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Quand « Complément d’enquête » tressait des lauriers à Luc Besson

16 janvier 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand « Complément d’enquête » tressait des lauriers à Luc Besson

Temps de lecture : 3 minutes

Dans une biographie « non-autorisée » parue récemment, le journaliste Geoffrey Le Guilcher rapporte les méthodes employées par le réalisateur Luc Besson pour entretenir son image médiatique.

En 2009, celui-ci avait ain­si sol­lic­ité l’un de ses amis jour­nal­istes, Marc-Olivi­er Fogiel, pour réalis­er un livre-entre­tien sur sa vie et son par­cours. La rai­son ? Con­tre-atta­quer médi­a­tique­ment les biogra­phies non-autorisées qui étaient sus­cep­ti­bles de paraître. Depuis, le livre est resté dans les car­tons, aucun ouvrage accusatoire n’ayant été publié.

Mais cette année, Luc Besson pour­rait bien avoir à sor­tir son jok­er. Dans Luc Besson, l’homme qui voulait être aimé (Flam­mar­i­on), Marc Le Guilch­er con­sacre, entre autres, un chapitre entier aux rela­tions entre le réal­isa­teur et les médias. Et l’au­teur de citer un cas d’é­cole : la dif­fu­sion, en juil­let 2014, d’un « Com­plé­ment d’en­quête » sur France 2 con­sacré à Besson. Un reportage des plus com­plaisants où la voix-off ne manque pas De lui tress­er des lau­ri­ers : « Com­ment cet homme d’o­rig­ine mod­este est-il devenu l’é­gal des stars et l’un des cinéastes les plus bank­ables de la planète ? »

Tous les inter­venants inter­rogés (cinéastes, acteurs, jour­nal­istes) ont ain­si ce point com­mun : ils encensent le réal­isa­teur, tour à tour « légende vivante » ou « grand patron de stu­dio hol­ly­woo­d­i­en » et le tout sans fausse note, c’est à dire sans aucune cri­tique. Et pour cause : seuls les amis de Besson ont été inter­rogés. Tous les jour­nal­istes ou cri­tiques de ciné­ma qui auraient été sus­cep­ti­bles de nuancer les éloges, ont été écartés !

Même ceux qui se sont per­mis quelques bémols devant la caméra ont été coupés au mon­tage. Par exem­ple Frédéric Sojch­er, respon­s­able du mas­ter ciné­ma de la Sor­bonne, assure que son mes­sage « a été mod­i­fié ». « Au mon­tage, ils ont coupé mes inter­ro­ga­tions sur ses méth­odes de mogul hol­ly­w­wo­di­en envers les jeunes réal­isa­teurs. Ils ont aus­si sup­primé mes ques­tion­nements (…) Est-ce que son école gra­tu­ite de ciné­ma vise à génér­er de la diver­sité chez les réal­isa­teurs ou sim­ple­ment à créer de futurs Luc Besson ? Tout cela est passé à la trappe. C’est un per­son­nage à mul­ti­ples facettes. Il y a une face lumineuse et une face obscure et je pense que ce sont les deux qui font sens. Dans le doc­u­men­taire, ils ont retiré les nuances », explique-t-il.

Com­ment expli­quer une telle com­plai­sance de la part d’une émis­sion dif­fusée sur le ser­vice pub­lic dont on pour­rait atten­dre un min­i­mum d’im­par­tial­ité ? Du côté de France 2, on se défend en assur­ant que tout est « une ques­tion de curseur ». « On est évidem­ment entre le doc­u­men­taire autorisé et l’en­quête. On aurait pu faire mieux mais je ne rougis pas du résul­tat », se sat­is­fait Joël Bruan­det, le rédac­teur en chef de l’émission.

Cepen­dant, la rai­son est peut-être à chercher du côté du pro­duc­teur du doc­u­men­taire : 416 Pro­duc­tions, une société appar­tenant à la jour­nal­iste Mélis­sa Theuri­au, proche de Luc Besson, qu’elle a d’ailleurs invité à son mariage avec Jamel Debbouze…

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Com­plé­ment d’enquête

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