Les relations sont souvent délicates dans le monde de la presse en ce qui concerne la distribution. Les intérêts des magazines (pour l’essentiel distribués par MLP) ne sont pas ceux de la presse quotidienne nationale (distribuée par France Messagerie, successeur de feu Presstalis) ou de la presse quotidienne régionale (qui a pour l’essentiel son propre système de distribution).
Moins de papier, plus de numérique, mort des kiosquiers ?
Ce n’est pas une nouvelle fraîche, si le papier n’est pas amené à disparaître, il a du plomb dans l’aile. Des journaux comme Le Monde, Le Figaro ont maintenant plus d’abonnés digitaux que d’abonnés papier ou d’acheteurs au numéro. Des magazines comme L’Express, L’Obs, sont devenus squelettiques en kiosques. Des quotidiens comme Le Parisien ou L’Équipe, très en retard sur le digital, se débattent dans de graves difficultés. Ce qui n’arrange pas les affaires des kiosquiers. Sans compter la concurrence de la grande distribution avec son comptoir presse.
Bonbons, esquimaux, chocolats
C’est ce que chantonnaient – dans un autre temps — les ouvreuses de cinéma à l’entracte. C’est ce que pourraient chanter L’Equipe et Aujourd’hui en France (tous deux en retard sur le digital voir supra) en se faisant diffuser dans les épiceries, boulangeries, peut-être les bureaux de tabac.
Pire, les titres franchissent le rideau de fer qui séparait PQN et PQR. L’Equipe s’accoquine avec Nice Matin et Aujourd’hui en France avec La Dépêche du Midi pour se faire distribuer dans certains points de ventes de petits commerces, autant de moins pour les kiosques.
Le syndicat des kiosquiers, Culture Presse, dénonce vigoureusement une concurrence déloyale. France Messagerie en théorie en position de monopole sur la distribution de la PQN a le derrière entre deux chaises. Son directeur général proteste pour la forme mais son président Louis Dreyfus est aussi président du directoire du Monde où l’actionnaire de référence est Xavier Niel lui-même actionnaire de référence de Nice-Matin. Détail piquant le propriétaire d’ Aujourd’hui en France, Bernard Arnault est le beau-père à le ville du même Xavier Niel… Ce qui est présenté comme un test pourrait faire tache d’huile et les magazines pourraient être tentés à leur tour par une présence dans l’épicerie de Pleumeur-Bodou et la boulangerie de Carpentras. Toujours au détriment des kiosques.
Voir aussi notre article “Les magazines continuent de financer les quotidiens nationaux”.