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Claude Chollet
Observatoire du journalisme (Ojim)
Président
La censure comme standard : Facebook et les GAFAM
Devenus omniprésents dans nos usages quotidiens, les GAFAM sont désormais incontournables. Plus le temps passe, plus leur influence s’étend et touche des secteurs variés incluant celui des médias. Les réseaux sociaux, largement produits par eux, sont – ou plutôt, étaient – des espaces où la diversité des opinions peut (pouvait) se confronter. Mais les réseaux sociaux tombent eux aussi sous le joug de la censure, les fameux « standards de la communauté », et se transforment en censure comme standard. Facebook excelle dans cet exercice. Ce dossier propose un détour en trois parties sur la fabrique de la censure par le réseau tout puissant de Zuckerberg. Une censure devenue institutionnelle, partout, tout le temps, et qui se généralise aux autres réseaux sociaux comme Twitter.
Première partie : la censure institutionnalisée
La pratique de la censure par Facebook ne se fait plus de manière dissimulée ou désorganisée : elle découle d’une volonté institutionnelle du réseau. Le Conseil de surveillance de Facebook lancé en janvier 2020 en est une belle illustration. Au-delà des mesures internes à l’entreprise, en France, la censure est soutenue par des mesures émanant de l’État comme l’a démontré le funeste projet de loi Avia dont le vote date aussi de 2020, une loi retoquée par le Conseil constitutionnel mais qui, sortie par la porte, reviendra sans doute par la fenêtre.
Le conseil de surveillance de Facebook
Avant la création de son Conseil de surveillance, Facebook employait déjà une armée de 20 000 « modérateurs », généralement sous-traités, qui travaillent 24 heures sur 24 pour vérifier que vos publications ne vont pas à l’encontre des fameux « standards de la communauté », sans compter l’aide de l’intelligence artificielle. Insuffisante pour faire régner l’ordre sur le réseau, cette armée est accompagnée (chapeautée ?) d’un Conseil Suprême depuis le début de l’année 2020, le « Conseil de surveillance ». Créé dans le but de prendre les « décisions les plus complexes et les plus importantes sur le contenu présent sur les plateformes ».
Responsable de la fameuse « modération de contenu », cette structure est aussi inquiétante par sa mission que par sa composition. Sur la vingtaine de premiers membres du Conseil, deux (Afia Asantewaa Asare-Kyei et András Sajó) sont des cadres de structures initiées par le milliardaire George Soros. A leurs côtés, une enquête menée par Sharyl Attkisson de RealClearPolitics a montré que 16 autres membres (sur 20 !) « ont collaboré avec ou sont liés à des groupes » qui ont reçu un financement des fondations Open Society de Soros. Cet élément n’est pas isolé, Tawakkol Karman appartient à la mouvance islamiste au Yémen, d’autres sont des militants progressistes affichés. Comme Emi Palmor qui a été nommée par la gauche, en 2014, directrice générale du ministère de la justice israélien, ou Pamela Karman qui a été qualifiée en 2009 par le New York Times, « de championne des droits homosexuels, de grande défenseure des droits des criminels et des droits de vote ». Pour ce qui est de la branche française de Facebook, Laurent Solly (ex Sarko boy), directeur général de l’entreprise pour la France, a fait part de son soutien à la politique de censure en se félicitant publiquement des « progrès qui ont été faits pour lutter contre les contenus nuisibles, de haine » et rappelant « l’investissement considérable au cours des deux dernières années, de plusieurs milliards de dollars », fait par le réseau social pour soutenir cette dynamique. Pour la loi Avia, il avait estimé que le délai de 24 heures n’était pas « le meilleur indicateur » et espérait la disparition des contenus dans des délais plus brefs.
L’État français en renfort
La loi Avia, discutée depuis 2019, votée en mai 2020, puis retoquée, voulait valider les pulsions facebookiennes de contrôle de la liberté d’expression. Le gouvernement français et ses instances ont toujours été exemplaires en la matière comme en témoigne le nombre de demandes de suppression de posts et commentaires sur Facebook. De 2013 à 2018, la France était le deuxième pays le plus actif dans le domaine durant cette période (Chine et États-Unis étant hors classement). Une bonne partie des requêtes concernait des demandes de retrait des images de corps des victimes des attentats de 2015.
Le projet de loi Avia représentait une nouvelle étape importante dans cette tendance de fond. Cette loi, dont le but est de « combattre la haine sur internet », permettait de soutenir officiellement la censure sur les réseaux sociaux et de la rendre obligatoire.
La censure devait intervenir en moins de 24 heures pour tout ce qui rentre dans la définition très large des « discours de haine ». Facebook n’en demandait pas plus pour renforcer son zèle de censeur. Le Conseil constitutionnel est venu mettre le holà sur cette entente croissante entre l’État et le réseau social, en ne jugeant pas compatible avec la liberté d’expression l’obligation de retirer les contenus dans un délai aussi court et sans l’intervention d’un juge. Mais le gouvernement n’a pas dit son dernier mot comme en témoignent les déclarations faites suite à l’attentat islamiste dont a été victime Samuel Paty, décapité en octobre 2020. Membres ou soutiens du gouvernement, Cédric O, Gabriel Attal, Marlène Schiappa, Laetitia Avia et consorts ont accusé les réseaux sociaux d’avoir joué un rôle dans cet événement, laissant présager de nouvelles pulsions de législation.
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