Le Média a déjà vécu une vie tumultueuse. Faux nez de la LFI ou média indépendant, influence officielle et officieuse de Sophia Chikirou, très proche de Jean-Luc Mélenchon. Accusations de malversations financières, procès, licenciement de la première rédactrice en chef, arrivée d’Aude Lancelin, départ fracassant de cette dernière. Un article très informé de Justine Brabant (et peut-être un peu à charge contre Aude Lancelin) d’@rrêt-sur-images (ASI) du 26 juin 2019 dévoile le dessous des cartes. Ambiance de « franche camaraderie » garantie.
Règlement de comptes à OK bobo-gaucho
C’est bien connu, la gauche c’est avant tout l’amour, l’ouverture à l’autre (Big Other a remplacé Big Brother), le partage, l’égalité, la fraternité, le refus de l’autorité etc. Sur un plan théorique bien entendu, la réalité n’a rien à voir, mais aucune importance pour des milieux qui pratiquent au quotidien le « faites ce que je dis, mais ne faites surtout pas ce que je fais ».
Aude Lancelin se défend
Convoquée pour un entretien de licenciement un lundi de Pentecôte (sic) dans des bureaux vides comme dans n’importe quelle multinationale de grand chemin, Aude Lancelin voit là une volonté de « briser des gens qui ont donné leur vie à une entreprise ». Chargée de tous les maux, « Al Capone est un nain à côté de l’ancienne présidente du Média que je suis », elle a été « salie, prise en chasse, diffamée… licenciée avec une violence barbare ».
Nouvelle victime d’une chasse aux sorcières « à une autre époque on m’aurait sans doute brûlée ». On voit en creux le portrait de Denis Robert qui l’a licenciée en la privant de toute indemnité (re sic) et lui a succédé. Et alors que le Média commençait à connaître le succès avec une couverture très complète et professionnelle des manifestations des gilets jaunes
Certains salariés se rebiffent
Son de cloche très différent d’une partie des salariés non reconduits à leur poste par Aude Lancelin et dont certains ont ensuite été réembauchés par la nouvelle direction. Chacun connaît la richesse du vocabulaire du capitaine Haddock dans Tintin, plusieurs dictionnaires sont parus sur le sujet. Sous toute réserve, (nous ne faisons que reprendre les termes d’ASI) nous livrons un florilège de qualificatifs qui auraient été décernés par Aude Lancelin à une partie de sa rédaction et rapportés par celle-ci, accrochez-vous « Enflure, ordures, nuls, nuisibles, bon à rien, lamentable, mec pitoyable cervelles de moineaux, planche pourrie, gros glandeur, grosse feignasse, quelle merde, le gros, thon ». Le match Haddock/Lancelin semble équilibré avec un léger avantage à cette dernière.
Certains salariés parlent de « harcèlement, humiliation » de « relations malsaines, mélange permanent entre affect et travail, chantage affectif ». Quand un journaliste ne voit pas son CDD renouvelé il crée une section SNJ-CGT au grand dam de la direction, d’autres se mettent en arrêt maladie, on se croirait à France télécoms à la grande époque des suicides récurrents.
De quoi provoquer une certaine irritation d’Aude Lancelin vis-à-vis de ses collaborateurs « Je ne peux plus les supporter. Tous. Leurs blagues de merde. Leur médiocrité. Je les hais maintenant ». Lancelin répond à ces attaques en qualifiant « ces propos diffamatoires d’un quarteron de personnages qui a maintenant repris les commandes du Média, et qui non contents de m’avoir licenciée abusivement, veut m’empêcher d’apporter ma contribution à la liberté de l’information en France en fondant avec d’autres journalistes le média « Quartier général ». Fraternité un jour, fraternité toujours.
Naissance du Quartier Général
QG, tel sera le nom du nouveau média lancé par Aude Lancelin pour « accompagner et inspirer les combats des lanceurs d’alerte, du peuple qui s’est mis debout à l’hiver 2018 et de tous ceux qui ne trouvent pas de relais aujourd’hui dans les médias traditionnels » (entretien avec ASI du 18 juin 2019). Une levée participative de fonds avait permis de recueillir un peu moins de 50K€ début juillet 2019. Un nouvel outil médiatique, sans doute dans une ambiance militante, jouissive et festive pour « faire société », comme la vie du Média le prouve depuis ses débuts.