La propagande de guerre rend fou, la ferveur idéologique aussi… y compris les journalistes chevronnés comme Jean Quatremer. Ce dernier est un ferme défenseur des institutions européennes hostiles à la Hongrie, à tout prix, y compris à celui de la vérité. Décorticage après une visite sur le terrain.
Saint-Pierre par trois fois, Jean par quatre fois
Nous nous référons à l’article de Jean Quatremer dans Libération le 14 avril 2002 « Présidentielle : Viktor Orbán, le grand inspirateur de Marine Le Pen ». Nous ne nous attarderons pas sur la proximité entre les deux personnages mais à l’analyse de l’article concernant la Hongrie. Si Saint-Pierre a renié le Christ par trois fois, Jean Quatremer fait mieux en mentant par quatre fois. Nous ne sondons ni les reins ni les cœurs, nous ne nous prononcerons pas si c’est par manque d’information ou par malveillance, les deux n’étant pas incompatibles.
Première station, les médias muselés
Verbati, « En quelques années, les gouvernements hongrois et polonais ont pris le contrôle des médias audiovisuels, directement pour le service public, ou indirectement via des capitaux amis, poussé à la faillite ou mis sous pression les médias d’opposition ».
Avant 2010 date du retour d’Orbán au pouvoir, 95% des médias étaient favorables à une coalition alliant anciens communistes, socialistes, verts et libéraux. Il est exact que le Fidesz a aidé à créer un écosystème conservateur dans les médias via une holding privée.
Voir aussi : Jean Quatremer, portrait
Il est aussi exact que la télévision d’État favorise le gouvernement en place. Mais la première télévision privée RTL est ouvertement libérale libertaire comme le sont la majorité des sites internet d’information générale. La liberté de la presse est complète, l’opposition s’exprime sans entraves. La balance entre médias favorables au gouvernement et hostiles se situe quelque part entre 40/60 et 60/40, proche de l’équilibre.
Au total bien plus de pluralisme qu’en France où 90% des médias ont été favorables au président sortant lors du match retour Macron/Marine Le Pen.
Deuxième station, les juges au placard
Verbatim, le pouvoir hongrois a « placé des amis dans les tribunaux (Orbán a révoqué 80% des juges constitutionnels en 2017) ».
Ces juges étaient directement issus du pouvoir communiste en 1990 après les législatures favorables à l’opposition, ils n’ont pas été révoqués mais sont partis plus tôt à la retraite. Et de nombreux juges rouges sont restés en place. La récente affaire György Budaházy (affaire Hunnia) est là pour en témoigner. Gyôrgy Budaházy est un militant nationaliste ayant été condamné pour “terrorisme” (en réalité trois pétards mouillés) et il vient à nouveau d’être jugé et condamné à 17 ans de prison ferme. Cette peine invraisemblable a soulevé l’indignation, Budaházy ayant été condamné non pour son activisme mais pour avoir été trop curieux en regardant d’un peu trop près « l’affaire Sukoro », un gros et douteux projet immobilier et foncier ourdi par les socialistes au bord du lac Velence (entre Budapest et le lac Balaton).
Le Conseil constitutionnel fait volontiers du zèle juridique et a retoqué plusieurs propositions du gouvernement, en particulier lors du dernier référendum sur la protection de l’enfance.
Troisième station, les minorités persécutées
Verbatim, « ces régimes sont allergiques par nature aux minorités, ils se sont attaqués aux droits des LGBTQ+, aux droits des femmes (même si elles ne sont pas «minoritaires»), aux droits de minorités ethniques ou des étrangers ».
La minorité tzigane jouit de programmes particuliers et vote en très grande majorité Orbán. Les minorités linguistiques disposent d’un siège au Parlement, à l’heure actuelle occupé par un représentant de la minorité germanophone. Pour ce qui regarde les LGBTQ+++ il y a nombre de bars et de clubs gays à Budapest. Le dernier référendum sur la protection de l’enfant – approuvé à 90% des votants mais non constitutionnel faute de 50% d’inscrits favorables – visait à protéger les enfants de la propagande LBGTQ+++ pratiquée dans les écoles, rien de plus. Notons que 44% des inscrits ont répondu favorablement, un score qui ferait envie en France.
Quatrième station, un régime électoral sur mesure
Verbatim, le pouvoir a « réformé le système électoral pour s’assurer une majorité confortable ».
Fichtre ! Le système hongrois est mixte ; en simplifiant la moitié des députés sont élus par circonscription à un tour et la moitié sont élus au scrutin de liste avec un minimum de 5% des voix pour disposer d’élus. Ainsi l’opposition avec 34% des voix dispose de 57 sièges sur 199. Dans le système français, le perdant de l’élection présidentielle en 2017 avec 34% des voix se retrouve avec moins de dix députés (sur 577) et dans l’incapacité de former un groupe parlementaire. Élève Quatremer, comme nous sommes bons princes nous considérons que vous avez été mal informé, comme punition vous ferez un voyage obligatoire d’un mois en Hongrie et vous réviserez votre copie en fonction de vos observations de terrain.
Voir aussi : Élections en Hongrie : une analyse sur place des médias locaux pendant la campagne