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Quand le médiateur de Radio France se fait censeur

21 octobre 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand le médiateur de Radio France se fait censeur

Temps de lecture : 3 minutes

Connaissez-vous Bruno Denaes ? Cet obscur journaliste qui a fait une carrière plus marquée par l’administratif que par l’écriture officie depuis mi 2015 comme « médiateur » de Radio France. Un médiateur comme son nom l’indique recueille les réactions des auditeurs et le cas échéant commente et avertit.

L’audace de Claude Askolovitch

Nul ne peut soupçon­ner Claude Askolovitch de penser con­tres les courants dom­i­nants. Récem­ment encore l’Observatoire du jour­nal­isme com­men­tait avec un brin d’ironie son sens de l’à‑propos dans la revue de presse quo­ti­di­enne qu’il réalise à 8h30 sur France Inter. Mais le mal­heureux a franchi un inter­dit le 21 sep­tem­bre 2017.

La sig­na­ture d’Yves de Ker­drel n’apparaissant plus dans Le Figaro, le chroniqueur s’est fondé sur le site fdesouche.com pour révéler que sa mise à l’écart procé­dait d’une volon­té bien cal­culée des respon­s­ables du quo­ti­di­en de ne pas aller trop loin dans l’antimacronisme. Le jour­nal­iste accom­pa­g­nait ces pro­pos d’une courte présen­ta­tion de Fdes­ouche pour les audi­teurs de France Inter qui pour la plu­part ne con­nais­sent pas l’existence de ce site. Ver­ba­tim : « fdes­ouche, c’est un site d’extrême-droite pop­u­laire plutôt spé­cial­isé dans la nar­ra­tion de faits divers qu’il veut attribuer à l’immigration mais le site a des prox­im­ités avec la presse instal­lée et s’est infor­mé à de très bonnes sources ». L’auditeur était mis en garde mais pas assez…

Bruno Denaes réagit et menace

Le lende­main 22 sep­tem­bre tous les jour­nal­istes de Radio France rece­vaient une « remar­que » du médi­a­teur com­mençant par une réac­tion out­ragée qu’il venait de recevoir d’un audi­teur qui avait « fail­li lâch­er son savon » en enten­dant citer fdes­ouche « ce site d’extrême droite régulière­ment au pal­marès des fake news ». Remar­quons au pas­sage que le site agglomère des arti­cles recueil­lis dans les médias dont France Inter… De quoi don­ner des verges pour se faire battre.

Mais il y a mieux et l’administratif de ser­vice ne peut s’empêcher de met­tre son grain de sel en man­i­fes­tant son indig­na­tion en tant que médi­a­teur « j’avoue que je ne com­prends pas non plus qu’on puisse val­oris­er dans une revue de presse un site ouverte­ment iden­ti­taire, extrémiste, intolérant qui crache régulière­ment sa haine sur Radio France ». On peut légitime­ment se deman­der qui crache sa haine en lisant cette dernière phrase. Mais gageons que tous les jour­nal­istes de la radio publique auront com­pris l’avertissement : le prochain qui cite un site « extrémiste » risque un aver­tisse­ment voire sa place. Vous pensez que nous exagérons ? Il y a un précédent.

L’affaire Le Quintrec

En août 1998, un autre auda­cieux, Fab­rice Le Quin­trec, avait été évincé séance ten­ante pour avoir fait une cita­tion d’une durée de six sec­on­des du quo­ti­di­en Présent et il est depuis lors black-listé par son entre­prise mal­gré de nom­breuses vic­toires en jus­tice. Après l’avertissement voilé mais ferme du censeur de ser­vice, Claude Askolovitch et tous les jour­nal­istes de la radio d’État auront com­pris le mes­sage : « je ne veux voir qu’une seule tête, la mienne ». Reste à savoir si, dans le cadre du ser­vice pub­lic de radiod­if­fu­sion et a for­tiori à l’occasion d’une revue de presse, il est du devoir d’un jour­nal­iste pro­fes­sion­nel de traiter l’actualité sans œil­lères ni omer­ta et de pass­er en revue la presse dans son ensem­ble sans exclu­sive. Ce n’est man­i­feste­ment pas l’avis du médi­a­teur de la radio. À cha­cun son métier.

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