On savait les journalistes extrêmement pointilleux sur leurs droits. On en a une nouvelle preuve aujourd’hui.
En effet, le projet de loi sur la protection du secret des sources des journalistes ne plait pas à tout le monde. Comme le signale Le Point, « en quelques heures, le nouveau projet de loi a été unanimement condamné ». Le texte empêche toute violation du secret des sources. Jusqu’ici tout va bien. Mais, le projet de loi pose une exception à cette règle, en cas d’ « atteinte grave aux intérêts fondamentaux de la nation ». C’est cette restriction qui ne passe pas.
Pour le SNJ, « l’introduction de la notion d’atteinte “aux intérêts fondamentaux de la Nation” est tellement vaste qu’elle risque bien de vider de sa substance le principe même de protection des sources. Politiquement, elle rappelle trop les excès catastrophiques commis au nom de la raison d’État ». Raison d’État : le mot est lâché, Machiavel est de retour !
« Reporters sans frontières est abasourdie par le recul majeur du gouvernement ». « Le Conseil d’État a achevé de vider le projet de loi de sa substance », estime Christophe Deloire, le patron de l’association, dénonçant une notion « vague » et « large ».
La Fédération Française des Agences de Presse (F.F.A.P) parle elle, de « modifications incompréhensibles ». Le Monde évoque une « reculade ». « Les intérêts de la Nation, c’est naturel, sont vastes. […] S’inquiéter d’une décision cachée du ministre des affaires étrangères ou de la rouille éventuelle de la tour Eiffel légitimera-t-il d’espionner les porteurs de mauvaises nouvelles » s’interroge le quotidien du soir, dans son éditorial du 13 juin dernier.
Et de conclure, « la France semble décidément incapable d’accepter les contre-pouvoirs ». Un dossier à suivre avec intérêt. Comment les journalistes vont-ils traiter ce sujet qui les concerne directement ?
Source : Le Point — dessin : © Milady de Winter pour l’Ojim