Pauvres lecteurs (dont l’auteur de ces lignes fait partie) de Marianne. Pauvres rédacteurs qui rejettent tour à tour chaque solution financière pour un journal en dépôt de bilan virtuel. Après avoir été accueilli comme un sauveur, Jean-Martial Lefranc est congédié des négociations par la société des rédacteurs.
Pierre-Édouard Sterin mis au coin
Le chef d’entreprises, millionnaire catholique, Pierre-Édouard Sterin avait bien donné toutes les garanties à la rédaction : droit de veto sur les nominations clés, charte d’indépendance, comité d’éthique, en veux-tu en voilà, le beurre, l’argent du beurre plus le sourire du crémier, rien n’y a fait. Le profil conservateur du repreneur – qui apportait toutes les garanties financières – a effrayé les rédacteurs ou la majorité d’entre eux qui l’ont brutalement évincé des négociations avec Denis Olivennes, représentant le propriétaire le tchèque Daniel Křetínský.
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Lefranc, le preux chevalier blanc
L’arrivée de Jean-Martial Lefranc à la table des négociations avait été vécue comme providentielle. Exit le vilain investisseur catholique, bienvenue à un entrepreneur certes au profil un peu baroque, associé avec des intérêts étrangers et aux fonds propres plutôt maigres, mais qui permettait de rompre avec le premier investisseur considéré comme diabolique.
Patatras ! Le gentil Jean-Martial a signifié qu’il était moins accommodant que le méchant Pierre-Édouard. Il a indiqué vouloir participer aux conférences de rédaction et mettre son nez dans le « respect de la déontologie journalistique ». Indignation de la société des rédacteurs, menace de grève immédiate, négociations au cimetière. D’autant que certains appuis financiers côté Lefranc se sont évanouis.
Qui voudra remettre au pot pour sauver un journal, certes intéressant mais en déficit perpétuel, de l’ordre de 3M€ par an ? Si les rédacteurs veulent sauvegarder à la fois leur indépendance et leur hebdomadaire, il ne leur reste qu’une solution : empocher les 3M€ que Křetínský est prêt à abandonner pour solde de tout compte, créer une coopérative, y mettre leurs économies, lever des fonds avec des partenaires sur un projet éditorial. À moins d’un miracle avec un oligarque prêt à mettre entre 10 et 20M€ sur une rédaction qui ne veut pas voir une échéance qui se rapproche, celle de la faillite.
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