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Procès Assange : dernier jour d’audience

25 octobre 2020

Temps de lecture : 4 minutes
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Procès Assange : dernier jour d’audience

Temps de lecture : 4 minutes

L’élément central de ce dernier jour est la fixation du jugement au 4 janvier 2021 par la juge Vanessa Baraitser. Un délai suffisamment long pour espérer (sans en être certain) que la campagne électorale présidentielle américaine soit déjà un peu loin dans le temps et que le nouveau président soit clairement désigné.

Pour la défense, le pro­fesseur Michael Tigar juriste de la Duke Law School a ten­té de mon­tr­er que l’inculpation d’Assange con­stitue un abus de pou­voir iden­tique à l’affaire des Pen­ta­gon Papers en 1973 qui avait vu l’incarcération puis la libéra­tion de son prin­ci­pal divul­ga­teur Daniel Ells­berg (ce dernier a d’ailleurs témoigné pour la défense).

Pour rap­pel les « plom­biers de l’administration Nixon se sont intro­duits dans les bureaux du psy­chi­a­tre d’Ellsberg pour vol­er ses dossiers médi­caux et Ells­berg a été mis sur écoutes de manière illé­gale. Un proces­sus qui ressem­ble étrange­ment à l’intrusion de la CIA via la société espag­nole UC Glob­al pour espi­onner Assange, ses avo­cats, ses médecins et les jour­nal­istes qui venaient le vis­iter à l’ambassade équa­to­ri­enne à Lon­dres. Sans par­ler des pos­si­ble pro­jets d’enlèvement ou d’empoisonnement. L’affaire s’est con­clue par une procé­dure d’impeach­ment con­tre Nixon et sa démission.

Si la juge décidait de retenir ce témoignage et celui d’Ellsberg, ces élé­ments pour­raient être suff­isants pour libér­er Assange, au-delà du prob­lème épineux du con­flit haute­ment poli­tique entre lib­erté de la presse et pro­tec­tion des agents de l’État.

« C’est essen­tielle­ment la même sit­u­a­tion qui a mis fin à mon affaire et qui a con­duit à la demande d’impeachment de Nixon et à sa démis­sion », a déclaré Ells­berg dans un cour­riel. « En d’autres ter­mes, Julian peut, par mir­a­cle, être libéré sur cette base (éventuelle­ment), tout comme je l’ai été ! »

Si Baraitser décidait de ne pas extrad­er Assange, ce serait très prob­a­ble­ment en rai­son de cet abus de pou­voir à son encon­tre, ou en rai­son de sa san­té physique et men­tale face à un sys­tème car­céral améri­cain par­ti­c­ulière­ment vio­lent. De toute façon, cela pour­rait éviter la ques­tion haute­ment poli­tique du con­flit entre espi­onnage et lib­erté de la presse.

Le témoignage lu au tri­bunal par l’avocat d’Assange, Gareth Pierce, celui-ci a expliqué com­ment les avo­cats d’Assange ressen­tent encore main­tenant de « l’angoisse » et de la « peur » à l’idée d’être sur­veil­lés. Son témoignage a égale­ment soulevé la ques­tion des effets per­son­nels d’Assange à l’ambassade, y com­pris les clés USB et les doc­u­ments juridiques, qui ont été mis dans une valise diplo­ma­tique et envoyés en Équa­teur et de là, aux États-Unis. Wik­iLeaks n’a été en mesure d’en récupér­er aucun.

Baraister exclut Barr

La juge Baraitser a déclaré dès le début que, dans l’intérêt d’une audi­ence rapi­de, elle écouterait tout et déciderait de la recev­abil­ité des preuves après la fin de l’audience. Le gou­verne­ment a déclaré que les preuves d’espionnage à l’ambassade étaient « inutiles », une affir­ma­tion très dis­cutable, mais Baraitser pour­rait être d’accord avec une telle affirmation.

Mais jeu­di, elle a pris la déci­sion de rejeter une nou­velle preuve que la défense a ten­té de pro­duire : une déc­la­ra­tion du pro­cureur général améri­cain William Barr, faite le 15 sep­tem­bre, dans laque­lle il a déclaré que l’exécutif dis­pose d’une « lat­i­tude pra­tique­ment incon­trôlée » sur la ques­tion de savoir qui pour­suiv­re. « L’exécutif dis­pose d’un pou­voir dis­cré­tion­naire pour déter­min­er quand pour­suiv­re », a‑t-il déclaré.

La défense a voulu pro­duire cette preuve pour ren­forcer son argu­men­ta­tion selon laque­lle les pour­suites con­tre Assange sont poli­tiques, ce qui lui inter­dit d’être envoyé aux États-Unis en ver­tu du traité d’extradition entre les États-Unis et le Roy­aume-Uni. Les affir­ma­tions de Barr font sauter la soi-dis­ant « muraille de Chine » qui sépare la Mai­son Blanche du min­istère de la Jus­tice pour empêch­er la poli­ti­sa­tion de la loi.

Baraitser a retenu l’objection de l’accusation et a exclu la preuve représen­tée par la déc­la­ra­tion de Barr.

Plaidoiries finales

La plaidoirie de la défense sera présen­tée le 16 novem­bre, et celle de l’accusation deux semaines plus tard. L’équipe de la défense a déclaré que sa plaidoirie finale cou­vri­ra trois domaines :

  • Une moti­va­tion poli­tique. Cela peut inclure des pour­suites sélec­tives, car Assange est pour­suivi pour exacte­ment les mêmes pub­li­ca­tions que celles du New York Times, du Guardian, d’autres parte­naires médi­a­tiques ain­si que Cryp­tome, qui a pub­lié les noms des infor­ma­teurs avant Assange, et pour­tant seul Assange a été inculpé. Le témoignage de Cas­san­dra Fair­banks selon lequel le prési­dent Don­ald Trump a lui même ordon­né l’arrestation d’Assange, et les idées générales de Barr selon lesquelles le prési­dent décide des pour­suites, plaident égale­ment en faveur de la qual­i­fi­ca­tion de pour­suites politiques.
  • Un abus de pou­voir. Cela ressort claire­ment des dépo­si­tions anonymes des deux anciens témoins de l’UC Global.
  • Un traite­ment cru­el et inhu­main en cas d’extradition. Les antécé­dents médi­caux d’Assange ajoutés à l’état des pris­ons améri­caines, équiv­audraient selon la défense, à de la cru­auté s’il était extradé.

Source (en anglais) : Con­sor­tium News

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