Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft ; nolens volens ils investissent nos vies quotidiennes, Ils fournissent une partie croissante de nos informations, de notre équipement digital, de nos vidéos, de nos approvisionnements mêmes. Et en même temps ils filtrent ce qui est contraire aux intérêts matériels et moraux du monde libéral libertaire américain ou américanomorphe. Une étude du centre d’analyse et de prospective (CAP, lié à l’ISSEP) de Marion Maréchal tente une analyse et fait des propositions.
Le cyberespace est une donnée géopolitique
En une phrase, une citation de Pierre Bellanger, président de Skyrock pose le problème :
« L’internet est une extension virtuelle des États-Unis sous leur domination absolue : la loi régit le comportement dans le monde physique ; le code dans le monde virtuel, détermine l’existence même ».
Cette domination entraîne ipso facto un pourvoir de censure représentant une menace pour la démocratie et la liberté d’expression. Manipulation des données personnelles, suppressions de comptes (ceux de Donald Trump et tant d’autres), avertissements, mises en garde suivant le contenu des messages, sont autant de risques de privatisation des fonctions régaliennes.
Voir aussi : Menaces présentes et futures sur la liberté d’expression, les GAFA en première ligne
Quels outils de régulation ?
La piste fiscale est un serpent de mer dont la tête émerge régulièrement ; les GAFAM sont des champions de l’évasion fiscale, mais une application mondiale implique un droit fiscal lui aussi mondialisé qui restreint la position régalienne des États. Sans abandonner cette piste, plus rapide et plus efficace pourrait être une politique de protection des données avec sanctions pénales et monétaires sans oublier l’obligation de stocker les données relatives à l’Europe sur son territoire.
La recherche de l’autonomie stratégique de l’Europe doit être poursuivie pour développer une souveraineté numérique de l’Europe. Dans ce contexte, le déploiement de la 5G représente une opportunité de développer des champions européens face aux tentations hégémoniques des américains et des chinois.
Une application stricte du droit de la concurrence permettrait de lutter efficacement contre une situation de quasi-monopole. Certaines propositions de la Commission Européenne vont dans ce sens, sans oublier une attention portée aux politiques agressives de lobbying des GAFAM en France comme à Bruxelles. Les pantouflages de la fonction publique vers le club des cinq américains sont explicites. Les exemples récents de Julie Lavet ou de Alice Garza rejoignant Apple ou Twitter ne sont que l’écume. Le plus significatif est celui de Laurent Solly, ex Sarko boy devenu “ministre de l’information” de Facebook en France.
Au total cette riche étude, argumentée, pose des bases juridiques et économiques d’une indépendance européenne, sans éluder le principal obstacle : la volonté politique.
Voir aussi : L’influence sur internet : 1993/2020
GAFAM contre États, manuel de régulation des géants du Net, étude de cas de l’ISSEP, septembre 2021, 76 p., 12 €, [email protected]