Les droits télévisuels des différentes compétitions sportives atteignent des sommes faramineuses. À titre d’exemple BT (British Television) vient d’acheter les droits de la Champions League européenne (le championnat européen des clubs, remporté par le Real Madrid en 2018) pour trois saisons. Ceci pour la modique somme de 460 millions d’euros par saison. La retransmission de ces compétitions est aussi une affaire diplomatique pour les chaines possédées par des États. C’est ici que les relations exécrables du Qatar et de l’Arabie Saoudite prennent un tour télévisuel.
BeIN Sports, les poches pleines et le vent en poupe
Le Qatar via le PSG en football et à travers d’autres investissements dans ce domaine a privilégié le sport comme moyen d’influence. Propriété du Qatar, BeIN est devenue une des chaines cryptées sportives au programme des plus riches, diffusant dans 43 pays. Elle diffuse notamment la Champions League (voir supra), la Premier League (championnat anglais de football) mais aussi le championnat du monde FIFA de 2018 en Russie, sans compter le championnat mondial de 2022 au Qatar même tout en discutant les droits pour 2026 et 2030. Ces droits couvrent notamment l’Espagne, la France (droits partagés), certains pays d’Asie et la totalité de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Pour cela il faut payer un abonnement à la chaine et disposer de la box adéquate.
L’Arabie Saoudite pirate BeIN
Le Qatar soutient les Frères Musulmans que Ryad abhorre, les saoudiens ont financé les groupes islamistes les plus extrêmes (dont certains se sont retournés contre eux) en partie pour contrebalancer l’influence qatarie, une influence réelle via la chaine en clair Al Jazeera de l’émirat.
Depuis quelques mois, vous ne pouvez plus acheter de box BeIN en Arabie Saoudite, ni payer votre abonnement si vous en avez une. Par contre vous pouvez pour une somme modeste accéder à BeOUT (les saoudiens ont de l’humour) qui retransmet le signal de BeIN avec un délai de dix secondes, délai acceptable pour un match de football. Et cette farce se propage dans toute la zone Moyen Orient Afrique du Nord.
Les qataris protestent : ils dépensent des centaines de millions, voire des milliards, pour obtenir les droits de retransmissions télévisuelles et un plaisantin les diffuse quasi gratuitement. Cela s’appelle une guerre pour la propriété intellectuelle. Imaginez qu’un petit malin diffuse via, par exemple Canal Moins, tous les programmes cryptés de Canal+, cela ferait un beau tintamarre.
Interrogés les managers de BeOUT disent qu’ils sont une société cubano-colombienne, qu’ils respectent les lois de Colombie et de Cuba et qu’ils sont contre les monopoles. Le diffuseur ? C’est Arabsat, la société de diffusion par satellite, dont le premier actionnaire est … l’Arabie Saoudite. Rideau.