FranceInfo, France Culture, France Inter… Depuis plusieurs jours, le service public multiplie à l’excès les articles woke à destination des parents pour les inviter à reconsidérer leurs méthodes d’éducation encore jugées trop « genrées » et donc néfastes à la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes.
Que se passe-t-il au sein du service public ? Depuis plusieurs jours, l’audiovisuel public a semble-t-il changé de braquet et se révèle désormais bien décidé à porter l’estocade finale à « la masculinité archétypale ».
Dans son viseur : les parents, que le service public entend rééduquer façon woke pour mettre un terme « à la reproduction de schémas genrés » délétère, dès la plus tendre enfance selon lui, à la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes.
Apprendre aux garçons à jouer à la poupée
Le premier coup a ainsi été porté le 19 février dernier, à 18h31, par Franceinfo. Dans un article sobrement intitulé « Poupées pour les filles et voitures pour les garçons : les pratiques de jeux sont toujours fortement genrées chez les enfants », le site d’actualités relaie une étude — rédigée en écriture inclusive — de l’Institut national d’études démographique (Ined) portant sur « le rôle des frères et sœurs dans les jeux genrés des enfants ».
Le résultat de l’étude est sans équivoque : les filles (de deux ans) sont plus nombreuses à jouer fréquemment à la poupée (81 %), à faire des dessins (73 %) ou à jouer avec des peluches (63 %) ; tandis que les garçons (de deux ans) y recourent beaucoup moins et s’amusent plus souvent avec des petites voitures (89 %), une balle (76 %) ou des jeux à empiler (61 %).
Toutefois, note l’étude, ces résultats ne signifient pas pour autant « que l’implication parentale est sans effet sur les pratiques ludiques des enfants ». En clair : la tendance peut s’inverser pour peu que les parents décident de revoir leur copie en matière d’éducation. « Pour les garçons, la probabilité de jouer quasi quotidiennement à la poupée augmente de près de 7 points de pourcentage si la mère joue tous les jours avec l’enfant », détaille ainsi innocemment l’Ined repris par Franceinfo.
Voir aussi : Intersexualité dans les programmes pour enfants, le service public persiste et signe
Mais pour la rédaction, le constat reste amer : « les stéréotypes continuent d’avoir la vie dure », déplore-t-on sans ambages dans les colonnes du média en rappelant par là même que « ces jeux stéréotypés participent à créer les inégalités hommes-femmes ».
Haro sur les pictogrammes de sanitaires
Il n’aura fallu que quelques jours pour que FranceInfo revienne à la charge, cette fois-ci sur le front des sanitaires. Dans un article du 5 mars 2025, le site de service public décide en effet de consacrer un article entier et un podcast sur les pictogrammes indiquant les toilettes qui renforceraient… les stéréotypes de genre.
Le sujet pourrait prêter à rire s’il n’avait pas été traité aussi sérieusement par la chaîne de service public : retour sur l’histoire du pictogramme de sanitaire, promotion d’un livre spécialisé, démonstration par le biais d’une enquête menée par un psychiatre…
Pour prouver une bonne fois pour toutes que les pictogrammes indiquant les toilettes participent des inégalités hommes-femmes, le service public a mis les petits plats dans les grands.
« Le psychiatre français Serge Tisseron a photographié les pictogrammes de lieux d’aisance dans plusieurs pays, en France, mais aussi aux États-Unis. Il y a donc observé des pantalons et des jupes, mais aussi des silhouettes aux épaules larges, inspirant la force pour les hommes et des silhouettes aux bassins larges, inspirant la maternité ou la séduction pour les femmes. Il y a aussi des gants ou des chaussures à talon pour les femmes et des revolvers pour les hommes » détaille-t-on sérieusement dans les colonnes de Franceinfo, avant de rajouter qu’on retrouve dans ces pictogrammes « la force et la violence pour les hommes et la douceur et la délicatesse pour les femmes ».
Certes, les habitudes et les comportements des hommes et des femmes ont beaucoup changé, reconnaît Marie Dupin, auteure de l’article. Pour autant, assure-t-elle, « les pictogrammes continuent de marquer l’imaginaire collectif et influencent des représentations très stéréotypées ».
Rééduquer « les papas »
L’estocade wokiste du service public aurait pu s’arrêter. Et pourtant, il n’aura fallu attendre que quatre petits jours pour que France Inter prenne à son tour le relais en consacrant un podcast, le 9 mars dernier, à une étude suggérant aux papas de ne pas jouer avec leurs fils car cela risquerait de les pousser (encore et toujours) à « reproduire des schémas genrés ».
« L’adulte qui intervient dans le jeu de son enfant le pousse sans le vouloir à reproduire des schémas genrés », assure-t-on sur les ondes de la radio publique qui s’appuie exclusivement sur l’étude Elfe, première étude longitudinale française d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants.
Dans le viseur de la radio publique ? Les papas, « qui jouent plus volonté au foot qu’à la poupée ». « Cette étude rappelle l’importance de l’imitation », défend la journaliste de France Inter, qui suggère les yeux rivés, sans trop se cacher, vers les papas : « je vois papa cuisiner, ça me donne envie jouer à la dînette ». Rééducation ? Non, « la fin de la culpabilisation ! », vante-t-on sur France Inter. Et d’ajouter : « Voilà, on a le droit d’abandonner le Croque Carotte pour préparer un gâteau et tout monde passera un excellent dimanche ».