La transparente ministre de la culture Françoise Nyssen montre parfois les dents. Comme par exemple le 4 juin 2018 où, présentant sa réforme de l’audio-visuel public, elle annonce vouloir un média engagé pour changer les mentalités (sic). On connaît moins son opinion sur la réforme du désastreux CSA.
Une institution politique
Dans sa page d’accueil le CSA définit ainsi sa mission : Le conseil supérieur de l’audiovisuel garantit l’exercice de la liberté de communication audiovisuelle dans les conditions définies par la loi. Comme la CNIL, le CSA est une Autorité Publique Indépendante (API). Depuis la loi de 2013 le CSA nomme les présidents des sociétés de l’audiovisuel public (il avait perdu ce pouvoir en 2009).
Trois membres sont nommés par le Président du Sénat, trois par le Président de l’Assemblée Nationale, le Président du CSA est nommé par le Président de la République. Logiquement François Hollande a usé de cette prérogative pour nommer en 2013 Olivier Schrameck, ancien directeur du cabinet de Lionel Jospin. Schrameck fera engager en 2015 à France Télévisions comme numéro 2 de l’information, Germain Dagognet, ancien chargé de communication de… Lionel Jospin. Notons qu’aucun représentant des usagers n’a été nommé au CSA, les postes ont toujours été réservés aux journalistes et aux fonctionnaires.
Du partial et du flou
Dès 2014, le CSA souhaitait pouvoir faire la police sur Internet. Reniant sa mission de protection des libertés, l’institution se préparait à un rôle de censeur. Ses vœux ont été plus que comblés avec les interventions de la Dilcrah et les censures de Facebook sur les pages des Identitaires (voir le point de vue du politologue Dominique Reynié) et la suppression de la chaine YouTube (Google) de TV Libertés en juin 2018. Ceci parmi bien d’autres exemples où le CSA est resté muet.
Le CSA « nomme les présidents de chaînes » mais les amicales sollicitations du pouvoir ne sont pas – comment le seraient elles ? – mises de côté. Jean-Marie Cavada ancien président de Radio France et soutien du candidat Emmanuel Macron a lancé quelques pistes dans une tribune du Monde du 4 juin 2018. Il propose que le CSA reste régulateur mais que les présidents des chaines soient nommés par les conseils d’administration de chacune. Un vœu pieux qui dépouille l’État qui finance de son pouvoir. Il serait plus sain que l’État nomme directement les présidents plutôt que d’intriguer dans la coulisse. Si Sibyle Veil a été élue à la tête de Radio France c’est bien parce que Matthieu Gallet était tombé en disgrâce du côté du nouveau Président de la république.
Par contre la suggestion de Cavada de fusionner le CSA et l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes est intéressante. Ajoutons que des représentants des usagers de l’audiovisuel public devraient être nommés, l’Observatoire du journalisme se sent tout à fait légitime pour ce rôle. Madame Françoise Nyssen, certainement pluraliste dans l’âme, trouverait là un contrepoids au politiquement correct qui règne sur les chaines du service public.