L’Observatoire du journalisme vous informe régulièrement des partis pris idéologiques qui transparaissent à longueur d’articles et d’émissions dans les médias de grand chemin. Un autre type de manipulation peut être exercé. Il n’a pas besoin de mots pour diffuser son message : la manipulation par l’image. Ces dernières semaines, Le Courrier international, le Frankfurter Allgemeine Woche et la série Alex Hugo se disputent âprement la palme de la manipulation par l’image. Prêts pour le vote ?
Alex Hugo : un homme armé en vaut deux
Le 11 septembre, la série Alex Hugo est diffusée sur France 2. L’épisode du jour veut coller à l’actualité : on parle migrants, traversée clandestine des Alpes et bébé en danger pour la séquence lacrymale. L’épisode met en scène des militants en tout point semblables à ceux qui ont organisé l’action « Defend europe » au col de l’échelle dans les Alpes. Si les militants identitaires ont mené une action non violente et spectaculaire, à l’image de celles organisées par l’O.N.G. Greenpeace, qui n’hésite pas à s’introduire dans une centrale nucléaire, nos comédiens de choc sont moins pacifiques.
« Ils ont des fusils de chasse et des drones », apprend-on à la 51e minute. Alors qu’Alex Hugo prend la défense d’une migrante qui fuit certainement la dictature italienne, on découvre au détour d’une scène (52emn12) un militant favorable au respect des frontières interprété par un comédien qui porte en bandoulière rien de moins …qu’un fusil !
La communication non verbale par l’image a une efficacité redoutable, les publicitaires en abusent. Plus que de longs discours, on retiendra que les similis militants identitaires sont des factieux armés. Pour quoi faire ? Le doute nous étreint. Cette image choc restera gravée dans l’inconscient et les mémoires. Voir notre article complet sur cette série.
L’AfD : le fusil en embuscade
Deux jours plus tard, c’est Courrier international qui reprend une couverture du journal allemand le Frankfurter Allgemeine Woche. Le journal d’articles de la presse internationale, de préférence de gauche, entend couvrir les très bons résultats du parti Alternativ für Deutschland (AfD) aux dernières élections régionales début septembre.
On peut ne pas partager les orientations politiques de ce parti, mais convenir qu’il adhère pleinement au système démocratique en se présentant aux différentes élections organisées en Allemagne.
L’Allemagne qui selon Courrier international « se radicalise », ce n’est pas celle d’Angela Merkel dont le gouvernement a radicalement et sans aucun contrôle ouvert les frontières à une immigration de masse à partir de 2015. Non ceux qui se radicalisent, ce sont ceux qui prônent le respect des frontières et ne souhaitent pas devenir étrangers dans leur propre pays. Non contents d’avoir ces opinions, la bête immonde semble bouger encore : pour illustrer les bons scores de l’AfD, un dessin représente une famille avec au milieu le père et mari arborant… un fusil.
Que retenir de ce passage d’une série et de cette caricature d’un électeur de l’AfD ?
Comme en politique avec le front républicain visant à établir un cordon sanitaire entre le Rassemblement national et les autres partis politiques, ces représentations nous dessinent en creux les ennemis de la civilisation et de l’humanité. La preuve : ils sont armés, prêts à utiliser leurs fusils pour défendre leur cause. Sans bruit ni grands discours, l’image restera dans les mémoires. Peu importe sa fidélité à la réalité. Il importe avant tout de faire passer un message et de désigner les bons et surtout les mauvais, par surcroit dangereux…