Dans une biographie « non-autorisée » parue récemment, le journaliste Geoffrey Le Guilcher rapporte les méthodes employées par le réalisateur Luc Besson pour entretenir son image médiatique.
En 2009, celui-ci avait ainsi sollicité l’un de ses amis journalistes, Marc-Olivier Fogiel, pour réaliser un livre-entretien sur sa vie et son parcours. La raison ? Contre-attaquer médiatiquement les biographies non-autorisées qui étaient susceptibles de paraître. Depuis, le livre est resté dans les cartons, aucun ouvrage accusatoire n’ayant été publié.
Mais cette année, Luc Besson pourrait bien avoir à sortir son joker. Dans Luc Besson, l’homme qui voulait être aimé (Flammarion), Marc Le Guilcher consacre, entre autres, un chapitre entier aux relations entre le réalisateur et les médias. Et l’auteur de citer un cas d’école : la diffusion, en juillet 2014, d’un « Complément d’enquête » sur France 2 consacré à Besson. Un reportage des plus complaisants où la voix-off ne manque pas De lui tresser des lauriers : « Comment cet homme d’origine modeste est-il devenu l’égal des stars et l’un des cinéastes les plus bankables de la planète ? »
Tous les intervenants interrogés (cinéastes, acteurs, journalistes) ont ainsi ce point commun : ils encensent le réalisateur, tour à tour « légende vivante » ou « grand patron de studio hollywoodien » et le tout sans fausse note, c’est à dire sans aucune critique. Et pour cause : seuls les amis de Besson ont été interrogés. Tous les journalistes ou critiques de cinéma qui auraient été susceptibles de nuancer les éloges, ont été écartés !
Même ceux qui se sont permis quelques bémols devant la caméra ont été coupés au montage. Par exemple Frédéric Sojcher, responsable du master cinéma de la Sorbonne, assure que son message « a été modifié ». « Au montage, ils ont coupé mes interrogations sur ses méthodes de mogul hollywwodien envers les jeunes réalisateurs. Ils ont aussi supprimé mes questionnements (…) Est-ce que son école gratuite de cinéma vise à générer de la diversité chez les réalisateurs ou simplement à créer de futurs Luc Besson ? Tout cela est passé à la trappe. C’est un personnage à multiples facettes. Il y a une face lumineuse et une face obscure et je pense que ce sont les deux qui font sens. Dans le documentaire, ils ont retiré les nuances », explique-t-il.
Comment expliquer une telle complaisance de la part d’une émission diffusée sur le service public dont on pourrait attendre un minimum d’impartialité ? Du côté de France 2, on se défend en assurant que tout est « une question de curseur ». « On est évidemment entre le documentaire autorisé et l’enquête. On aurait pu faire mieux mais je ne rougis pas du résultat », se satisfait Joël Bruandet, le rédacteur en chef de l’émission.
Cependant, la raison est peut-être à chercher du côté du producteur du documentaire : 416 Productions, une société appartenant à la journaliste Mélissa Theuriau, proche de Luc Besson, qu’elle a d’ailleurs invité à son mariage avec Jamel Debbouze…
Crédit photo : capture d’écran vidéo Complément d’enquête