Mediacités est un média d’investigation locale fondé en 2016. S’il se revendique « indépendant », on constate vite une forte présence de la gauche dans ses colonnes.
Des fondateurs issus d’un sérail unique
Mediacités naît de l’idée de sept journalistes : Jacques Trentesaux, aujourd’hui directeur de publication, Yves Adaken, rédacteur en chef Lille, Nicolas Barriquand, rédacteur en chef Lyon, Benjamin Peyrel, Hugo Soutra, Sylvain Morvan et Manola Gardez. Les quatre premiers viennent de L’Express, les deux suivants de La gazette des communes, et la dernière est la seule non-journaliste. Les origines médiatiques de Mediacités permettaient d’imaginer un média qui enquêterait prioritairement sur les grands groupes trop pollueurs et les mouvances peu enclines à accueillir l’immigration à bras ouverts. On ne sera pas déçu.
Mediacités, un titre pleinement inscrit dans la galaxie des médias de gauche
Outre L’Express, Mediacités gravite dans le cercle de L’Humanité, Libération, Le Canard Enchaîné et Médiapart. L’un de ses premiers faits d’armes consiste même à publier une enquête conjointe avec ce dernier titre. Une orientation qu’on ne lui reprochera pas nécessairement, à condition que l’orientation soit assumée. Car elle existe, les articles présents sur son site ne laissent aucune place au doute. Défense des migrants, y compris des faux mineurs isolés, combat pour s’assurer que les éoliennes bénéficient de leurs subventions attribuées, tout y est. Mediacités s’est plus particulièrement spécialisé dans les enquêtes contre les entreprises. Au reste, certaines mettent en danger les riverains, et c’est bien le travail des journalistes que de le montrer. Reste à regretter que peu d’enquêtes soient dédiées à la fraude ou aux subventions abusivement allouées.
Voir aussi : Médiapart, infographie
Un combat pour un journalisme indépendant
Le départ de L’Express de Jacques Trentesaux, Yves Adaken, Nicolas Barriquand, et Benjamin Peyrel se fait juste après le rachat du titre par Patrick Drahi, qui possède également BFMTV, RMC et Libération. Aujourd’hui, Mediacités n’hésite pas à dénoncer L’Express sur certains sujets. Ainsi, le 15 décembre 2023, Antony Torzec, rédacteur en chef Nantes pour Mediacités, mettait en parallèle sur X (ex-Twitter) un « dossier de L’Express acheté par la métropole de Nantes pour une valorisation » du sujet du numérique à Nantes et « 5 longues enquêtes exclusives de Mediacités pour une information indépendante. » Bien sûr, l’indépendance du numéro incriminé n’est pas forcément liée à Patrick Drahi lui-même, puisqu’il s’agit là de l’achat supposé d’un numéro unique par une métropole.
Voir aussi : Patrick Drahi, infographie
L’indépendance des journalistes, un sujet d’aujourd’hui
L’indépendance des médias est un véritable serpent de mer particulièrement prégnant aujourd’hui, alors que la plupart des médias, quel que soit leur support et leur ligne, qu’ils soient nationaux ou régionaux, sont possédés par des milliardaires. Certains appartiennent aux journalistes eux-mêmes, comme Mediapart, lui-même subventionné par Xavier Niel au départ mais le modèle reste rare, notamment parce qu’il met les journaux dans une situation plus instable. Mediapart est sauvé par ses frais d’abonnement élevés, les autres vivent sur les dons, jamais garantis. Mediacités a ainsi lancé une grande campagne d’abonnement et de demande de dons fin 2023. Dans la même logique et de l’autre côté de l’échiquier politique, on se souvient de la campagne « #JeSuisLàPourVA », destinée à obtenir de nouveaux abonnements à Valeurs actuelles. La question reste ouverte. Un milliardaire peut-il manœuvrer les sujets de son média pour qu’il n’aborde pas ses entreprises ou ses amis ? Comment être assuré qu’il ne le fait pas, y compris de façon indirecte ? S’il le fait, comment en être informé et se renseigner sur les sujets bannis ? Quant à Mediacités, s’il n’appartient pas à un milliardaire, il doit beaucoup, vraiment beaucoup à Mediapart. C’est au fond une version locale du média d’Edwy Plenel, aussi bien par les sujets que par la façon dont ils sont abordés.
Comme tous les autres, Mediacités affiche une fausse neutralité
Bien des journalistes aiment se dire neutres et affirmer que jamais, non jamais, ils ne sont influencés par quoi que ce soit. Seuls les guident les faits, sacro-saints faits que seuls les aveugles ne voient pas. De quoi oublier que des faits, il s’en produit des millions en permanence, et que le travail du journaliste est d’abord de les trier, de faire un choix, puis de créer une information. Ce choix ne peut pas être objectif. On choisit de parler (ou ne ne pas parler) de l’agression d’une vieille dame comme on choisit d’enquêter sur une entreprise. Mediacités n’est ni neutre, ni objectif, et au fond, cela n’a pas d’importance, d’autant plus qu’il ne bénéficie pas d’argent public. En réalité, ce que l’on pourrait attendre, ce n’est pas que Mediacités disparaisse ou change, mais qu’un autre Mediacités voit le jour, avec des journalistes issus du Figaro, de Valeurs actuelles et du Journal du dimanche plutôt que de Libération, L’Humanité et L’Express. C’est la pluralité, et non l’objectivité, qui garantit une information exhaustive et fiable.
Voir aussi : Mediacités, l’investigation locale à œillères