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Quand l’Arabie Saoudite pirate une chaine sportive qatarie

30 mai 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand l’Arabie Saoudite pirate une chaine sportive qatarie

Temps de lecture : 3 minutes

Les droits télévisuels des différentes compétitions sportives atteignent des sommes faramineuses. À titre d’exemple BT (British Television) vient d’acheter les droits de la Champions League européenne (le championnat européen des clubs, remporté par le Real Madrid en 2018) pour trois saisons. Ceci pour la modique somme de 460 millions d’euros par saison. La retransmission de ces compétitions est aussi une affaire diplomatique pour les chaines possédées par des États. C’est ici que les relations exécrables du Qatar et de l’Arabie Saoudite prennent un tour télévisuel.

BeIN Sports, les poches pleines et le vent en poupe

Le Qatar via le PSG en foot­ball et à tra­vers d’autres investisse­ments dans ce domaine a priv­ilégié le sport comme moyen d’influence. Pro­priété du Qatar, BeIN est dev­enue une des chaines cryp­tées sportives au pro­gramme des plus rich­es, dif­fu­sant dans 43 pays. Elle dif­fuse notam­ment la Cham­pi­ons League (voir supra), la Pre­mier League (cham­pi­onnat anglais de foot­ball) mais aus­si le cham­pi­onnat du monde FIFA de 2018 en Russie, sans compter le cham­pi­onnat mon­di­al de 2022 au Qatar même tout en dis­cu­tant les droits pour 2026 et 2030. Ces droits cou­vrent notam­ment l’Espagne, la France (droits partagés), cer­tains pays d’Asie et la total­ité de l’Afrique du Nord et du Moyen Ori­ent. Pour cela il faut pay­er un abon­nement à la chaine et dis­pos­er de la box adéquate.

L’Arabie Saoudite pirate BeIN

Le Qatar sou­tient les Frères Musul­mans que Ryad abhorre, les saou­di­ens ont financé les groupes islamistes les plus extrêmes (dont cer­tains se sont retournés con­tre eux) en par­tie pour con­tre­bal­ancer l’influence qatarie, une influ­ence réelle via la chaine en clair Al Jazeera de l’émirat.

Depuis quelques mois, vous ne pou­vez plus acheter de box BeIN en Ara­bie Saou­dite, ni pay­er votre abon­nement si vous en avez une. Par con­tre vous pou­vez pour une somme mod­este accéder à BeOUT (les saou­di­ens ont de l’humour) qui retrans­met le sig­nal de BeIN avec un délai de dix sec­on­des, délai accept­able pour un match de foot­ball. Et cette farce se propage dans toute la zone Moyen Ori­ent Afrique du Nord.

Les qataris protes­tent : ils dépensent des cen­taines de mil­lions, voire des mil­liards, pour obtenir les droits de retrans­mis­sions télévi­suelles et un plaisan­tin les dif­fuse qua­si gra­tu­ite­ment. Cela s’appelle une guerre pour la pro­priété intel­lectuelle. Imag­inez qu’un petit malin dif­fuse via, par exem­ple Canal Moins, tous les pro­grammes cryp­tés de Canal+, cela ferait un beau tintamarre.

Inter­rogés les man­agers de BeOUT dis­ent qu’ils sont une société cubano-colom­bi­enne, qu’ils respectent les lois de Colom­bie et de Cuba et qu’ils sont con­tre les monopoles. Le dif­fuseur ? C’est Arab­sat, la société de dif­fu­sion par satel­lite, dont le pre­mier action­naire est … l’Arabie Saou­dite. Rideau.

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