L’Ojim l’évoquait à l’occasion de son article du 3 avril dernier : récemment épinglés pour cumuler des activités de conseils avec leur emploi de journaliste, cinq employés de France Info font l’objet d’une nouvelle convocation de la part de leur direction, qui souhaite faire toute la lumière sur la compatibilité de cette double activité.
Cinq journalistes de France Info dans le viseur
Celle qui disait en 2020 que « Le service public n’est pas infaillible […] parce qu’il est fait par des humains et non des algorithmes » devrait pouvoir voir son propos bientôt confirmé : Sibyle Veil, PDG de Radio France récemment renouvelée dans ses fonctions, va mettre à l’épreuve l’intégrité morale de ses équipes de France Info. Veil va devoir éclaircir « au cas par cas » la question de savoir si Frédéric Beniada, Emmanuel Cugny, Philippe Duport, Olivier de Lagarde et Emmanuel Langlois ont utilisé leur double casquette au profit d’intérêts particuliers. Convoqués par la direction de la radio pour un entretien disciplinaire qui se tiendra du 11 au 17 avril, ils serviront sans doute d’exemple pour les autres antennes de Radio France.
Une charte pour le salut de la crédibilité de France Info
Ce sera donc à Vincent Giret, directeur de l’information de Radio France, et Michel Casciani, directeur des ressources humaines de la maison ronde, de « revoir les règles existantes et renforcer un certain nombre de principes ». Lancés par le patron de France Info Jean-Philippe Baille sur cette mission, ces deux responsables devront rendre une chartre en ce sens d’ici la fin du mois d’avril, à en croire La Lettre A. On leur proposerait bien la Charte de Déontologie des journalistes qui dispose qu’un « journaliste digne de ce nom […] refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ». Mais Michel Casciani, chargé de « conduire […] le dialogue social au sein de Radio France […] avec l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise », connaît-il sans doute déjà cette émanation du SNJ (Syndicat National des Journalistes). Quoiqu’il en soit, la rédaction de la charte, dépourvue de toute valeur juridiquement contraignante, ne devrait pas effrayer les journalistes concernés. Dans l’entreprise, certains dénoncent d’ailleurs une opération symbolique de la part d’une Sibyle Veil qui fait face, après l’éviction houleuse de Sandrine Treiner à des problèmes de gestion des ressources humaines dont elle se serait sans doute bien passée…
Quelles réponses face au cumul ?
Face au cumul, la précarité du statut du journaliste, que nous avions soulevé ici, demeure l’une des clefs du problème. De tels cumuls d’activité ne serait pas nécessaire si les journalistes étaient décemment payés. Par ailleurs, la réponse de Jean-Philippe Baille, qui a exigé il y a quelques jours de ses cent-soixante journalistes qu’ils transmettent à la direction leurs interventions rémunérées passées et présentes pourraient également constituer une voie de réponse : en connaissant en amont les travaux alternatifs des journalistes, la direction juge du caractère déontologique, ou non, de leur intervention sur tel ou tel domaine à la radio. Car pour l’heure, alors que Sibyle Veil annonce s’être donnée pour rôle de « proposer une alternative » aux « fake news » et aux photos et vidéos manipulés, l’existence supposée de contenus influencés sur les antennes de Radio France créée un certain malaise à la maison ronde.