Aussi surprenant que cela semblera, à l’heure d’une invasion migratoire orchestrée par la Turquie, le média d’Aude Lancelin QG (Quartier Général) affiche ses préoccupations : « L’extrême-droite, meilleure alliée du capital ». Écoute d’une émission qui pourrait avoir été réalisée en 1939 (juste avant le pacte germano-sociétique). Émission conçue autour de Thomas Portes, « en lutte » contre Génération Identitaire qui avait montré que l’on peut bloquer les frontières, en 2018. En plein dans l’actualité.
L’OJIM s’est intéressé à QG, média directement issu de la crise de Le Média qui fut lancé par les proches de LFI et de Jean-Luc Mélenchon, avant que ses dirigeants et employés ne développent en interne, en gros, tout ce qu’ils reprochent au capitalisme : voir ici.
Sur QG, l’émission « Quartier Libre » du 05 février 2020, animée par Aude Lancelin, recevait donc Thomas Portes, « porte-parole national des cheminots au PCF, pour évoquer le combat contre le RN sur le terrain, l’avenir pour le mouvement contre la réforme des retraites, et autres thèmes. » C’est Aude Lancelin qui présente et interroge.
Un sens unique et vintage : florilège
- Le porte parole des cheminots au PCF est aussi chef de cabinet à la mairie PCF de Champigny-sur-Marne, une vieille tradition qui permet de faire vivre des militants.
- Portes publie Au coeur de la haine (Arcane 17 — référence au merveilleux livre d’André Breton, ndlr), « consécutif au procès que lui a intenté le groupuscule d’extrême droite, Génération Identitaire (on notera que Lancelin ne présente pas le PCF comme un groupuscule) suite à la démonstration faite en 2018 ». Le 21 avril 2018, GI est intervenu pour montrer qu’il est possible défendre les frontières, sur le col de l’échelle.
Notons le caractère prémonitoire de cette intervention au vu de ce qui se passe à la frontière entre la Turquie et l’UE en ce début mars 2020
- Le jour de l’intervention de GI, Portes tweete en qualifiant l’organisation de « néo-nazie ». GI porte plainte. Portes et Lancelin semblent surpris que l’on ne puisse pas, en France, qualifier de néo-nazi qui l’on veut, quand l’on veut. Du moins, quand on est de gauche libertaro communiste. Il est vrai que jusqu’à présent la reductio ad hitlerum était à ce point de mise qu’elle était devenue comme une seconde nature.
- Portes explique, et le pire est qu’il a l’air convaincu, qu’il est surpris. Pour lui, sa réaction du 21 avril est une « réaction politique » (pas de la diffamation — il est donc permis de supposer que Portes trouverait justifié que l’on qualifie le PCF actuel de khmer rouge), qu’« il était passé à autre chose » (l’assignation a mis deux mois à arriver — les cocos sont précis, le vieux monde est derrière eux pensent-ils toujours) mais, finalement, « c’est une vieille stratégie de l’Extrême droite de cibler celles et ceux qui les qualifient pour ce qu’ils sont ».
- Portes explique que le but du PCF, dans le cadre de son procès et de son livre, est d’utiliser le procès afin de pouvoir qualifier GI de « nazie » et donc d’obtenir la dissolution de cette mouvance-là. Il est d’une sincérité épatante, Lancelin bien que très zen, sans doute l’effet de la nourriture bio-vegan, acquiesce : il est donc admis qu’un parti de gauche en voie de disparition, le PCF, peut fomenter une utilisation de la justice dans le but de faire interdire une organisation politique ayant des idées différentes des siennes. Le PCF est toujours aussi démocrate.
L’extrême droite, danger principal en 1930 en France, pardon… en 2020
- « Réarmement idéologique ? ». Évidemment, dit Portes, pour qui qualifier les électeurs du RN « d’abrutis » ne suffit plus (avant c’était suffisant). Portes découvre « qu’il y a un vote d’adhésion ». Il explique qu’il ne faut rien lâcher mais ne cherche pas à comprendre pourquoi les gens votent RN. Il n’interroge pas non plus ce qu’est le RN, ni s’il est réellement d’extrême droite. Par contre, il tombe sur les fesses en comprenant que les électeurs ne sont pas… « racistes ».
- C’est que Portes est allé à Hénin-Beaumont, mairie de Steeve Briois, pour faire ce genre de constats. Il découvre — et nous ne pouvons qu’en être étonnés — que ce sont les politiques menées depuis les années 80 du siècle passé, à partir de Mitterrand/Fabius, dont ne veulent plus les gens, des gens du reste normaux. Portes ne semble pas informé que ces politiques ont a plusieurs reprises été menées… avec des ministres communistes au gouvernement.
- Pire : Portes explique que Briois (maire d’Hénin-Beaumont) faisait les sorties d’usine avant d’être élu maire, expliquant que les emplois français partaient à l’étranger, réclamant du travail en France pour les Français. Le chef de cabinet de Champigny qui ne cesse de dire que les « jeunes militants manquent de culture politique » ignore que la France entière des années 70 / 80 était tapissée d’affiches du PCF claironnant « Le travail aux Français ».
Union contre le retour du « fachisme » !
- Dans les municipalités RN, les militants d’opposition (de gauche en particulier) seraient « persécutés ». Portes en connaît un rayon à ce propos, une pratique séculaire dans les municipalités PCF. Il parle même d’un « sentiment de terreur », une sorte de PCF municipal.
- Discours vintage : « Quoi qu’il arrive, faire barrage à l’extrême droite et au fachisme ». Autrement dit, Portes pense que le RN est le meilleur allié du capital mais… il pourrait voter pour le capitaliste Macron.
- Portes voit un « pays dans une éruption totale ». Il doit vivre dans le 9–3. Ailleurs, les choses sont pourtant assez calmes et la population manifeste massivement dans les grandes surfaces. Sauf dans quelques rues de Lyon ou de Toulouse, par exemple, où régulièrement quelques dizaines de militants de gauche brisent les vitrines des commerçants en toute impunité.
- Le RN serait « ultra-libéral »… A l’évidence, la pensée est bloquée vers 1975 du côté du PCF.
- La France est présentée comme un pays quasi totalitaire ou la répression de Macron est « fachiste ». Tout est donc « fachiste », sauf le PCF. Ce qui, n’oublions pas (voir supra), n’empêcherait pas Portes de voter Macron au 2e tour des prochaines élections présidentielles, en une sorte de remake du pacte germano-sociétique alors ?
- Une solution ? « Il faut unir la gauche ». Un moyen : « Il faut arrêter de regarder ce qu’on fait les uns et les autres dans le passé». Il est vrai que pour le PCF, dont Portes est membre et d’une certaine manière le salarié, avec 100 millions de morts en 70 ans, il est préférable de mettre la poussière sous le tapis.
- La révolution ? Ce sont les cheminots et l’éducation nationale qui doivent la faire. Autrement dit, les salariés du secteur public. Une révolution menée par les salariés de l’Etat capitaliste…
Des pans entiers de la vie politique actuelle, de gauche ou de gauche radicale, situés géographiquement dans quelques bastions comme le 9–3, ont conservé un logiciel d’une autre époque et semblent autant déconnectés du réel des vrais gens que les amis d’Emmanuel Macron. Ce logiciel de papy paraît peu adapté à une société dans laquelle chacun de nous est maintenant tracé à chaque seconde, ce qui fut justement le rêve de Lénine, Staline, Pol-Pot, Mao et quelques autres..