La guerre d’Ukraine est un conflit armé mais aussi un champ de bataille médiatique dans lequel s’affrontent, souvent assez caricaturalement, un camp russe parfois tiers-mondiste et un camp ukrainien et étasunien généralement assimilé à l’Occident. Cette guerre dans la guerre se mue petit à petit dans une espèce de croisade pour la vérité. Une « vérité » évidemment très variable selon le camp envisagé. Côté occidental, c’est le très connu prix Pulitzer qui a été dégainé pour récompenser les médias porte-paroles (ou porte-flingues) de la Maison Blanche.
Associated press : l’agence qui vous veut du bien
Lundi 8 mai 2023, l’une des plus grandes agences de presse du monde, l’Associated Press (AP) a été récompensée par le prix Pulitzer avec le « prix service public ». Une breloque pour un reportage qualifié de « courageux » sur le siège de la ville ukrainienne de Marioupol mais aussi une autre pour un reportage photo.
Ce n’est pas une nouveauté de voir une agence de presse obtenir ce prix décerné par l’université de Columbia (New York) mais le caractère très partial de l’AP peut ici étonner surtout quand celle-ci s’est fait le relais d’éléments de propagande de guerre ukrainienne ou américaine.
Le New York Times : la gauche qui aime la guerre
Classé au centre gauche, le New York Times a aussi été primé en recevant le prix du « reportage international » pour sa « couverture inébranlable de l’invasion de l’Ukraine par la Russie » et tout particulièrement pour une enquête sur les morts ukrainiens de Boutcha et sur l’unité russe accusée de tueries. Le manque de recul sur les charniers des deux camps devrait encourager à un peu de retenue pour s’éviter les scandales à la Timisoara. Le New York Times, journal de va‑t’en guerre, qui s’en excuse même parfois, applique la feuille de route étasunienne sur la guerre d’Ukraine se faisant le porte-voix de la Maison Blanche.
Le Pulitzer, un prix surcoté
En 2018, le prix Pulitzer récompensait déjà le New York Times pour son traitement de la supposée ingérence russe dans l’élection présidentielle étasunienne de 2016 (une fable depuis écartée). En 2004, le finaliste Jack Kelley contraint de démissionner du titre USA Today pour avoir raconté des sornettes sur la Yougoslavie, Cuba ou encore Israël. Aujourd’hui, si ce ne sont pas des fausses informations qui sont directement en cause (pour l’instant), le prix Pulitzer se complaît dans un exercice d’autosatisfaction étasunien. Un prix étasunien récompense des médias étasuniens qui soutiennent la politique menée par les États-Unis… C’est un peu comme si l’université de Moscou remettait un prix à la chaîne Russia Today pour son traitement de la guerre en Ukraine…