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Quand l’AFP fait l’apologie des “redskins”

24 juin 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand l’AFP fait l’apologie des “redskins”

Temps de lecture : 3 minutes

Le fil AFP est souvent le fil d’Ariane des journalistes un peu paresseux. Plutôt que d’enquêter il est plus facile de « s’inspirer » de l’AFP en paraphrasant son information voire en la recopiant tout simplement. L’AFP a donc un devoir d’état : apporter une information sincère, non biaisée, qui ne soit pas du commentaire. Ce n’est pas toujours le cas et un papier hallucinant (halluciné ?) de Julie Carnis sur les redskins de Limoges donne dans tous les travers du journalisme de connivence.

Le titre est dra­ma­tique « Limo­ges, les red­skins s’opposent à la mon­tée du néo-nazisme ». Diantre ! Les hordes brunes occu­pent donc la célèbre gare de Limo­ges-Béné­dictins ? Mais décou­vrons ceux qui « résis­tent ». Sym­pa­thiques, vrai­ment. Jeunes « 23 et 24 ans », Jérôme, Jérémy et Théo se retrou­vent dans « un bar tran­quille », « allure sportive », « la tête est froide, les idées sont claires et le débit calme ». Ils « se défend­ent d’obéir à des codes ves­ti­men­taires » mais deux por­tent un polo Fred Per­ry appré­cié des skins des deux bor­ds. Bien que l’un d’entre eux ait un « physique mas­sif » et que les deux aient les bras cou­verts de tatouages « le trio … ne cherche pas for­cé­ment à impres­sion­ner ». Vraiment ?

Le petit groupe est emblé­ma­tique d’une par­en­tèle de rêve (rêvée ?). Un petit fils d’immigrés répub­li­cains espag­nols avec un grand père déporté et en plus « fils de mécano CGT », un « descen­dant d’une famille de résis­tants », et un « enfant d’immigrés ital­iens » au père syn­di­cal­iste. Une image sulpici­enne. Et les grands anciens ! Les « Ardi­ti del popo­lo » de 1921 sont con­vo­qués sans oubli­er l’internationale syn­di­cale rouge. L’aimable trio a une vie nor­male, deux sont chômeurs, le troisième intéri­maire. Ils n’ont pour rai­son d’être que leur « oppo­si­tion à la mon­tée de l’extrême droite ». Ils pro­tè­gent les man­i­fs d’extrême gauche, col­lent et décol­lent des affich­es. Mais ne vous méprenez pas : leur lutte « se joue sur le ter­rain des idées » ! Idées étrange­ment absentes dans leurs pro­pos. Mais gare à la men­ace brune : « si ces groupes devaient accéder au pou­voir, nous sommes pré­parés à entr­er dans la lutte physique ».

Ce « reportage » paraitrait dans Poli­tis, L’Humanité, Libéra­tion ou Rouge il ne serait que con­venu. Sous le fil de l’AFP, il est sim­ple­ment con­ster­nant. Aucune dis­tance avec le sujet. La ques­tion « mais où sont les groupes fas­cistes à Limo­ges » n’est même pas posée. Sans doute parce que ces groupes ne sont que fan­tas­més. Le rôle de l’AFP est-il d’entretenir les fan­tasmes et de les dif­fuser par con­nivence affec­tive ou idéologique ? La réponse est dans l’article.

Voir aussi notre dossier : L’affaire Méric ou le recyclage d’un cadavre

Crédit pho­to : Pas­cal Lachenaud/AFP via lepopulaire.fr (DR)

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