Ils ont décidé de se lancer dans la grande aventure de la création de médias, à l’heure même où la presse papier connaît une épouvantable décroissance et où les contenus gratuits en ligne explosent : de Tocsin à Épopée en passant par la radio de KTO, tour d’horizon de ces nouveaux médias de la rentrée.
Une radio pour KTO
Radio Notre-Dame et RCF ne suffisaient pas : le 4 septembre, KTO se lançait dans le format radiophonique, avec une radio de « qualité numérique avec la technologie DAB+ ». Matinales, directs partagés avec la chaîne de télévision, émissions, programmes de partenaires : telles sont les grandes lignes tracées par KTO Radio. « La ligne éditoriale de KTO Radio est celle de KTO TV, a expliqué Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de KTO. [Elle] repose donc sur ses 3 piliers : accompagner la vie de prière, donner des éclairages sur les questions de fond, donner à voir la diversité des formes d’engagement. » La radio exemptera ses auditeurs des flash info toutes les heures, considérant nécessaire « de s’extraire du stress quotidien ». Se disant « au service du Bien Commun, dans un contexte de dissolution du lien civique, du tissu social », aspirant à « continuer à agrandir notre audience pour faire rayonner au maximum l’Évangile à travers l’offre de nos programmes », KTO Radio devra, pour exister, se distinguer de Radio Notre Dame – dont l’une des missions, assez similaire, est « la transmission de la foi en participant à la nouvelle évangélisation ». Elle part avec un handicap de taille : elle ne dispose pas de fréquence.
Clémence Houdiakova : de Radio Courtoisie à Tocsin média
Le 4 septembre, c’était aussi la rentrée de Tocsin, la nouvelle Web Radio lancée par Clémence Houdiakova. Passée par Sud Radio et Radio Courtoisie, cette journaliste de qualité a quitté la radio FM pour un « petit média […] souple […] qui permet d’aller sur le terrain ». Comme elle l’a confié à TV Libertés : « L’idée c’est [de faire] un peu de terrain pour rencontrer les Français qui ne se reconnaissent plus dans les médias ». Aspirant à proposer un nouveau média de réinformation, elle ne s’inquiète pas de la concurrence, soulignant que la multiplication des instruments de réinformation constitue une perspective réjouissante. Concernant le nom alarmiste de son média, Houdiakova se veut positive : « [le nom de] Tocsin est éminemment positif, porteur d’espoir. […] On peut se rassembler pour faire front à l’ennemi ». Avec une ligne « souverainiste et réaliste », cette Web radio aura vraisemblablement des difficultés à exister : adoptant une ligne extrêmement proche de celle de Radio Courtoisie, dont il faut rappeler que le slogan était par le passé « la radio du « pays réel et de la francophonie » (donc pas très éloigné de la formule « réaliste et souverainiste »), cette Web radio ne bénéficiera pas d’une bande FM ni du DAB +. Il faudra donc à Clémence Houdiakova compter sur une audience appuyée sur son nom, pari difficile en dépit d’une vraie réussite sur les ondes de Radio Courtoisie.
« L’Épopée » Le Pen
Plateforme de vidéos plus que véritable média, L’Épopée que lance Romain Maréchal, frère de Marion Maréchal, entend faire la promotion du patrimoine culturel français. L’ambition de ce « Netflix de droite » est, selon La Lettre A, de se faire l’écho des « témoins d’une révolution silencieuse, celle d’une jeunesse française qui s’engage pour défendre notre civilisation ». Sans expérience dans ce domaine, le petit-fils de Jean-Marie Le Pen, qui aurait fait un passage professionnel dans le business familial immobilier dans l’ouest parisien, n’a a priori pas trouvé de mécène auprès de Laurent Meeschaert, généreux donateur d’un Incorrect sous perfusion et de l’ISSEP, l’école qu’a ouvert sa sœur. Pierre-Edouard Stérin, le père de la smartbox et mécène généreux des sphères conservatrices, aurait également refusé de financer le projet. Pour l’heure, l’entourage de Romain Maréchal se compose de peu d’experts en matière de plateformes vidéo : du directeur général de l’Ordre de Malte à l’avocat Adrien Abauzit, on peine à comprendre le plan d’action de cette entreprise dont on se demande comment elle pourrait vivre plus de quelques mois.
Embouteillage médiatique à droite
Factuel Média qui visait les 25 000 abonnés en est très loin et sa pérennité pas encore assurée en dépit du patronage de l’iconique Christine Kelly. Mais classer à droite ce nouveau média est peut-être une erreur et les articles publiés à ce jour sont neutres et professionnels. La concurrence est ailleurs sur les plateformes classiques et sur les fils d’actualité ; on peut compter sur l’entregent de son fondateur Stéphane Simon pour forcer le destin et réussir là où tant d’autres ont échoué.
Au milieu de toutes ces innovations, une constatation : se faire un nom en dehors des médias déjà installés est compliqué même avec des contenus innovants ou alternatifs. Il y faut du talent, des collaborateurs un peu aguerris… et pas mal de moyens. Nous y reviendrons dans un prochain article.