Invité lundi matin sur RMC au lendemain du premier tour des élections régionales, Christian Estrosi a accusé la station d’avoir favorisé le Front National. Les chiffres publiés par la station montrent pourtant l’inverse.
Le ton est très vite monté entre le candidat LR en PACA et Jean-Jacques Bourdin lorsque ce dernier lui a demandé s’il souhaitait débattre avec son opposante, Marion Maréchal-Le Pen, sur les ondes de RMC. « Vous m’avez posé la question au mois de juin, je vous ai répondu oui et Mme Le Pen a refusé. Vous ne pouvez pas me dire le contraire. Alors je ne réponds pas aux convocations de Mme Le Pen », a alors répondu Estrosi.
« Ce n’est pas une convocation de Mme Le Pen, c’est une invitation de ma part », a rétorqué Bourdin. Continuant sur sa lancée, l’ancien ministre a affirmé qu’il y a quatre jours de cela, c’est le directeur de la communication de la candidate frontiste qu’il l’a appelé pour lui dire : « Nous vous demandons que ce soit sur RMC et sur BFMTV que nous fassions un débat de deuxième tour. » Et Christian Estrosi de s’étonner « que ce ne soit formulé, non pas par vous mais par votre intermédiaire ».
Agacé, Jean-Jacques Bourdin a alors menacé de rendre publics « tous les messages » qu’il a envoyé au maire de Nice, qualifiant ses déclarations de « mensonge ». Mais pour Estrosi, BFMTV-RMC reste « la chaîne qui a soutenu le Front National de manière honteuse ». « Vous voulez que je décompte les minutes que vous leur avez accordées par rapport à ma candidature ? Vous voulez que je les décompte ? Eh bien on va les décomptez, je vais les décompter », s’est-il ensuite emporté.
Avant de couper court à cette conversation houleuse, M. Bourdin a rappelé que « le CSA veille scrupuleusement à l’équité du temps de parole ». Souhaitant « rétablir certaines vérités » et répondre à ces « accusations sans fondement », le présentateur est revenu une demi-heure plus tard sur cet échange, expliquant que son émission avait reçu chaque candidat deux fois. « Deux partout. Alors il faut arrêter de dire des mensonges », a‑t-il conclu.
Or il se trouve que le décompte réclamé par monsieur Estrosi existe… et qu’il contredit totalement son affirmation. Dans la soirée, BFMTV a en effet publié un article démontrant que le CSA veillait bien à l’application des règles du pluralisme politique. « L’équité des temps de parole en période électorale tient compte des résultats aux précédentes élections, de l’implication du candidat ou du parti dans la campagne, c’est-à-dire la “dynamique” de campagne et, dans une moindre mesure, des sondages d’opinion », peut-on lire.
Ainsi, toutes les interventions à l’antenne sont décomptées, « jour et nuit », puis envoyées par relevés chaque semaine au CSA. « À la fin de la campagne, le CSA analyse les chiffres et publie son appréciation », note Maxime Daridan, chef des informations et responsable du pluralisme pour BFMTV, RMC et BFM Business.
Bilan chiffré : au niveau national le PS a eu 30,49% de temps de parole sur BFMTV, Les Républicains 28,30%, le FN 13,74% et EELV 6,26%. Concernant la région PACA, où se présente M. Estrosi, largement distancé au premier tour par Marion Maréchal-Le Pen, la liste PS a eu 36,83% de temps de parole, la liste LR-UDI 34,02%, la liste FN 17,80% et la liste EELV-FG 4,10%.
Ces chiffres démontrent ainsi que c’est bel et bien le PS et LR qui ont été favorisé d’un point de vue du temps de parole, et non le FN. Christian Estrosi devra sans doute trouver d’autres explications à son échec pour préparer le second tour.
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