C’est la question provocatrice que pose un reportage de ProRussiaTV. Si l’adjectif utilisé est certainement excessif, il n’en reste pas moins que la question est pertinente : ne serait-ce pas une certaine proximité idéologique avec le pouvoir en place, voire un manque total d’indépendance dans le traitement de l’information, qui expliquerait cette hostilité croissante de la population à l’égard des journalistes ?
Citant la grande enquête sur les médias que La Croix effectue depuis dix ans, Claude Chollet, président de l’Ojim, rappelle que l’image des médias et des journalistes se dégrade d’année en année. Voilà pour les faits, confirmé par les images désormais habituelles de journalistes molestés par des manifestants de tout bord politique.
Quant à l’explication de ce « désamour », le journaliste Dimitri de Kochko y voit la conséquence de la pensée unique et l’absence de variété dans les opinions et les analyses proposées, même s’il souligne que le métier continue par ailleurs paradoxalement de fasciner les jeunes. Pour Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, il y a certes une pensée unique mais il y a surtout le fait que certains journalistes se font carrément les « complices » du pouvoir. Et de citer la manière dont Claire Chazal a récemment « mis en scène » une interview de Jean-Luc Mélenchon battant le pavé parisien, donnant à penser qu’il y avait une foule derrière lui quand une photo au plan élargi révélait que la claque n’était constituée que d’une vingtaine de personnes…
Claude Chollet pointe de son côté un « même air de famille » entre journalistes et politiques et estime que ce désamour entre les médias et la population pourrait bien venir d’une contradiction entre une indépendance théorique fièrement revendiquée et l’exercice concret du métier, dont il apparaît de plus en plus évident qu’il est de connivence avec les politiques. « C’est cette contradiction qui est très fermement condamné par l’opinion publique et qui peut aller jusqu’à des termes extrêmes comme journalistes collabos par exemple… »
Un jeune journaliste de Sud Radio, Louis Morin, réfute quant à lui cette connivence, allant jusqu’à estimer que les amitiés journalistes/politiques « tirent vers le haut » la profession… Selon lui, la véritable connivence consisterait à « cacher » une information, ce qui est selon lui impossible aujourd’hui avec Internet. C’est oublier un peu vite que la télévision demeure la source d’information principale, pour ne pas dire exclusive, d’une majorité de nos concitoyens. Si l’on ne peut en effet pas « cacher » totalement une information à l’ensemble de la population, le choix de la mettre en ouverture de JT ou de ne pas même l’évoquer détermine évidemment son impact sur la population. Imaginons un instant cette scène : il est 20 heures, le jingle du JT de France 2 défile sur votre écran, la voix off de Pujadas récite : « Séisme politique en Europe. L’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) annonce que l’immigration clandestine dans l’Union européenne a bondi de 48% en 2013 ». Voilà pour la séquence science-fiction. Dans la réalité, votre JT n’a évidemment pas dit un seul mot de cette information tout à fait réelle… Privilégier les conséquences politiques possibles d’une information sur l’information elle-même : voilà peut-être également ce que les Français ne supportent plus.