Le 11 octobre 2019, Sonia Devillers invitait deux « journalistes médias » pour son émission l’instant M sur France Inter. Pour répondre à la question : « Mais comment en est-on arrivé là ? » au sujet de la participation d’Éric Zemmour à Face à l’info sur CNews, les deux invités sont Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos. Une occasion pour le camp du bien de dresser une liste d’intellectuels déviants.
L’élément déclencheur de cette émission est l’arrivée d’Éric Zemmour sur CNews, « malgré une condamnation en justice pour des propos déjà tenus dans les médias, malgré aussi l’ultra violence de son propos discours proféré à la Convention de la droite ». Le décor est posé.
François Fillon en amuse-bouche
La première cible – facile – de l’Instant M – est François Fillon qui a récemment accordé une interview « au présentateur vedette de la télévision suisse ». Les contradictions relevées par le journaliste de France inter entre les propos de l’ancien candidat à l’élection présidentielle et ses actes provoquent rires entendus et gloussements de Sonia Devillers. Une façon de mettre tout le monde à l’aise et de poser que l’on est « entre nous ».
Puis c’est le fait que Christine Kelly ait accepté d’animer l’émission à laquelle Éric Zemmour est l’invité permanent sur CNews qui est évoqué. Un réel sujet d’étonnement. Isabelle Roberts mentionne ensuite qu’Éric Zemmour a été viré précédemment d’i>Télé, l’ancêtre de CNews. « Faire revenir Éric Zemmour » sur CNews serait un objectif non pas du directeur de CNews Serge Nedjar mais de Vincent Bolloré himself. Cela constitue-t-il un facteur aggravant sur France Inter ? La question semble préoccuper Sonia Devillers puisqu’elle y reviendra en conclusion.
Sonia Devillers fait une liste des mal pensants
Puis Sonia Devillers lance (17,10e min) « Vous pointez dans vos papiers, Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos, la présence à CNews et à différents lieux de débats de journalistes très très à droite voire à l’extrême droite. On peut les citer, Yvan Rioufol du Figaro, Elizabeth Levy, Gilles-William Goldnadel, Charlotte d’Ornellas de Valeurs actuelles ou encore Gabrielle Cluzel de Boulevard Voltaire. Qu’est-ce qui se passe à CNews ? ».
Raphaël Garrigos rebondit en ajoutant d’autres noms : « on peut ajouter aussi Pascal Praud, Jean-Marc Morandini. Tout le monde parle d’une foxisation de CNews qui se transformerait en Fox News française, la chaine américaine très républicaine. Ça ressemble à une ligne éditoriale ».
Sonia Devillers évoque alors une « schizophrénie totale » avec la présence sur Canal Plus de Mouloud Achour qui s’est présenté à Christophe Castaner « comme musulman, regardez j’ai une barbe », ce qui est une liberté de parole, une France métissée qui s’assume assez rarement sur la télé française ».
Et Raphaël Garrigos d’estimer que « le silence de Maxime Saada, le patron de Canal Plus, n’en est que plus incompréhensible ». Sonia Devillers et Isabelle Roberts concluent sur le rôle prépondérant de Vincent Bolloré dans le choix d’inviter Éric Zemmour sur CNews.
Anormale pluralité
Il ressort de cette émission un profond malaise. Qu’une pluralité de chroniqueurs dans des chaine du groupe Canal Plus existe semble une curiosité pour nos intervenants. A les entendre, on peut se demander s’ils ne considèrent pas cette pluralité comme une anomalie.
Des propos de Sonia Devillers, il ressort qu’il y a d’un côté un point de vue légitime, en faveur de la France métissée, etc. et de l’autre des intervenants illégitimes. Le fait d’énumérer des intervenants « très très à droite voire à l’extrême droite » sur C News provoque une étrange sensation, comme si l’on désignait celles et ceux qui pensent mal. Que C News ait décidé d’inviter des personnalités sortant de l’habituel consensus libéral libertaire semble une insulte au bon goût. A titre d’information pour Sonia Devillers et ses invités, à en juger les scores d’audience de Face à l’info, le public semble ne pas tenir compte de l’opinion de ces directeurs de conscience. Il est vrai que la charmante Sonia semble préférer tourner en circuit (très) fermé.