Ils veulent obtenir réparation du préjudice qu’ils auraient subi sur le marché de la publicité ciblée : différents médias français préparent une action en justice contre Meta.
Ils sont plusieurs médias, allant de la presse écrite à la radio en passant par la télévision, à intenter une action contre Meta sur le domaine de la publicité ciblée. À en croire cette coalition, qui compte des titres comme Le Figaro, TF1, Les Échos-Le Parisien ou France Télévisions, Radio France, CMMI et CMA Médias, le groupe Meta porterait préjudice à leur institution sur le marché de la publicité ciblée. L’ampleur de l’initiative est, si l’on en croit La Lettre, inédite, en ce qu’elle rassemble médias publics et privés et tout support de presse.
Un précédent espagnol
L’enjeu n’est pas nouveau : en décembre 2024, une audience préliminaire dans un tribunal de commerce espagnol avait donné suite à une plainte de différents médias nationaux accusant Meta de s’être passé du consentement de ses internautes pour l’utilisation de leurs données à des fins de profilage publicitaire. Le groupe américain avait alors nié l’existence de tout dommage et le fait que son client n’ait pas respecté la réglementation, affirmant que les « données personnelles [n’étaient] pas utilisées pour la publicité personnalisée et qu’elles ne lui [avaient] pas donné d’avantage concurrentiel ». La date du procès avait alors été fixée à octobre 2025.
En France : un préjudice à plusieurs centaines de millions d’euros ?
La plainte collective portée par les médias français, auxquels les groupes M6 et Le Monde ne se sont, à l’heure où sont écrites ces lignes, toujours pas associés, vise à dénoncer un préjudice évalué à plusieurs centaines de millions d’euros. Elle représenterait pour l’heure plus de 70 % du marché publicitaire des médias français et devrait se fonder sur le principe de la violation du règlement général sur la protection des données (RGDP), objet qui avait valu au groupe Meta une sanction sur décision de la CNIL irlandaise en décembre 2022. Si un tel objet était avéré, le groupe américain pourrait atteindre les 6 milliards d’euros (soit 4 % de son chiffre d’affaires mondial).
Voir aussi : Meta abandonne le fact-checking pour une modération collective inspirée de X
Une flopée d’amendes à l’horizon pour Meta
Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que Meta devrait payer une telle amende, le groupe américain s’étant déjà vu infliger plus de 2,5 milliards d’euros d’amende en Europe au titre d’infraction aux règles sur la protection des données. Une autre menace plane également sur le groupe : celle de devoir payer une amende de 12,5 milliards d’euros (10 % de son chiffre d’affaires) pour non-conformité avec le règlement européen du Digital Markets Act selon lequel les grandes plateformes numériques sont tenues de recueillir le consentement des utilisateurs européens dans la collection et la monétisation de leurs données personnelles.
Si l’on en croit Le Figaro, l’assignation sera déposée au tribunal des activités économiques de Paris dans la seconde moitié du mois d’avril 2025. Différentes organisations issues du monde de l’édition (la Société des gens de lettres, le Syndicat national de l’édition, le Syndicat National des Auteurs et Compositeurs) ont également assigné le groupe Meta en mars 2025 devant le tribunal judiciaire de Paris pour non-respect du droit d’auteur. Un temps orageux s’annonce-t-il pour Meta en Europe ?
Rodolphe Chalamel