Dans Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais, aux éditions La Fabrique, Jean Stern note que le quotidien Libération est contrôlé à 100% par la holding financière SAIP (Société anonyme Investissements Presse), elle-même contrôlée à 94,99% par la holding Refondation dont on ignore qui la possède, les seuls actionnaires identifiés étant Édouard de Rothschild via sa holding personnelle, Financière Jean Goujon (26%) et la famille Caracciolo (22%) qui possède en Italie La Repubblica et L’Espresso.
Logée dans une société de domiciliation au 66, avenue des Champs-Élysées, Refondation affiche un capital de 26 millions d’euros et compte « beaucoup de figures éminentes de la banque Rothschild et Cie » dans son conseil d’administration, rien qui puisse aiguiller l’observateur attentif quant à l’identité du ou des propriétaires des 52% restant. La faute à la holding intermédiaire, SAIP, qui « fait écran entre Refondation et la SARL Libération ». « Même les salariés et les élus (du personnel, ndlr) de Libération ignorent la composition exacte de son capital », s’étonne Jean Stern. Tout juste savent-ils que Pathé, Suez et Bernard-Henri Lévy en sont sortis. L’identité des remplaçants est un mystère. L’ancien journaliste de Libération et de La Tribune cite un élu du personnel : « Refondation, c’est le black-out complet » et résume, affligé : « Voilà donc une holding qui contrôle 94,99% d’un des derniers quotidiens parisiens dans une obscurité à peu près totale. »
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Crédit photo : montage Ojim (cc)