Le 17 novembre 2021, Éric Zemmour comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris. Il y était jugé pour ses propos sur les mineurs étrangers « isolés » lors d’une émission sur CNews en septembre 2020. Par un curieux concours de circonstances, les journaux d’information ont ce jour-là juxtaposé deux autres informations accréditant l’existence d’un péril venant de l’extrême droite. L’OJIM saisit cette occasion pour revenir sur un phénomène médiatique courant mais assez rarement présenté : l’effet de halo, qui aboutit dans le cas présent à renforcer la présentation négative du « polémiste d’extrême droite ».
L’impossible critique des mineurs isolés
En France, l’immigration bénéficie auprès de l’oligarchie d’une perception positive qu’il est difficile de ne pas respecter. Éric Zemmour et CNews, après tant d’autres, en ont fait la cruelle expérience. En mars 2021, la chaine CNews était condamnée à une lourde sanction pécuniaire — 200 000 euros — pour des propos d’Éric Zemmour sur les mineurs étrangers. L’Observatoire du journalisme soulignait à cette occasion dans un article l’impossible ou la difficile confrontation des idées à ce sujet.
Nous constations que le CSA n’avait absolument pas tenu compte de la rectification des premiers propos très généraux d’Éric Zemmour sur les mineurs non accompagnés, « tous délinquants », par Christine Kelly et par le journaliste lui-même. Les vertus du débat et de la confrontation des idées qui permettent de s’approcher de la vérité semblent des notions étrangères tant au CSA qu’à certains magistrats, comme en témoigne le réquisitoire du procureur de la République lors de l’audience du 17 novembre. Celui-ci a en effet requis une condamnation de 10 000 euros d’amende à l’encontre d’Éric Zemmour.
Quoi de nouveau le 17 novembre ?
En ce 17 novembre, les médias de grand chemin ont lors des bulletins d’information dispensé deux autres informations immédiatement avant ou après la peine requise par le procureur de la République contre Éric Zemmour : la dissolution du collectif angevin l’Alvarium, souvent présenté à l’instar de Ouest-France comme un « groupuscule identitaire » d’extrême droite et l’arrestation de deux militants de la mouvance « d’ultradroite » pour reprendre les termes de France Bleu, qui étaient selon le ministère de l’intérieur prêts à commettre un attentat.
Bigre, ce 17 novembre, nous avons donc entendu parler lors de nombreux journaux d’information à la télévision et à la radio successivement :
- du nouveau procès « du polémiste d’extrême droite, jugé pour provocation à la haine raciale », comme le présente BFMTV ,
- de l’arrestation de deux militants d’ultra droite (vous saisissez la nuance ?) prêts à commettre un attentat,
- de la probable dissolution d’un « groupe identitaire », sans aucun doute pour ses activité illicites voire dangereuses pour la société,
Voilà qui ne peut qu’inquiéter le paisible citoyen qui aspire au respect de la démocratie et de l’ordre républicain.
L’effet de halo, arme des communicants
Le procès d’un polémiste d’extrême droite, la prochaine dissolution d’un collectif « identitaire », l’arrestation d’activistes d’ultra-droite, la juxtaposition de ces informations accrédite non seulement l’existence d’un péril d’extrême droite, voire d’ultra droite. Elle aboutit à créer un effet de halo qui rejaillit négativement sur le « polémiste » et possible candidat à la présidence de la République.
L’effet de halo est un procédé bien connu des spécialistes du marketing. Il désigne une logique d’effet secondaire ou d’influence d’un élément sur un autre qui selon les cas peut être favorable ou défavorable. La juxtaposition le même jour d’éléments présentant une caractéristique commune, la proximité avec l’extrême droite aboutit à créer chez l’auditeur, le lecteur ou le téléspectateur la conviction qu’il existe une tendance générale, présentée comme inquiétante. Peu importe que les registres soient totalement différents, le débat d’idées en ce qui concerne Éric Zemmour, la démarche sociale et communautaire en ce qui concerne l’Alvarium (lire à ce sujet l’article de Présent qui permet de rétablir un peu les faits), des velléités terroristes en ce qui concerne les deux militants arrêtés le 16 novembre.
L’AFP donne le ton
Plusieurs éléments concourent à créer cet effet de halo totalement négatif et inquiétant :
- les éléments de langage. A l’occasion du procès d’Éric Zemmour, l’AFP a dispensé le kit des éléments de langage disqualifiants à son encontre : on retrouve en effet dans de nombreux articles, comme celui du Parisien, écrit à partir d’une dépêche de l’AFP, les termes de « polémiste d’extrême droite ». Un polémiste qui par nature n’est pas constructif, et qui est sectaire et extrémiste s’il est d’extrême droite.
- l’absence de tout élément contradictoire ou allant dans le sens d’une modération des accusations à l’encontre des personnes incriminées : peu importe en effet qu’Éric Zemmour ait modéré ses accusations de délinquance à l’encontre des mineurs étrangers, peu importe que les charges à l’encontre de l’Alvarium aient l’épaisseur du papier à cigarette,
- la concomitance des informations. On ne peut s’empêcher d’être songeur voire dubitatif sur le calendrier retenu par le ministère de l’intérieur pour annoncer la dissolution prochaine de l’Alvarium et l’arrestation de deux personnes qui auraient des velléités d’attentats terroristes, la veille du procès d’Éric Zemmour, alors que ces informations sont pendantes depuis quelques temps.
On savait notamment depuis l’affaire Fillon en 2017 que les campagnes électorales étaient propices à toutes les manœuvres et toutes les mises en scène. Les événements récents nous montrent que la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle en avril 2022 pourrait ne pas être si différente.