Le site ultra-sioniste JSS News s’est lancé, depuis quelques jours, dans une « chasse aux nazillons » visant ni plus ni moins qu’à établir des listes de personnes ayant fait le geste de la quenelle dans des endroits symboliques juifs.
Le site, dirigé depuis Israël par le journaliste et homme politique Jonathan-Simon Sellem (JSS) va plus loin : il livre au public les nom, prénom, courriel, compte Facebook et Twitter, et même parfois l’adresse des personnes listées ! Mieux : il les dénonce à leurs employeurs et aux autorités, même si ces personnes vivent à l’étranger…
Problème : dans sa chasse aveugle à ceux qu’il appelle volontiers des « nazillons », JSS News a commis une bourde en publiant à tort les informations de Guillaume Champeau, fondateur du site Numérama, alors que celui-ci n’était pas la personne figurant sur la photo publiée en dessous de son nom et n’a même jamais fait la moindre quenelle.
Dans un article publié à la première personne sur son site, Guillaume Champeau se défend et relève que « la paranoïa conduit à un comportement irresponsable et inacceptable ». Mais pourquoi JSS News l’a‑t-il accusé d’être l’auteur d’un « salut nazi inversé » ? « Je fais partie de ceux (rares, c’est vrai) à avoir publiquement critiqué la censure du spectacle, et avoir surtout modéré les accusations portées contre Dieudonné et son public », explique ce jeune journaliste.
Néanmoins, celui-ci relativise : « J’ai la chance d’avoir une présence en ligne suffisamment forte pour que l’association de mon nom à un listing de prétendus nazis sur un site israélien ne porte pas (pas trop) préjudice à ma réputation. J’ai aussi la chance d’être mon propre employeur, grâce au succès que vous accordez à Numerama, et donc ne pas avoir à craindre qu’un recruteur “googlise” mon nom et croit à ces infamies. » Et de conclure, pour celles et ceux qui n’auraient pas sa chance : « Si j’ai été dénoncé à tort, combien d’autres le sont pour qui le préjudice sera bien plus important ? Combien vont craindre pour leur intégrité physique, à être ainsi dénoncés à la vindicte populaire (que ce soit à tort ou pas, d’ailleurs, peu importe) ? »
De son côté, le site israélien a présenté (tardivement) ses excuses et a assuré qu’il s’agissait d’un homonyme. « Depuis le début de notre chasse aux nazillons, c’est notre première erreur, ce qui fait une marge de 0.50% d’erreur sur un peu plus de 150 personnes identifiées », se justifie-t-il. Une erreur donc, mais qui ne suffira pas à stopper cette vaste campagne de délation qui, selon une formule en vogue parmi ce genre de sites, nous rappelle « les heures les plus sombres de notre histoire ».