Les enfants, les gentils petits enfants, les têtes blondes ou brunes, leurs boucles folles ou sages. Leur innocence. Leur pouvoir d’achat et de prescription aussi. Google aimait les enfants au point de collecter leurs données pour les cibler ensuite par la publicité.
Très chers enfants
Quel est le pré-adolescent qui n’a pas de téléphone portable ? Ou au moins l’usage partiel de celui d’un parent ou d’un camarade ? Observer un groupe d’adolescents est un spectacle fascinant : on ne se parle pas, chacun est penché sur sa prothèse numérique et échange photos sur Instagram ou Snapchat ou envoie/reçoit des messages sur un réseau social ou consulte une des innombrables vidéos disponibles sur YouTube.
Google – propriétaire de YouTube — a découvert qu’il avait là une mine d’or. Les données personnelles des mineurs, numéro de téléphone, type d’appareil, chaînes youtube visitées, localisations étaient soigneusement stockées et des publicités adaptées étaient envoyées aux jeunes utilisateurs.
Pris les doigts dans le pot de confiture
Dès le printemps 2018 plusieurs associations américaines de défense des consommateurs avaient porté plainte contre Google devant l’organe fédéral de défense des consommateurs, le FTC. Une loi de la fin des années 90 “interdit à un site internet destiné aux enfants, ou qui sait que des enfants l’utilisent, de collecter et utiliser de telles informations sans avoir l’accord (explicite) des parents” à des fins commerciales. Point d’accord en ce cas ni des enfants et encore moins des parents.
En février 2019 l’application TikTok, qui permet de se filmer en dansant sur une musique et d’échanger ensuite la vidéo avec ses amis, avait déjà été condamnée à 6M$ d’amende pour avoir collecté ce type de données. Cette fois ci Google devra payer 170M$, une misère pour le géant californien qui a promis – sans rire – que désormais « Nous traiterons les données de ceux qui regardent les programmes pour enfants sur Youtube comme si elles émanaient d’un enfant, quel que soit l’âge du spectateur ». Et qu’aucune publicité ciblée ne sera diffusée aux spectateurs, tout comme les commentaires seront restreints. Un esprit vulgaire s’exclamerait « sans blague ? ».