridicule pour combattre leur propagande sur internet…
« Assainir internet »
France Info rapporte que pour le député, les Sleeping Giants « ont un impact indéniable par leur démarche originale de name and shame pour assainir les internets et couper les revenus publicitaires des haineux. Ils comblent ainsi les carences du droit, des faiblesses de certains outils de régulation dont certains s’accommodent pour déverser leur fiel et en tirer des revenus ».
La méthode de cette organisation militante consiste en effet à alerter sur les réseaux sociaux les marques qui font de la publicité dans les médias qu’ils dénoncent. Les marques n’étant pas toujours au courant des médias dans lesquels leurs publicités sont diffusées du fait des mécanisme numérique d’achat d’espaces, les Sleeping Giants (Géants endormis en français) leur enjoignent publiquement d’arrêter de faire de la publicité.
Sleeping Giants, meilleur que Mère Teresa ?
Les cibles favorites de ce groupe militant en ligne sont les médias de sensibilité conservatrice. Ainsi, Valeurs Actuelles avait perdu sa principale régie publicitaire en ligne en 2021 sous la pression de l’organisation. CNews est également régulièrement ciblé tout comme le journal Causeur.
Pourfendeurs du racisme, les Sleeping Giants n’ont cependant pas tout à fait réglé le problème de discrimination au sein de leurs propres équipes. Ainsi, une sombre affaire de ressources humaines impliquant un mâle blanc et une de ses collaboratrices « racisée » avait éclaboussé l’organisation.
Soutenu par France Inter, qui lui tend volontiers son micro, le collectif se voit donc aujourd’hui postulant pour un titre honorifique reçu il y a 45 ans par mère Teresa.
Interrogée dans les colonnes de France Inter, une cofondatrice de l’organisation de la section française de Sleeping Giants affirme « On est très émus. Cela fait sept ans que nous sommes exposés quotidiennement à la haine ».
Libération, l’info à l’aveugle
L’article de Libération paru le 15 février sous la plume de Maxime Macé et Pierre Plottu fait le panégyrique des Sleeping Giants qui auraient « à leur actif l’assèchement des revenus du site d’extrême droite Boulevard Voltaire ». Une information démentie par la rédactrice en chef de ce média, Gabrielle Cluzel, dans un éditorial paru le jour même dans lequel la journaliste affirme n’avoir pas été contactée pour confirmer cette information qu’elle dément. Cette dernière ajoute : « La vérité est que la campagne de harcèlement des Sleeping Giants, en dépit de leurs fanfaronnades, n’a eu que peu d’incidence sur le développement de Boulevard Voltaire », détaillant par ailleurs « ce n’est pas l’activisme de ces militants d’extrême-gauche, c’est-à-dire le harcèlement des annonceurs, qui a fait sauter la régie publicitaire Google ad Sense de BV, mais un signalement massif et abusif de hackers ».
À la limite de la légalité, l’organisation Sleeping Giants a déjà fait l’objet d’une plainte du journal Valeurs Actuelles en 2021. Elle a également vu ses détracteurs faire des émules à l’image des Corsaires qui se définissent comme un « Groupe d’action pro liberté d’expression » et qui tente de faire contrepoids en informant les marques sollicitées que les Sleeping Giants n’ont d’une part aucune légitimité mais aussi que certains de leurs clients sont des habitués des médias ciblés.
Nous leur décernons le prix Nobel de la censure🏅. pic.twitter.com/OaivciPGm5
— Les Corsaires (@LesCorsairesFr) February 15, 2024
Voir aussi : Sleeping Giants ou le totalitarisme « soft » qui veut tuer