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Raphaël Arnault, l’antifa fiché S chouchou des médias

18 juillet 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Raphaël Arnault, l’antifa fiché S chouchou des médias

Temps de lecture : 4 minutes

La campagne des élections législatives était une occasion de plus de voir si la défiance croissante des Français à l’égard des médias de grand chemin était fondée. Le cas de Raphaël Arnault a prouvé, si cela était nécessaire, que cette défiance est justifiée et n’est pas près de décroître.

Vl’à la Jeune Garde !

Rap­pelons le con­texte. Le 8 juin 2024, Emmanuel Macron sur­prend tout le monde et annonce la dis­so­lu­tion. En réac­tion, la gauche se met en ordre de bataille autour du Nou­veau Front Pop­u­laire et racle les fonds de tiroirs pour trou­ver des can­di­dats à inve­stir. Par­mi ceux-là fig­ure Raphaël Arnault, para­chuté à Avi­gnon. Or, Raphaël Arnault n’est pas n’importe qui. Il est le porte-parole de la Jeune Garde, un groupe antifa qui emploie la vio­lence cou­tu­mière à ces grou­pus­cules. Pour illus­tr­er leur méth­ode, citons l’exemple du feu de Saint-Jean organ­isé par l’Action française en 2022 où, en pleine nuit, des antifas avaient sur­gi dans la nuit pour atta­quer – par­fois avec des armes blanch­es – les « fachos » qui dor­maient là. Ils avaient égale­ment visé les filles présentes.

Violences en réunion et une balle dans la tête

Con­cer­nant la Jeune Garde les affaires comme celle-ci ne man­quent pas. En juil­let 2024, huit mil­i­tants de ce groupe sont mis en exa­m­en pour vio­lence en réu­nion après avoir agressé un mem­bre de la ligue de défense juive. Raphaël Arnault trim­balle ses casseroles. Il y a quelques mois déjà, nous nous étions attardés sur le rap­port très orig­i­nal qu’entretient le nou­veau député avec la vérité. Le 18 févri­er 2022, il a égale­ment été con­damné à qua­tre mois de prison avec sur­sis pour des vio­lences en réu­nion, déci­sion pour laque­lle il a fait appel. Raphaël Arnault a égale­ment trois fich­es S sur le dos en lien avec ses activ­ités mil­i­tantes. Enfin, rap­pelons qu’il a égale­ment men­acé Alice Cordier, prési­dente du col­lec­tif Némé­sis, de lui « met­tre une balle dans la tête ».

Unjeune homme serein et sourire aux lèvres

Voilà un dossier bien gar­ni et qui aurait dû intéress­er les jour­nal­istes, surtout lorsque l’intéressé rejoint le palais Bour­bon. Hélas, entre euphémismes et rap­pels juridiques, la presse sem­ble met­tre sous le bois­seau le passé d’Arnault. L’une des choses qui est rap­pelé par Le Monde, France Info ou Libéra­tion, c’est que la fiche S n’est pas un critère d’inéligibilité. Le deux­ième élé­ment que rap­pelle avec force Sud-Ouest c’est que Raphaël Arnault est pré­sumé inno­cent par rap­port à sa con­damna­tion de févri­er 2022. Effec­tive­ment, ayant fait appel, il reste pré­sumé inno­cent. Enfin, l’ensemble des médias nuan­cent la vio­lence de la Jeune garde et gob­ent bien volon­tiers le nar­ratif servi par Arnault, qui racon­te ne pas être l’image de son mil­i­tan­tisme. Ain­si France Info le décrit comme « un jeune homme de 29 ans sere­in et sourire aux lèvres », un gen­dre idéal en somme, tan­dis que Sud-Ouest revient vague­ment sur des faits de vio­lence tout en met­tant en avant l’affaire Méric.

Le deux poids deux mesures habituel

Fon­cière­ment, les argu­ments juridiques sont valides et on pou­vait s’attendre à ce qu’Arnault cherche à liss­er son image. Cepen­dant, le com­porte­ment des médias choque quand on le com­pare au traite­ment des dites « bre­bis galeuses » du Rassem­ble­ment nation­al dans la même péri­ode. Durant une semaine, la presse est restée en boucle sur une femme por­tant une cas­quette nazie ou sur une autre ayant voulu nier son racisme en indi­quant avoir un oph­tal­mo juif. Si porter une cas­quette nazie n’est franche­ment pas malin, il n’y a, juridique­ment, rien de con­damnable. Aucune vio­lence physique, aucune men­ace, rien de com­pa­ra­ble à Arnault. De la même manière, la ques­tion du racisme dont on a voulu se jus­ti­fi­er la can­di­date ayant son oph­tal­mo juif est une ques­tion piège. Si elle ne répond pas on dira qu’elle est raciste, si elle répond à côté on dira qu’elle dis­simule ses idées et donc qu’elle est raciste. Aucun de ces faits n’a la même ampleur que le dossier Arnault. Pour­tant c’est bien sur ces fauss­es « bre­bis galeuses » que les médias ont glosé durant une semaine.

Nos lecteurs réguliers ne seront pas sur­pris de cette dis­pro­por­tion ; elle est habituelle. Ils ne seront donc pas sur­pris quand France 2 fera un nou­veau Com­plé­ment d’enquête sur le RN où, en extrap­olant le cas de quelques can­di­dats, le ser­vice pub­lic renchéri­ra sur le fond « nauséabond » des idées du Rassem­ble­ment national.